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1er de juillet de 2021 Twitter Faceboock

#StopCrashClimatique
Écologie et lutte de classes : Adrien Cornet, raffineur à Grandpuits, à la table ronde d’Alternatiba et ANV-COP21
Tom Cannelle
Mahdi Adi

Le 24 juin dernier, 5 militants écologistes étaient convoqués au tribunal de Bobigny pour une action menée à l’aéroport de Roissy. Pour les soutenir, une table ronde était organisée où Adrien Cornet, raffineur à Grandpuits et militant CGT, était invité pour parler de la grève contre le géant pétrolier Total qu’il a mené pendant 40 jours avec ses collègues.

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Le 3 octobre 2020, les associations écologistes Alternatiba et ANV-COP21 appelaient à « marcher sur les aéroport » pour protester contre l’impact du trafic aérien sur le climat. En région parisienne, une centaine de manifestants s’étaient ainsi introduits sur le tarmac de Roissy – Charles de Gaulle, et dénonçaient également le projet d’extension de l’aéroport soutenu par le gouvernement. 125 activistes et 5 journalistes s’étaient faits interpeler et mettre en garde à vue par les forces de police déployées en nombre pour réprimer l’action ce jour-là.

Parmi eux, cinq militants étaient convoqués au tribunal de Bobigny le 24 juin dernier. A cette occasion, une table ronde était organisée devant le tribunal pour débattre des solutions à apporter aux enjeux climatiques et au secteur du transport aérien, mêlant luttes climatiques et luttes sociales. En effet, le cas de Roissy est emblématique puisque 30.000 emplois y sont menacés et que les salariés de l’aéroport ont manifesté à plusieurs reprises contre les plans de baisse de salaire et les suppressions de postes.. Organisée par Greenpeace et Alternatiba, cette table ronde réunissait donc Xavier Capet (océanographe au CNRS et contributeur du GIEC), Maxime Léonard (salarié de l’aéronautique et membre du collectif Pensons l’Aéronautique de Demain), Adrien Cornet (raffineur, délégué CGT Grandpuits et militant Révolution Permanente) et Charlène Fleury (militante d’Alternatiba).

Sur la question du secteur des transports aériens et de son impact sur le climat, Xavier Capet est revenu sur le discours des compagnies aériennes et patrons de l’industrie aéronautique qui, pour justifier de continuer à produire des avions et étendre les aéroports, prétendent que le trafic aérien ne représenterait « que » 2,5% des émissions CO² produites dans le monde. Le chercheur au CNRS a ainsi expliqué que cela représente en fait « l’équivalent de la totalité des émissions de gaz à effet de serre des 2,5 milliards d’habitants les plus pauvres de la planète ». Par ailleurs, ce chiffre serait fallacieux puisqu’il ne prend en compte ni l’ensemble des gaz à effet de serre produits par le seul trafic aérien (7%) ni ceux induits par celui-ci et l’activité touristique (8%) à l’échelle mondiale.

Charlène Fleury (Alternatiba) est de son côté revenue sur les luttes contre les extensions d’aéroport comme à Roissy et Marseille, avec parfois des victoires partielles comme en Andorre ou à Nantes. Des projets qui fleurissent (il y en aurait au moins douze en cours), alors qu’on assiste dans le même temps à une hécatombe de l’emploi dans l’industrie aéronautique et le transport aérien, avec une multiplication des plans de suppressions d’emplois et de licenciements.

Comme l’expliquait Maxime Léonard, salarié de l’aéronautique et membre du collectif Pensons l’Aéronautique de Demain (PAD), c’est en prenant le prétexte de la crise sanitaire que les grands patrons de ce secteur ont multiplié les plans sociaux et APC pour faire des économies sur le dos des salariés et faire du profit. Ces entreprises n’ont d’ailleurs été que très peu impactées par la crise grâce aux subventions publiques distribuées par l’Etat, tandis que ce sont les travailleurs qui ont payé les pots cassés. De plus, le secteur est très rapidement reparti à la hausse. « Les carnets de commande, plein pour 10 ans, n’ont pas désemplit », rappelait ainsi Maxime Léonard. Une réembauche qui s’est faite au détriment du statut des salariés, qui se voient réintégrer dans les usines avec un statut d’intérimaire ou un salaire réduit....

A la raffinerie Total de Grandpuits, nul besoin de crise sanitaire, c’est sous prétexte de "transition écologique" que la multinationale supprime 700 postes. Face à ce massacre social dans le bassin seine-et-marnais en région parisienne, les raffineurs se sont battus en grève reconductible pendant 40 jours pour revendiquer la sauvegarde des emplois sur le site, ainsi que des moyens à la hauteur pour un véritable plan de reconversion écologique de l’usine. Une véritable opération de greenwashing pour Total, puisque la reconversion du site de Grandpuits s’accompagne d’une délocalisation des activités de raffinages vers d’autres pays, comme le montre « la construction d’un pipeline réchauffé au milieu des parcs naturels en Ouganda ». Pour Adrien Cornet, délégué CGT à la raffinerie de Grandpuits et militant Révolution Permanente, « le profit, pour Airbus et tous les grands groupes capitalistes passe avant les travailleurs et la planète, c’est intrinsèque au système même et ça ne va pas se résoudre avec plus de taxes aux frontières par exemple ».

Licenciements teinté de vert, délocalisation des activités polluantes vers des pays où les normes environnementales sont moins contraignantes, greenwashing des grandes entreprises : « c’est la réalité de la transition écologique d’aujourd’hui, c’est pour çà que de notre côté on ne défend pas une écologie par et pour les travailleurs et les classes populaires, comme on a commencé à le faire pendant la grève avec le soutien des Amis de la Terre, de Greenpeace, et du collectif Plus Jamais Ça ». A partir de l’expérience de Grandpuits, c’est la question de la stratégie pour gagner face aux grands industriels qui imposent un drame social et environnemental qui se pose. « C’est en mettant au centre la classe ouvrière, pour construire le rapport de force par la grève, qu’on imposera pourra lutter contre les désastres écologiques », a ainsi développé le raffineur avant d’interroger : « est ce qu’un a un, on va aller s’affronter à tous ces patrons qui marchent tous ensemble et sont organisés ou alors est ce qu’on se met autour d’une table tous ensemble et on commence à poser la question de la stratégie ? Il nous faut une révolution ! »

Une stratégie qui ne doit entretenir aucune illusion vis-à-vis du gouvernement et de l’État qui « autorisent à supprimer des emplois, en validant par exemple le PSE de Total », et qui mette au centre la nécessité de toute politique écologiste le contrôle de la production par les travailleurs et les classes populaires : « il faut que ce soit les gens qui produisent, qui décident de comment et pourquoi produire ». C’est en ce sens que Révolution Permanente appelle à s’organiser et à construire une organisation politique qui rassemble les travailleurs et militants pour renverser ce système qui opprime les humains et détruit la nature.

 
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