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La Izquierda Diario
13 de juin de 2021 Twitter Faceboock

Mobilisation
Des dizaines de milliers de personnes à la Marche des Libertés : pour battre l’extrême droite, battre Macron et le racisme d’Etat !
Paul Morao
Mahdi Adi

Des dizaines de milliers de personnes ont battu le pavé samedi contre les "idées d’extrême-droite". Une mobilisation qui, pour les militants de Révolution Permanente, est indissociable de la lutte contre le racisme d’État et le gouvernement. Face à Macron, Le Pen, et ceux qui à gauche reprennent leurs idées réactionnaires, continuons le combat.

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Photo : O Phil des Contrastes

Des dizaines de milliers de manifestants en France contre les "idées d’extrême-droite"

Ce samedi se tenaient dans toute la France les « marche des libertés » contre les « idées d’extrême-droite ». Des manifestations appelées par un front large d’organisations allant du mouvement social aux organisations politiques de gauche (du NPA à EELV) et aux organisations syndicales. Des mobilisations qui ont réuni des milliers de personnes, parmi lesquelles de nombreux jeunes qui ont repris la rue, 7 mois après les mobilisations importantes contre la loi sécurité globale de novembre – décembre 2020.

A Paris, plusieurs dizaines de milliers de personnes ont défilé entre la Place de Clichy et République, avec des cortèges dynamiques de Révolution Permanente ou de l’organisation antifasciste La Jeune Garde. A Bordeaux, Toulouse, Marseille, Strasbourg, ce sont plusieurs milliers de personnes qui ont manifesté. A Nantes, la manifestation a été marquée par une très violente répression faisant plusieurs blessés. Dans de nombreuses autres villes, des centaines de personnes ont pu manifester, au total les organisateurs revendiquent 150.000 manifestants dans 140 villes d’après les organisateurs.

Une mobilisation hantée par une question - quelle alternative opposer à l’offensive sécuritaire, raciste et liberticide actuelle ? - et par une contradiction : comment imaginer lutter contre les idées de l’extrême-droite aux côtés de ceux qui contribuent à cette offensive ? En ce sens la présence de Olivier Faure (PS) à Avignon, de Fabien Roussel (PCF) à Lille et de EELV ou la CGT Police apparaissait comme une contradiction profonde, après leur participation le 19 mai dernier au rassemblement appelé par les syndicats de police devant l’assemblée nationale aux côtés de Gérald Darmanin et de représentants du RN. Une double préoccupation que pointaient deux manifestants interrogés par Mediapart : « Le mot d’ordre est un peu général. Oui, le fascisme c’est mal, et oui, depuis un an, il y a une fascisation du discours politique qui infuse, y compris à gauche quand on voit que le PS et le PCF ont été manifester le 19 mai. Mais on ne peut pas être sans arrêt “contre quelque chose”, il faut trouver un débouché politique, or il n’y a rien. »

Aucun front possible avec ceux qui préparent le terrain à l’extrême-droite

En ce sens, plusieurs manifestants étaient venus défendre la nécessité d’une réponse à l’extrême-droite qui critique ouvertement les compromissions de la gauche institutionnelle et se déploie en toute indépendance des institutions réactionnaires du régime, à commencer par la police. « On voit une partie de la gauche institutionnelle surfer avec les idées réactionnaires, défendre la répression policière, la xénophobie... » notait ainsi Anasse Kazib, cheminot et candidat aux présidentielles pour Révolution Permanente, qui manifestait pour la première fois de façon indépendante à Paris, Bordeaux et Toulouse après son exclusion du NPA. Une référence explicite non seulement au PS, dont la compromission avec le renforcement de l’arsenal répressif et raciste de l’Etat n’est plus une nouveauté, mais aussi du PCF, marqué par les dernières saillies xénophobes de Fabien Roussel.

Si les mots d’ordre de la manifestation étaient largement consensuels, cette indépendance pose la question de l’affrontement clair avec le racisme d’État, et le retrait de toutes les lois liberticides et racistes. Un enjeu incarné hier par la présence d’un cortège de la Coordination des sans-papiers de Paris. Comme le racontait Bshira, travailleuse sans-papier et militant ede la Coordination, « pendant la crise du Covid, les sans-papiers étaient en première ligne dans les hôpitaux, le nettoyage, la garde d’enfant », ce qui n’a pas empêché le gouvernement de refuser de les régulariser malgré plusieurs grandes manifestations depuis le premier confinement. Avec ses camarades travailleurs sans-papiers qui forment un cortège compact dans la manifestation parisienne, elle revendique le retrait de la loi Asile et Immigration ainsi que la régularisation et des logements pour tous.

