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La Izquierda Diario
22 de octobre de 2021 Twitter Faceboock

Drapeau rouge
Pas de drapeaux tricolores au meeting d’Anasse : notre drapeau a toujours été internationaliste !
Nathan Deas

Sous prétexte de l’absence de drapeaux tricolores lors du meeting de lancement de la campagne Anasse Kazib 2022, l’extrême-droite, sur les réseaux sociaux, a été à l’initiative d’une ignoble offensive raciste contre le cheminot candidat aux présidentielles. Une polémique sur l’absence de drapeaux tricolore qui a été reprise jusqu’aux « polémiqueurs » de TPMP semblant découvrir qu’à l’extrême-gauche, autant pour le NPA que pour LO, notre drapeau … est internationaliste, et c’est le rouge !

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Après l’éclatante réussite du meeting de lancement de la campagne d’Anasse Kazib mercredi soir, l’extrême-droite s’est activée à déverser sa haine en appelant, en tendance Twitter, à la « rémigration » du cheminot candidat à la présidentielle. A leur suite, le torchon Valeurs actuelles publiait un article pour dénoncer le fait qu’« aucun drapeau tricolore n’ait été visible dans cette salle ».

A l’origine de cette nouvelle démonstration de la haine raciste et du profond mépris de classe de l’extrême droite, c’est l’absence de drapeau français dans la salle qui a servi de prétexte à des nazillons en manque de « bleu, blanc, rouge ». Et si parmi eux, quelques dizaines se sont retweetés jusqu’à l’indigestion, à l’ombre du drapeau tricolore c’est bien la composition bigarrée des participants de ce meeting et de sa tribune ainsi que l’origine maghrébine du candidat soutenu par Révolution Permanente qui ont déclenché le déferlement de haine.

Le drapeau tricolore n’est pas le nôtre

Il serait cependant bien réducteur d’associer cette polémique à la seule extrême-droite. C’est en l’occurrence ce qu’a démontré l’« hystérie » qu’a déclenché cette absence de drapeaux bleu blanc rouge sur le plateau de TPMP où la majorité des « polémiqueurs » ont attaqué Anasse Kazib le comparant … à Eric Zemmour ! Et oui, à l’extrême-gauche, au NPA, à LO, comme à Révolution Permanente, on n’arbore pas de drapeau tricolore, et ce n’est pas une nouveauté ! De la sorte, la polémique violente dirigée contre Anasse Kazib par les polémiqueurs de TPMP, a de quoi questionner, quant à ses fondements.

Aussi plus largement, la majorité de la classe politique, veut faire croire que l’absence de drapeau français implique de facto une détestation des français, amalgamant l’Etat Français et la population française. Un amalgame qui vise à gommer par la même toute notion de classe sociale pour former un tout uniforme une nation, une République derrière laquelle nous devrions tous nous joindre.

Mais il faut rappeler une évidence qui semble-t-il, a échappé, aux polémiqueurs de TPMP, le drapeau tricolore n’est pas le nôtre. En tant que révolutionnaires nous n’agitons pas le drapeau français mais le drapeau rouge, et breaking news nous ne chantons pas la Marseillaise mais l’Internationale. Parce qu’à l’instar de ce qu’exprime Anasse Kazib « notre France n’est pas celle des rois et des grands Hommes idéalisée par Zemmour, mais la France des Sans-Culottes, des Communards, des esclaves insurgés de Saint-Domingue, des grandes grèves de 1936 ou encore de la grève générale de 68, des procès de lutte que les Sarkozy ou Zemmour voudraient rayer de l’histoire ».

La question n’est pas de savoir si le drapeau français a pu exprimer ou non des velléités révolutionnaires. Ce fut le cas pour les sans-culottes et à nouveau lorsque les Gilets Jaunes se le firent passer de main en main. A cette occasion, comme nous l’écrivions dans un précédent article, la bannière tricolore a pu être vécue « en l’absence d’un référent collectif unificateur alternatif, comme le seul facteur agrégeant des hommes et des femmes qui, jusqu’à hier, n’avaient, parfois, jamais manifesté. ». De la même façon que la Marseillaise alors « dans le cadre d’une macronie qui est encore plus « monarchique » que ne l’est, d’habitude, la présidence sous la V° République – une sensation qui est renforcée de surcroît par la morgue et l’arrogance jupitérienne – a pu être reprise, consciemment ou non, avec une forte charge régicide et carmagnolesque. La seule différence est que ce ne sont plus les aristocrates que l’on veut pendre mais le président lui-même ».

Mais, ce n’est certainement pas à cela que se réfère l’extrême-droite lorsqu’elle appelle à la « rémigration » d’un candidat ouvrier aux présidentielles. Eric Zemmour, l’un de leurs champions, ne se réclame-t-il pas de Maurras, un royaliste anti-républicain ? Ne voit-il pas dans la Révolution Française l’origine de la « décadence française » ? C’est que le fanion bleu-blanc-rouge charrie autre chose et le symbole d’une France fantasmée, immuable et profondément raciste, celle de Pétain, des crimes de l’impérialisme et coloniaux, de la répression ouvrière et du vomi ultra-nationaliste. Celle de la bourgeoisie française, qui à l’exception, de la période de la Restauration, de 1815 à 1830, en a fait son étendard depuis la Révolution française.

