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La Izquierda Diario
21 de avril de 2021 Twitter Faceboock

La couleur pour 2022 ce sera le bleu
Surenchère sécuritaire au PCF : Fabien Roussel propose 30.000 policiers de proximité
Lili Krib

Macron a annoncé 10.000 policiers supplémentaires d’ici 2022 dans sa « guerre contre le trafic de drogue ». Le lendemain, Fabien Roussel, secrétaire national du PCF et candidat à la présidentielle, s’est complètement aligné sur cette surenchère sécuritaire en proposant le recrutement de 30.000 policiers de proximité.

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Ce lundi, Fabien Roussel, secrétaire national du PCF, candidat à la présidentielle de 2022 pour le parti depuis le 11 avril, s’entretenait en direct sur BFMTV et RMC avec Jean-Jacques Bourdin. Au lendemain de l’annonce de Macron d’un renfort de 10 000 policiers supplémentaires d’ici la fin de son quinquennat, Fabien Roussel a joué la surenchère sécuritaire, demandant quant à lui le recrutement de 30 000 policiers de proximité.

Une déclaration reprenant notamment l’argumentaire sur la « guerre contre la drogue » bien connu de la macronie mais aussi de la droite et l’extrême droite : « Le trafic de stupéfiants est un véritable fléau qui pourrit la vie de millions de nos concitoyens. Il faut des moyens, c’est la raison pour laquelle ce que nous proposons c’est une véritable police nationale de proximité et nous proposons pour ça de créer un corps spécifique dédié à la police nationale de proximité doté de 30 000 hommes et femmes statutaires […] pour lutter contre tous ces trafics. ». Les déclaration de Fabien Roussel au micro de Jean-Jacques Bourdin, semble donc aller de le sens du « chaque Français verra plus de bleu sur le terrain » clamé par Macron.

Le numéro 1 du PCF utilise ici la fameuse rhétorique de la « guerre contre le trafic de drogue » qu’il est difficile de distinguer de celle du président de la République qui affichait la veille sur le même terrain, sa volonté d’ouvrir un « grand débat national » sur la consommation de drogue arguant que les trafics de stupéfiants « explosent [et] forment la matrice économique de la violence dans notre pays » et vantant l’application déjà concrète de sa politique sécuritaire et raciste : « chaque jour, nous fermons un point de deal. Allez voir dans les quartiers comment cela change la vie ! ».

Pourtant la lutte contre les trafics et leurs conséquences délétères ne peut être résolue par plus de répression, bien au contraire. La prétendue "guerre contre le trafic de drogue" ne consiste en dernière instance qu’à s’attaquer aux petits vendeurs et aux consommateurs en particulier dans les quartiers populaires. La reprise dans le discours de Fabien Roussel d’un des principaux leviers utilisé pour réprimer dans les quartiers populaires aurait de quoi surprendre pour un leader d’une formation politique de gauche. Pourtant le secrétaire national du PCF n’en n’est pas à son coup d’essai. Celui-ci reprenait volontiers le vocabulaire employé par Darmanin et Macron et bien connu de l’extrême droite, à la rentrée 2020 dans le cadre d’une journée d’été du PCF à Malo-les-Bains, en employant la rhétorique réactionnaire des « quartiers perdus de la république » à « reconquérir ». A cette même journée, Fabien Roussel préférait même employer le concept d’« ensauvagement » plutôt que de parler du système patriarcal, pour expliquer les causes des féminicides… Flirtant ainsi dans le même temps avec le discours fémonationaliste défendu par la Macronie.

L’été dernier, un puissant mouvement contre le racisme et les violences policières traversait la France et d’autres pays à l’échelle internationale, mettant à nu le caractère profondément raciste de la police ainsi que son rôle fondamentalement répressif. Dans ce sillage, l’affaire Michel Zecler en novembre dernier réveillait cette colère contre le racisme et les violences policières. Mais plutôt que de parler du harcèlement policier et des contrôles de police systématiques qui s’abattent sur les jeunes arabes et noirs dans les quartiers populaires Fabien Roussel a préféré quant à lui se joindre à l’escalade sécuritaire, donnant la couleur de la campagne du parti pour 2022 sur ces questions.