De fait, comme le notait Léo, lui aussi militant à Révolution Permanente dans le cortège parisien, « les idées de l’extrême-droite c’est le gouvernement qui les amène avec la loi Asile et Immigration, la loi Séparatisme, la loi Sécurité Globale... Donc les deux deux doivent se combattre de front et il ne faut pas croire qu’il est possible de combattre le RN aux côtés de Macron ». Or en ce qui concerne le passage de la loi séparatisme à l’assemblée, la majorité des députés PS et PCF – dont Fabien Roussel – se sont abstenus. Tandis que pour la loi Sécurité Globale, à peine adoptée que la maire PS de Paris Anne Hidalgo s’en est servi pour mettre en place une police municipale dans la capitale, contre laquelle les élus PCF ont refusé préférant... renforcer la police nationale !

La nécessité d’une lutte intransigeante par en bas contre l’extrême-droite, le gouvernement et le racisme d’Etat

A rebours des compromissions de la gauche institutionnelle, pour Anasse Kazib la lutte contre les idées d’extrême-droite est donc indissociable de celle contre : « le gouvernement et tous les politiciens qui veulent faire croire que le problème des exploités c’est les arabes, les noirs, les musulmans ou les migrants qui fuient la misère et la guerre causées par l’impérialisme, plutôt que Jeff Bezos et Bernard Arnaud, les véritables responsables de la crise ». Mais pour le cheminot, cette lutte ne saurait se mener au travers d’une perspective institutionnelle, qui se condamne à investir des institutions profondément racistes et à réitérer les abdications systématiques de la gauche au pouvoir.

En ce sens, si la tête de cortège de la manifestation parisienne entendait incarner une potentielle « union de la gauche » à même de réinventer une gauche de gouvernement, réunissant La France Insoumise, Génération.s et des secteurs du PCF et de EELV, ce n’est pas dans les urnes qu’il sera possible de mettre à bas les idées d’extrême-droite. A Toulouse, Gaëtan Gracia militant CGT dans l’aéronautique et à Révolution Permanente, revenait en ce sens sur la nécessité de construire le rapport de force : « ce n’est pas dans les urnes qu’on va se battre contre les menaces physiques de l’extrême-droite, c’est dans la rue et par la grève ! » Une réponse au leader de LFI Jean-Luc Mélenchon qui déclarait que « les paires de gifles, on se les donne dans les urnes » pour appeler à l’apaisement après s’être fait enfariné par un militant d’extrême-droite au début de la manifestation, au lendemain de l’appel au meurtre des « gauchistes » et des électeurs insoumis proféré par le youtuber Papacito.

Un rapport de forces qui exige de rompre avec la logique arithmétique et institutionnelle du « plus petit dénominateur commun », incarnée par un appel à la manifestation refusant de nommer les lois réactionnaires du gouvernement. A la présence de complices de l’offensive sécuritaire dans les cortèges répondait en ce sens l’absence des Comités Vérité et Justice et plus largement de la jeunesse des quartiers populaires qui s’était fortement mobilisée le 2 juin 2020 à l’appel du Comité Adama, mais aussi de secteurs du mouvement ouvrier organisé qui devrait pourtant jouer un rôle central pour lutter contre le gouvernement, le racisme d’Etat et l’extrême-droite.

En effet, le combat contre l’offensive sécuritaire et raciste doit être lié à celui contre le patronat déterminé à faire payer la crise aux travailleurs et aux classes populaires. Elle ne se construira pas autour d’un projet électoral, mais par les moyens de la lutte des classes, comme le soulignait la conclusion d’Anasse Kazib place de la République ce samedi : « ce qui leur fait peur, c’est quand tout le monde parle de grève et d’émancipation. Au troisième acte des Gilets jaunes, il y avait un hélicoptère installé à l’Élysée prêt à partir. Et bien nous on espère que le retour de la lutte de classe obligera Macron à monter dans l’hélicoptère, qu’il partira et que les travailleurs pourront prendre le pouvoir pour construire une société meilleure ! »

 
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