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9 de juillet de 2021 Twitter Faceboock

Police partout justice nulle part
Nouveau Schéma du Maintien de l’Ordre : Darmanin persiste et signe au Beauvau de la Sécurité
Petra Lou

Alors que son Nouveau Schéma du Maintien de l’Ordre a été retoqué par le Conseil d’État, Darmanin s’apprête à en proposer un nouveau dès le mois de septembre. C’est ce qu’il a annoncé ce jeudi dans le cadre du Beauvau de la sécurité. Une démonstration que contre les attaques liberticides du gouvernement, c’est dans les luttes qu’il faut construire la riposte.

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Crédit photo : AFP

Ce jeudi 8 juillet, le ministre de l’Intérieur a réuni les syndicats de police autour de la table dans le cadre du « Beauvau de la sécurité », une sorte de Grenelle de la police lancé début février pour préparer une future réforme en débat avec les syndicats de flics. Accompagné préventivement de plusieurs lois et dispositions sur la question du maintien de l’ordre, comme la loi Sécurité Globale, ce Beauvau s’inscrit dans les offensives sécuritaires de la part du gouvernement, pour préparer et renforcer son appareil répressif dans la perspective des prochaines mobilisations. 

Si le Conseil d’État a retoqué plusieurs « dispositions phares du schéma national du maintien de l’ordre » (SNMO), lancé par Castaner et présenté en septembre 2020 par Gérald Darmanin, les amendements que fait le Conseil restent à la marge et légalisent les nouvelles méthodes répressives proposées par le SNMO. Si Darmanin doit revoir sa copie, c’est notamment pour éviter de susciter de nouvelles caisses de résonance dans un contexte où les violences policières sont devenues un sujet central dans l’opinion publique, notamment avec l’énorme mouvement Black Lives Matters ainsi que celui contre la Loi Sécurité Globale. « Lorsqu’il y a des difficultés, ce sont des difficultés d’images  » formule le ministre de l’Intérieur : voilà la teneur des échanges autour de la table ronde du Beauvau, où l’une des principales préoccupations du gouvernement est de redorer le blason de la police.

Selon Guillaume Farde, professeur affilié à l’école d’affaires publiques de Sciences po et chercheur associé au Cevipof, « la perception du maintien de l’ordre par les Français a changé  ». Difficile de dire le contraire, quand les dernières séquences de mobilisation, notamment depuis le mouvement des Gilets Jaunes en 2018, où éborgnés et mutilés se comptaient par dizaines ; « entre décembre 2018 et février 2020, la confiance des français dans la police et la gendarmerie a perdu 8 points » observe-t-il. Patrice Ribeiro, secrétaire général du syndicat Synergie officiers, regrette que le parquet de Paris aurait tendance à ouvrir des enquêtes « uniquement sur la diffusion sur Twitter ou les réseaux sociaux d’une vidéo tronquée  ». Même s’il a été retoqué pour manque de précisions, c’est précisément ce à quoi était sensé répondre l’article 24 de la LSG : la bataille de l’image de l’institution policière. 

À l’ordre du jour de l’échange du Beauvau, entre autres, les représentants syndicaux des flics exigent des moyens supplémentaires pour réprimer : « On a envoyé des collègues qui n’étaient pas formés et pas équipés pour ça  » regrette toujours le représentant de Synergie Officiers, qui estime qu’il y a eu « beaucoup de blessés » parmi les policiers. De la même manière, Gérald Darmanin lui emboîte le pas, s’émouvant que « le maintien de l’ordre a fait naître beaucoup de blessures, physiques et psychologiques chez les agents  », en expliquant avant tout avoir « une pensée pour eux  ». Évidemment, pas question de discuter des violences policières, pourtant mis au premier plan des dernières mobilisations et de l’opinion publique. Un échange qui occulte la répression policière, qui a pourtant suscité plusieurs vagues d’indignation, que ce soit avec la mobilisation partie du meurtre de George Floyd à Minneapolis, l’agression de Michel Zekler, ou encore plus récemment la répression de la rave-party à Redon. 

D’autre part, pour les syndicats de flics, l’une des questions centrales est celle de l’ « insécurité juridique » des policiers. C’est l’histoire de la « CRS 43 » qui revient notamment dans la discussion, à savoir la compagnie qui était présente dans le Burger King proche de l’Arc de Triomphe le 1er décembre 2018, date des premières violences et répression particulièrement brutale pendant les Gilets Jaunes. Dans cette affaire, sept policiers sont mis en examen, pour avoir frappés des manifestants au sol pendant l’intervention. Une histoire que Grégory Joron, syndicaliste policier, estime se résumer à « trois coups de matraques de trop  », jugeant que les CRS en question « ont sûrement eu cet ordre, après une situation extrêmement dégradée, de faire ce qu’ils devaient faire  ». 

Au cours de la réunion place Beauveau, Gérald Darmanin a annoncé qu’il voulait présenter son nouveau « schéma national du maintien de l’ordre » en septembre, la « bible des forces de sécurité en matière de de gestion des manifestants » comme le décrivait Le Monde. Mais cette fois, il compte bien sur le Conseil d’État pour valider son nouveau schéma. Le désaveu qu’il lui avait infligé dans un premier temps consistait notamment dans l’imprécision des mesures comme celle du contexte où pouvait être utilisé la nasse, mais le Conseil d’État a validé la très grande majorité du texte. C’est dans ce sens que reprend Darmanin son SNMO, en faisant d’ailleurs savoir qu’il souhaitait remettre sur la table l’utilisation des drones lors des manifestations, expliquant qu’il ne comprend pas « que tout le monde en France [puisse] avoir un drone sauf la police », qui avait été censuré par le Conseil constitutionnel en mai dernier dans la Loi Sécurité Globale. 

Ce SNMO, dont Darmanin annonce la conclusion en septembre par Macron et le Conseil d’État, vise à assurer de meilleures conditions de travail aux policier donc à leur donner plus de moyens pour assurer leur fonction répressive. Une manière pour le gouvernement de renforcer l’appareil répressif d’Etat et montre que les classes dominantes se préparent ainsi à une potentielle multiplication des explosions sociale. Alors que la crise va plonger des milliers de travailleurs, jeunes et habitants des quartiers populaires dans la précarité et un chômage grandissant, il est incontestable que l’on assiste, dans la continuité du mouvement des Gilets et de la grève contre la réforme des retraites, à des mobilisations sociales dans la période à venir. Face à cela, le gouvernement compte bien s’apprêter, et c’est en ce sens que vont ses nouvelles offensives, au contenu autoritaire et raciste, de huiler son appareil répressif, pour préparer la répression des mouvements à venir. Face aux attaques liberticides du gouvernement, c’est sur le terrain de la lutte des classes qu’il s’agit de construire la riposte, loin des illusions dans le Conseil d’État et autres institutions du régime.

 
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