Les parlementaires PCF ont d’ailleurs brillé par leurs positions conciliatrices face à l’offensive sécuritaire et islamophobe incarnée au parlement par le texte de loi sur le séparatisme. Une bonne partie de ces derniers a ainsi voté en faveur ou s’est abstenu, au sujet d’articles de loi tous plus réactionnaires les uns que les autres. Fabien Roussel, député du Nord, s’est ainsi abstenu plutôt que de rejeter avec résolution ce texte nauséabond

Lors de son entretien avec Jean-Jacques Bourdin, Fabien Roussel n’a pas eu un seul mot au sujet des violences policières et du racisme systémique. Pas un seul mot pour toute cette génération de jeune qui est venue manifester à l’appel du comité Adama contre le racisme. Le premier secrétaire du PCF a préféré parler du « péril islamiste » et des trafics de stupéfiants qui source principale d’une insécurité grandissante, notamment dans les quartiers populaires, alors que leurs habitants sont en réalité touchés de plein fouet par une précarité aggravée par la crise sanitaire et économique.

Au micro de Bourdin il a ainsi affirmé « sur cette question de l’immigration [...] de sécurité de lutte contre l’islamisme radical et politique qui existe et qui grandit dans notre pays il y a besoin de réponses de gauche où on allie et la fermeté et en même temps les moyens pour une république sociale solidaire et fraternelle ». Et quand Bourdin lui dit « les violences sur les personnes accélèrent, que dit le président de la république : ce mal est accéléré par une désinhibition provoquée par les réseaux sociaux et la culture de l’anonymat, vous êtes d’accord ou pas ? », Roussel répond « oui oui oui ».

Roussel propose plus de moyens pour la police nationale et la création d’un nouveau corps de « police de proximité » passant par une embauche massive. Mais l’instauration d’une police de proximité ne répondent en rien aux violences policières et au racisme systémique dont les habitants des quartiers populaires sont les premières victimes.

Les discours de « reconquête républicaine » de la droite, repris par des organisations de la gauche institutionnelle, ou encore l’instauration de corps d’officiers de police de proximité et l’injection de moyens dans la répression ne peuvent être des perspectives d’avenir pour notre classe. En effet, comme un service public comme un autre, qui comme l’hôpital ou l’éducation nationale manquerait de moyens et auquel il faudrait donc allouer plus de moyens nécessaires à son bon fonctionnement. Le problème c’est que si l’hôpital et l’école sont composés de travailleurs dont le rôle est de soigner ou de permettre l’accès à l’alphabétisation par exemple, l’institution policière n’a pas un rôle qui sert le bien commun mais à un rôle principalement répressif.

L’adaptation au discours réactionnaire du gouvernement par les dirigeants du PCF dans une période d’attaques islamophobes et racistes à répétitions menée par la macronie qui surenchérit sur les positions nauséabondes du Rassemblement National, en vue de 2022, est inadmissible. Face à l’inconséquence et l’adaptation des dirigeants du PCF et de toute une partie de la gauche institutionnelle. Contre le renforcement du bras armé de l’État maintenant un ordre social inégalitaire, il faut former un front unissant habitants des quartiers populaires, jeunesse et mouvement ouvrier, qui est le seul capable d’imposer le rapport de force nécessaire pour exiger le retrait de toutes les lois liberticides et racistes.

De plus, contre aucune réponse répressive ne pourra endiguer réellement la consommation de drogue et les trafics. A rebours de ces politiques il convient de se battre pour la légalisation des stupéfiants et en premier lieu du cannabis pour endiguer les trafics. Mais également d’exiger des moyens supplémentaires massifs pour la prévention et pour l’accompagnement médical et psychologique des personnes qui souffrent d’addiction, en embauchant massivement des soignants.

 
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