Aujourd’hui certains brandissent le drapeau français au nom de ces idées patriotiques et racistes, mais la plupart le font par ignorance. Les responsables en sont ceux qui pourtant se revendiquent de notre camp. Ces sociaux-démocrates qui envoyèrent les ouvriers et les paysans se faire massacrer en 1914, au nom des valeurs de la République et de ses couleurs. Et plus près de nous ces autres qui dans le sillage des directions réformistes du mouvement ouvrier et de l’instrumentalisation, notamment par le PCF, du tricolore pour « produire national » ou « défendre les emplois », ont repris à l’envi la symbolique du bleu-blanc-rouge, distribuant massivement des drapeaux français lors de leurs meetings et rassemblements. Enfin ceux-là qui comme l’exprimait Anasse Kazib, ce mercredi « voudraient nous faire croire que l’internationalisme est dépassé, jusque dans cette gauche institutionnelle qui a trahi tant de fois et qui nous explique qu’il faudrait lutter pour la patrie, le protectionnisme économique et contre l’immigration ».

Notre drapeau c’est le rouge

En 1848 à Paris, lorsque la classe ouvrière pour la première fois aspira à la direction de la société, Auguste Blanqui défendit le drapeau rouge comme symbole de la République « sociale », de la République ouvrière contre celui de la République bourgeoise. Il disait alors :« Le peuple a arboré les couleurs rouges sur les barricades de 48, comme il les avait arborées sur celles de juin 1832, d’avril 1834, de mai 1839. Elles ont reçu la double consécration de la défaite et de la victoire. Ce sont désormais les siennes. (…) On dit que c’est un drapeau de sang. Il n’est rouge que du sang des martyrs. ».

Si en 1848, républicains socialistes et bourgeois débattirent au lendemain du renversement de la Monarchie de Juillet, qui du drapeau rouge ou du tricolore était le mieux censé incarner les valeurs de la République, comme le rappelle Daniel Bensaïd dans sa préface à Souvenirs d’un révolutionnaire de juin 1848 à la Commune de Gustave Lefrançais, « après juin 1848, il n’y a plus une République, mais deux, irréconciliables, la bleue et la rouge, la bourgeoise et la sociale ». C’est donc tout naturellement que la Commune de Paris reprendra à son compte la bannière rouge comme symbole de la « République universelle » ou « République du travail » avant d’être écrasée par les troupes de la jeune Troisième République. Et après elle la révolution russe qui, en Octobre 1917, fera du drapeau rouge de par le monde un symbole du communisme et de l’union des prolétaires de tous les pays, contre l’impérialisme et le fascisme.

Le drapeau rouge est l’étendard de la classe ouvrière depuis qu’elle a pris conscience de ses intérêts antagoniques avec la bourgeoisie. Voilà pourquoi nous n’arborons pas ces trois couleurs synonymes de chauvinisme, nationalisme belliqueux, et de néo-colonialisme. Parce que notre héritage se situe non pas du côté de la bourgeoisie française et de ses crimes, mais du côté de l’histoire du mouvement ouvrier, celle de 1848, de la Commune, de 1917, de la répression des grèves de 1936 et 1968.

« Vous l’aurez compris, notre projet politique ne passe pas d’abord et avant tout par les urnes, nous sommes profondément convaincus que c’est à travers la lutte de classe, la grève générale et le soulèvement des classes populaires que nous arriverons à changer le système » résumait Anasse Kazib à la tribune. « Plus en général nous voulons porter l’idée que seul un renversement de ce système et son remplacement par un gouvernement des travailleurs eux-mêmes, basé sur des institutions nouvelles issues de nos luttes, qui réorganise toute la société au service du bien-être de la majorité, sans distinction de genre, ethnie, origine ou orientation sexuelle, et de la sauvegarde de la planète et de l’environnement ».

Entre nous et ce « gouvernement des travailleurs », le communisme, il y a nos luttes et la bourgeoisie. Et n’en déplaise à l’extrême-droite et son profond mépris de classe, d’autant plus quand c’est un arabe qui le dit et à côté de lui des militants des quartiers populaires, entre les exploiteurs et les exploités il y a des intérêts antagoniques. En réalité nous ne sommes pas dupes. Ce qui est insupportable pour l’extrême-droite, c’est que le drapeau rouge soit porté et revitalisé par une nouvelle génération ouvrière en partie issue de l’immigration, qu’il serve à l’unification de notre classe contre ceux qui agitent perpétuellement des discours racistes pour la diviser. Ce qui est insupportable pour l’extrême-droite c’est que ce drapeau rouge soit arboré aux côtés d’Assa Traoré, de familles de victimes de violences policières, de militants des quartiers populaires. Ce qui est insupportable pour l’extrême droite en dernière instance, c’est l’actualité des combats de la classe ouvrière et la vitalité nouvelle dont pourrait se couvrir la lutte des classes ces prochaines années.

 
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