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La Izquierda Diario
7 de mai de 2021 Twitter Faceboock

Ni sélection, ni chômage !
Bordeaux Montaigne. Les militants d’Onzième Thèse interpellent le Conseil d’Administration
Jahan Lutz, élu Le Poing Levé au CA de l’UBM

Ce vendredi 7 mai avait lieu le Conseil d’Administration de l’Université Bordeaux Montaigne où est élue l’organisation Onzième Thèse - Le Poing Levé. Retour sur le Conseil où nous avons interpellé la présidence sur sa gestion de la fac durant la crise sanitaire de cette année et sur la sélection sociale.

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La présidence a posé divers points à l’ordre du jour du Conseil d’Administration de l’UBM ce vendredi 7 mai, mais aucun point qui posait un bilan de cette année tant sur le plan sanitaire, sur le plan social des étudiants, sur le plan pédagogique ou encore budgétaire… Alors que l’Université a considérablement manqué de moyens durant cette année pour faire face à la crise, la présidence n’a pas souhaité revenir sur sa gestion de la fac durant la covid, et ce malgré nos interpellations. Ainsi, omettant de faire un bilan de l’année, le principal point à l’ordre du jour était le budget prévisionnel pour l’année 2022. 

Pour cette raison, les militants du collectif Onzième Thèse sont venus interpeller directement le Conseil d’Administration au parvis de l’Université, pour lire une motion dénonçant la situation catastrophique dans la jeunesse, la précarité, la sélection sociale que les directions d’université continuent de maintenir, et la question du chômage qui laisse des perspectives d’avenir très incertaines.

Des perspectives incertaines rien que pour la prochaine année universitaire pour laquelle un bilan aurait été nécessaire car les manques de moyens structurels sont toujours criants. Il y a d’abord eu un manque d’investissements au niveau du matériel informatique pour les étudiants, 200 étudiants de l’UBM (8% des sondés) déclarant ne pas avoir eu accès à un ordinateur pour suivre les cours - résultats de la grande enquête menée par les organisations étudiantes de l’UBM en février. Il y a également eu un manque d’investissements au niveau des embauches, des emplois d’enseignants et personnels BIATSS nécessaires pour répondre à la situation sanitaire… ce manque structurel de moyens à même mené la présidence à faire le choix de supprimer des TD en L1 d’Histoire

Planifier le budget de l’Université pour 2022 n’est pas une mauvaise chose, nous questionnons cependant la politique budgétaire mise en place par la présidence. En effet, il n’est ni prévu de titulariser les contrats précaires alors que l’année 2022 sera encore très incertaine et difficile pour les travailleurs de l’Université, et il n’est question que d’embauches strictement minimales d’enseignants et personnels pour faire face aux besoins de l’année qui arrive. Si la présidence n’est pas responsable du manque de moyens structurels octroyés par le Ministère de l’Enseignement Supérieur, elle est responsable de la gestion de l’Université, contrainte par conséquent d’appliquer les politiques d’austérité qui lui sont imposées. Au contraire, nous pensons qu’il faut radicalement rompre avec ces politiques d’austérité qui détruisent l’Université publique et exiger un investissement massif dans l’Enseignement supérieur comme dans tous les services publics afin de titulariser tous les contrats précaires, embaucher des enseignants et personnels, construire de nouvelles structures, etc.

Enfin dans son budget prévisionnel, la présidence prétend orienter les investissements de l’année 2022 à la fois dans la lutte contre la précarité étudiante ainsi que dans la formation et la recherche. Or pour cette première orientation proposée, la mesure avancée est de « mener une politique volontariste d’emplois étudiants » qui se trouve être l’application des annonces de Vidal pour la création d’emplois de tutorat étudiant qui sont en réalité des contrats précaires pour cacher la misère que vivent véritablement les étudiants.

Le principal élément de cadrage donné dès les premières lignes du budget prévisionnel afin de remplir l’ensemble de ces orientations est en fait « la mise en œuvre des mesures de la LPR ». Pourtant une grande partie de l’Enseignement supérieur s’était mobilisé contre la LPR et pour exiger son retrait car cette réforme, loin de répondre aux besoins de l’Université publique, prévoit de forcer son démantèlement. De surcroît la LPR est une nouvelle loi de sélection sociale à l’image de la Loi ORE qui mettait en place Parcoursup et l’Arrêté Licence : ainsi le budget prévisionnel de l’UBM est planifié par la présidence après qu’elle ait maintenu les examens et somme toute appliqué la sélection sociale des étudiants.

Dans nos colonnes sur la LPR, nous revenions déjà sur les impacts destructeurs de cette réforme sur l’Université publique : « Les attaques majeures à la recherche et aux conditions de travail des universitaires résident dans le système de financement et de recrutement promu par la loi. Sur le site d’Université Ouverte, un document revient sur ces attaques : désormais, la recherche sera indexée sur la réalisation de projets dans une logique de mise en compétition des laboratoires, avec un développement de primes de performance, mais également la concentration des moyens au sein de l’Agence Nationale de Recherche au détriment de certains centres de recherche. Concernant les travailleurs du milieu de la recherche et de l’enseignement supérieur, ils vont désormais faire face à la réduction de la création de postes d’enseignants – chercheurs, et assister au développement de “CDI à projet”, qui permettra de rémunérer des chercheurs sur la base de financement de projet, les plaçant en concurrence et venant accroître la sélection et la précarité déjà bien présente dans le métier ».

C’est cette contradiction dans le discours de la présidence que nous pointons car elle ne peut pas à la fois se donner une image de « gauche » et dans le même temps appliquer les réformes néolibérales du gouvernement Macron. Si la présidence n’est pas fermement résolue à rompre avec ces politiques et qu’elle se borne à la logique conciliatrice du dialogue social, alors nous pensons qu’il est nécessaire que les étudiants et travailleurs de l’Université s’emparent eux-mêmes de la gestion et l’organisation de leur lieu d’étude et de travail dans des cadres démocratiques où l’ensemble des problématiques seraient soumises à débats, autant sur les besoins que les budgets, sur les investissements et les préoccupations de la majorité de l’Université.

C’est ce que nous cherchons à porter avec Onzième Thèse - Le Poing Levé, comme on a pu le faire au travers de nos interventions dans les conseils, mais aussi par nos actions contre la précarité, par les liens que nous avons tissé avec des secteurs du monde du travail, par les enquêtes que nous avons mené pour quantifier la précarité à la fac ; et nous continuerons ainsi à lutter contre la précarité, contre la sélection et le chômage qu’elle nous laisse pour l’avenir.

 
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