http://www.revolutionpermanente.fr/ / Voir en ligne
La Izquierda Diario
21 de juillet de 2021 Twitter Faceboock

LGBTI-phobie
Corse. Solidarité avec le couple de vacanciers victimes d’une agression homophobe
Émilie Vallée

Le 14 juillet dernier, un couple gay a été violemment agressé par une vingtaine de personnes. Une nouvelle agression homophobe pour laquelle une enquête a été ouverte par le parquet de Bastia.

Link: https://www.revolutionpermanente.fr/Corse-Solidarite-avec-le-couple-de-vacanciers-victimes-d-une-agression-homophobe

Source photo AFP - AFP

Mercredi 14 juillet, Benoît et Mickaël ont été victime d’un enchaînement de violences homophobes à Rogliano, en Corse, alors qu’ils faisaient la fête en famille. Comme Mickaël le raconte au journal Têtu : « Un groupe de jeunes adolescents de 15 à 20 ans se moquent de nous et nous insultent de pédés ». Dans la foulée, ils exposent au couple à une photo d’un homme urinant sur le drapeau arc-en-ciel, symbole de la communauté LGBTI, et à une croix chrétienne accompagnée d’une insulte, « contre-nature ».

Après avoir quitté le bar, les violences continuent. Ils retombent sur un de leurs agresseurs avec qui ils entament une violente dispute qui finie en coup de pieds et de poings sous le regard passif d’une soixantaine de personnes, infligeant aux deux hommes des blessures qui leur ont valu 6 et 8 jours d’interruptions totales de travail. Un peu plus tard, ils recroiseront le même groupe de jeunes dans le village. Dans leur témoignage, ils rapportent que « on entendait les villageois crier pédés ! Comme s’ils étaient heureux de nous voir partir ».

Dans le village de Regliano, plusieurs positions ont émergées suite au buzz médiatique sur les réseaux sociaux provoqué par la publication des visages de Benoit et Mickael boursouflés de bleus. L’association de jeunesse a cherché à contredire la version des deux hommes en essayant de les accuser d’être « entreprenant à l’égard d’un mineur ». Une accusation peu solide, si elle n’est pas en elle-même homophobe, à laquelle le couple a répondu par une longue vidéo qui appartiendrait à l’un des agresseurs présumés montrant une série de phrases « un PD à l’hôpital », « On a frappé un PD dans les couilles » etc...

Du côté du restaurant devant lequel se sont passé les faits, la direction se lave de tout soupçon à travers une déclaration sur la page Facebook de l’établissement :« La direction du Vinci condamne toutes violences qu’elles soient physiques ou verbales contre l’homosexualité et n’accepte pas de citer le nom du bar « le Vinci » dans cette affaire alors qu’au sein de l’établissement ou autour, aucune agression n’a eu lieu. » Une manière de fermer les yeux sur ce qui s’est passé à deux pas d’eux.

Une plainte a été déposé et une enquête pour agression homophobe a été ouverte par le parquet de Bastia. Selon France 3, trois personnes sont auditionnés depuis le mardi 20 juillet.

« L’homophobie n’a pas de pays »

C’est ce sur quoi a insisté le couple dans une de leurs déclarations sur les réseaux sociaux. Il y a quelques jours, des milliers de personnes sont descendues dans la rue en Espagne après que Samuel, un jeune étudiant, soit mort suite à un lynchage homophobe à la sortie d’une boite de nuit de Galicie. Et seulement quelques jours après, à Barcelone, un jeune gay anglais en vacances dans la capitale catalane a eu la mâchoire brisée par un marteau alors qu’il attendait des amis devant un des endroits connus de la nuit gay barcelonaise. Et ces cas ne se réduisent pas à la péninsule ibérique.

Rien qu’en France, les violences envers les personnes LGBT ont considérablement augmenté ces dernières années. D’après l’association SOS Homophobie, en 2018 les témoignages de violences LGBTphobes ont augmenté de 15 %.. En 2019 les actes LGBTphobes ont encore augmenté de 26 %.. En 2020, les confinements successifs ont entraîné une augmentation dramatique des violences dans le privé, notamment pour les femmes victimes de violences mais aussi pour les jeunes gays, lesbiennes bisexuels et transgenre devant supporter un climat moribond dans le foyer. Comme l’indique Mickael et Benoit dans un de leur post Instagram : « Ça aurait pu arriver n’importe où, et avant cette agression, nous avons passé des moments paisibles en Corse et à Macinaggio, sans avoir à nous cacher ».

Et c’est justement ça le cœur du problème, et non la présence de la police sur les lieux comme le demande Darmanin, qui s’est offert la coquetterie d’un tweet en soutien « aux deux victimes d’une violente agression homophobe en Corse » en n’oubliant pas de rappeler que « les services de police sont pleinement mobilisés ». Ses déclarations ne manquent pas de piquant quand on se rappelle de son soutien à l’ouvertement homophobe Manif pour tous, comptant en son sein les secteurs les plus réactionnaires de la bourgeoisie française, ainsi que son accusation pour viol toujours en suspens alors qu’il reste ministre de l’Intérieur.

« Nous ne voulons pas mourir parce que nous sommes PD »

C’est le contenu de l’appel au rassemblement qui a eu lieu le dimanche 11 juillet en solidarité avec Samuel. Il est nécessaire de le répéter face à l’augmentation des violences qui touchent les LGBTI+. En effet, si l’agression de Mickaël et Benoit ont démontré quelque chose, c’est que ce type de violence ne s’est pas évanoui avec l’acquisition de quelques droits comme celui de pouvoir se marier ou encore avoir accès restreint à la PMA pour les femmes cis-genres.

Comme nous l’évoquions plus haut, la situation sanitaire, et donc sa gestion par le gouvernement Macron, joue un rôle de premier plan dans la mise en danger d’une grande partie des LGBTI. Nous parlions des foyers mais c’est aussi le cas dans les administrations et dans les lieux où le passe sanitaire sera nécessaire. En effet, pour les personnes trans, ce passe aura pour conséquence de révéler la transidentité des personnes n’ayant pas fait le changement d’état civil, les exposant ainsi aux violences transphobes verbales et physiques. D’autant plus que les discours des Darmanin, Macron et Schiappa qui entendent faire de la lutte contre l’homophobie un accessoire de leur politique sécuritaire, la question d’un investissement dans la santé et de l’éducation qui permet de lutter au quotidien contre la marginalisation des LGBTI+ continue d’être absent.

 
Revolution Permanente
Suivez nous sur les réseaux
/ Révolution Permanente
@RevPermanente
[email protected]
www.revolutionpermanente.com