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13 de septembre de 2021 Twitter Faceboock

Présidentielle 2022
Macron, Hidalgo, Mélenchon… Pour séduire les profs, la course aux promesses fumeuses est lancée
Boris Lefebvre

À Marseille, la très médiatique rentrée de Macron à ouvert le volet Éducation nationale de la campagne présidentielle. Les candidats jouent la surenchère pour séduire un électorat en recherche de candidat depuis le délitement du PS. Des propos dont la démagogie, largement dénoncée, masque à peine l’absence de perspectives réelles pour un secteur de plus en plus précarisé.

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Crédits photo : FRED SCHEIBER / AFP

Le salaire des enseignants serait-il en passe de devenir un thème central de la campagne présidentielle ? À en juger par le discours de Macron à Marseille où cette (non-)question a brillé en contrepoint de ses annonces sur les expérimentations pédagogiques qu’il veut entreprendre dans la cité phocéenne avant de les étendre à l’ensemble de la profession afin de casser le service public d’éducation, on pourrait être tenté de répondre, que la revalorisation des salaires gelés depuis des années n’est pas à l’ordre du jour. Après la promesse mirobolante de 57 € de plus émise par Blanquer, c’est finalement la déclaration choc de Anne Hidalgo lors de l’annonce de sa candidature à la présidence de la République qui relance la course à l’opportunisme.

Anne Hidalgo : tenter de faire oublier le bilan désastreux de la politique du PS au pouvoir pour les enseignants

La maire de Paris et candidate du parti socialiste a su communiquer habilement sur le salaire des enseignants afin de s’attirer les faveurs d’un des viviers électoraux traditionnels du PS. Faisant fi du quinquennat Hollande qui s’est bien gardé de dégeler le point d’indice des enseignants et a amorcé la réforme du collège, la candidate socialiste n’a pas hésité à déclarer : « Je crois possible, sur la durée d’un quinquennat, de multiplier par deux au moins le traitement de toutes les personnes au contact avec les élèves ». Voilà pour l’effet d’annonce. Il est, pour elle, « inadmissible que nos enseignants — on pourrait dire la même chose de nos soignants — soient aussi peu payés ». Elle s’inquiète du « décrochement des classes moyennes et des catégories populaires qui ne peuvent plus vivre de leurs salaires » tout en déplorant qu’« on maltraite les gens chargés de ces missions essentielles ». Mais quand on y regarde de plus près, on peut voir que le doublement des salaires risque plutôt de se transformer en un alignement « a minima » du « salaire des nouveaux professeurs sur le salaire médian des titulaires d’un bac + 5 ». L’écart entre revaloriser l’ensemble d’une profession ou seulement les nouveaux entrants est vaste mais ne semble pas inquiéter outre mesure la maire de Paris.

Jean-Luc Mélenchon : déconnexion totale face aux revendications des enseignants et rétropédalage

Le premier à réagir n’a été autre que Jean-Luc Mélenchon, pris de court par l’annonce. Entre guerre des chiffres, tweet assassin et rétro-pédalage, le candidat insoumis a fustigé la proposition de Anne Hidalgo avant de revenir quelque peu sur ses propos. On est donc passé d’un tweet où Mélenchon rejette l’augmentation des salaires et prétend que ce n’est pas une revendication des enseignants (« Rock & Roll #Hidalgo : Elle veut doubler “et même +” le salaire des enseignants. Ça fait +60 milliards par an ! Hum. Moi, je préfère satisfaire les demandes des syndicats enseignants. Et mettre le paquet sur les créations de postes ») à la revendication d’augmentation des salaires portée par les syndicats enseignants : (« Oui il faut revaloriser les salaires des profs, en suivant les demandes des syndicats »). Le candidat de la FI défend son positionnement tant bien que mal dans une conjoncture où la concurrence entre son mouvement et l’émergence d’un pôle autour du PS et des Verts mine ses ambitions électorales.

Jean-Michel Blanquer : l’argument de la démagogie pour défendre son bilan désastreux

De son côté, Jean-Michel Blanquer a sorti l’argument de la démagogie. Celui qui dans les colonnes du Parisien affirme qu’il « ne recule pas devant le pression » et qu’il « ne cède pas au rapport de force », dénonce un « sommet de la démagogie » tout en vantant sa « revalorisation historique » du salaire des enseignants. Passant sous silence la précarisation du statut d’enseignant et l’augmentation de la charge de travail consécutive à ses réformes, Blanquer présente ses mesures comme des augmentations significatives et méritées du salaire des enseignants. Pourtant, le recours aux primes et aux heures supplémentaires n’améliore pas durablement et structurellement la condition des enseignants, surtout quand dans le même moment le gouvernement s’attaque aux retraites des régimes spéciaux et cherche à casser le statut de fonctionnaire par l’intermédiaire de la loi de transformation de la fonction publique.

Face à la précarisation des métiers de l’enseignement, un sujet qui pose plus que la question des salaires

Dans le contexte des présidentielles, si le salaire des enseignants commence à devenir un sujet, il ne faut pas oublier le bilan politique du PS lors du quinquennat Hollande, incapable d’augmenter les salaires, ni celui de Blanquer qui se traduit par une revalorisation plus que symbolique accompagnée de réformes managériales. La séquence de la crise sanitaire a, en effet, mis en évidence bien plus qu’un déficit de rémunération dans l’Éducation. Si le gel du point d’indice depuis des années et la perte de pouvoir d’achat de l’ordre de 21% depuis les années 1980 est avéré, l’Éducation nationale souffre également d’une attaque en règle contre le statut de fonctionnaire dont l’une des formes est la précarisation croissante de franges entières de travailleurs de l’éducation (contractuels, jeunes titulaires, personnels de cantine et de ménage). L’Éducation nationale souffre également des suppressions de postes, des classes surchargées et d’un bâti souvent en voie de dégradation. La prise en compte des enseignants ne peut se faire uniquement selon le paramètre de la hausse des salaires. Cette dernière reste cependant nécessaire pour mettre fin à des années d’injustice et ne saurait être complète qu’avec un partage massif du temps de travail entre toutes et tous. L’éducation, à l’image de tous les services publics en première ligne depuis le début de la crise sanitaire, doit être au centre d’un projet de société fondé sur le partage et l’intérêt de la majorité de la population tel que nous le portons avec Révolution Permanente et la candidature ouvrière et révolutionnaire d’Anasse Kazib.

 
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