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La Izquierda Diario
24 de juin de 2021 Twitter Faceboock

La République en Marche arrière
Débâcle aux régionales pour LREM. Macron en marche arrière pour 2022
Hélène Angelou

Défaite cinglante des ministres, effritement du duel Macron-Le Pen, renforcement de la droite… un échec sur toute la ligne pour la politique présidentielle aux régionales.

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Photo : AFP

Si Macron et la macronie avaient déjà peu d’ambitions pour les régionales, les résultats électoraux font malgré tout l’effet d’une claque tant les listes LREM ont subi un désaveu à échelle nationale, atteignant à peine 10 % nationalement, soit même pas 4 % du corps électoral. Pire encore, dans les régions considérées clés où le gouvernement s’était investi fortement, notamment dans les Hauts de France, les listes LREM ne passent pas le seuil des 10 %, pourtant emmenées par pas moins de 4 ministres, la tête de liste Laurent Pietraszewski, mais aussi Gérald Darmanin, Eric Dupond-Moretti et Agnès Pannier-Runacher.

Et en effet, si Macron n’espérait pas gagner de régions devant la faiblesse de sa base sociale et de son ancrage localement, l’objectif pour le parti présidentiel était de peser dans les triangulaires, autrement dit d’être un « faiseur de roi » et donner le ton du « front républicain » face au RN. La faiblesse des résultats constitue ainsi un revers sur ce terrain, LREM étant devenu un véritable repoussoir. Christian Jacob et Xavier Bertrand, figures de proue de la droite, ont ainsi décliné toute fusion de listes pour le second tour.

Un échec politique pour le macronisme

L’abstention record et les résultats calamiteux des listes LREM sonnent ainsi comme un vote sanction contre le gouvernement. Un gouvernement entaché de sa gestion catastrophique de la pandémie, et surtout considéré à juste titre comme un ennemi des travailleuses et des travailleurs et des classes populaires.

Au-delà, les contradictions inhérentes au macronisme s’approfondissent. Sa base sociale, déjà faible, s’érode, élection après élection : ainsi, selon un sondage Ipsos/Sopra Steria pour France Télévisions, Radio France et Public Sénat, parmi les électeurs de Macron lors de la présidentielle de 2017, 40 % ont participé au scrutin, une partie de ces pro-macronistes semble donc bien s’être reportée sur les partis traditionnels, confirmant un effritement de sa base sociale. Les résultats illustrent aussi, dans la lignée des élections municipales, l’impossible ancrage territorial du macronisme.

Une désillusion pour Macron qui avait fait le pari d’une nationalisation du scrutin, comme le souligne l’Opinion : « Le troisième échec d’Emmanuel Macron est plus personnel : son choix de "nationaliser" les élections régionales était un contresens ». Du « tour de France », en passant par l’accélération du déconfinement, la stratégie électorale de l’exécutif s’est soldée par un échec qui s’avère coûteux. Si Macron cherche pour le moment à passer outre ce premier tour, la question d’un remaniement émerge chez les éditorialistes et témoigne du discrédit profond qui entoure aujourd’hui le personnel politique macronien, notamment les ministres ayant subi une défaite cinglante.

Alors qu’il s’était imposé sur les ruines des partis traditionnels, le macronisme confirme ainsi son incapacité à constituer un stabilisateur ou un élément de recomposition dans le cadre de la crise organique du capitalisme – c’est-à-dire l’ébranlement de la capacité de la bourgeoisie à maintenir sa domination par les voies traditionnelles, et notamment le consentement aux partis du régime. Centré autour de la figure présidentielle, le macronisme peine ainsi à se doter d’un parti et d’une implantation dans le pays qui lui conféreraient une assise.

Les cartes rebattues pour 2022 ?

Surtout, ces élections ont été marquées, au moins en partie, par un rejet du duel Macron-Le Pen qui a profité en dernière instance à la droite traditionnelle et qui met le macronisme en difficulté en vue des élections présidentielles de 2022. En effet, se présenter comme un rempart face au RN est un pilier de la campagne Macron, dont l’un des axes stratégiques en conséquence était d’affaiblir la droite en jouant d’une absence d’opposition pour mettre en scène une bipolarisation Macron / Le Pen.

Au sortir de ces élections, la solidité de l’appareil politique de la droite exprime la possibilité d’une éventuelle alternative pour la bourgeoisie. D’autant que l’ancrage local et la capacité à mobiliser les corps intermédiaires est aujourd’hui considéré comme un enjeu d’importance dans le maintien de l’ordre social face à la montée des contestations. Le Figaro Vox se réjouit ainsi dans son éditorial de la « sortie du duel » Macron – Le Pen, et salue une « droite qui semble avoir réussi à desserrer l’étau du duel entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen ». C’est dans les mêmes termes que L’Opinion, journal de droite libérale plutôt macronien, analyse les résultats : « la brutale contre-performance du Rassemblement national […], ajouté[e] aux scores brillants de plusieurs leaders des Républicains, rebat les cartes. Emmanuel Macron voit commencer à se dissiper la certitude d’affronter la présidente du Rassemblement national dans un duel de second tour à sa main ».

Le scénario d’un Macron/Le Pen prend donc un peu de plomb dans l’aile avec la débâcle du parti présidentielle mais aussi avec celle du Rassemblement National qui fait moi bien qu’annoncé. La bourgeoisie pourrait en ce sens trouver en Xavier Bertrand son nouveau candidat ou du moins l’émergence d’une opposition à Macron sur sa droite. La restauration d’une possible alternance serait en tout cas un atout important pour la stabilité de la république bourgeoise aux yeux des classes dominantes. A cet égard, les régionales rebattent en partie les cartes du champ politique.

Les enseignements de ces élections restent cependant fragiles. Les régionales expriment en tout état de cause un approfondissement des contradictions du macronisme, un rejet grandissant du jeu institutionnel et un rejet de la campagne réactionnaire et sécuritaire. Mais jusqu’à 2022, la situation peut encore largement évoluer, d’autant plus que les conséquences de la crise sanitaire et économique sur le terrain de la lutte des classes n’ont pas encore été éprouvées et qu’elle pourrait venir affaiblir encore plus Macron et son monde.

 
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