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La Izquierda Diario
8 de avril de 2021 Twitter Faceboock

L’ENA remplacé par l’ISP
Macron supprime l’ENA, mais l’ancien monde est toujours là
Inès Rossi

Macron avait annoncé vouloir supprimer l’ENA en plein mouvement des Gilets jaunes, comme gage d’un prétendu combat contre l’entre soi des « élites ». Cette promesse oubliée ressort du chapeau alors que la crise du Covid et les scandales à répétition mettent en lumière les inégalités sociales en France.

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Crédits photo : STEPHANE MAHE / POOL / AFP

Chose promise, chose due… Il y a déjà deux ans, en 2019, Emmanuel Macron, alors dans la tourmente du mouvement des Gilets jaunes, avait promis la suppression de l’ENA. Face à ces milliers de gens qui défilaient dans les rues tous les samedis en exigeant plus de justice sociale, le président a voulu jouer la carte de l’écoute et des concessions, à l’issue de son fameux Grand Débat.

Personne n’avait spécifiquement réclamé la suppression de l’École Nationale d’Administration (ENA), mais le mouvement des Gilets jaunes avait clairement exprimé sa défiance vis-à-vis du champs politique institutionnel et électoral, et quoi de mieux que l’ENA, école qui a formé une grande partie de la classe politique, pour symboliser ce « vieux monde ». Il s’agissait donc pour le chef de l’État de donner un gage sur le prétendu combat contre l’entre-soi des « élites ».

Plus de nouvelles de cette promesse depuis, jusqu’à cette semaine, où Macron relance la proposition et officialise la suppression prochaine de l’école. Macron reprend à son compte les idées de justice sociale, déplore un « ascenseur social » en grande difficulté, et veut refonder l’école pour que plus « aucun gamin dans notre République se dise : ce n’est pas pour moi ».

En pleine troisième vague du Covid, alors que les travailleurs sont appauvris, surexposés au virus, réprimés, privés de toute vie sociale, et subissent de plein fouet les conséquences de la gestion gouvernementale de la crise sanitaire, les inégalités sociales et le mépris dénoncés par les Gilets jaunes sont aujourd’hui plus criants que jamais. L’affaire Chalençon vient encore mettre de l’huile sur le feu, en montrant à toute la population à quel point la grande bourgeoisie bénéficie d’une impunité criante quant aux mesures sanitaires. Le choix de ce moment pour ressortir la suppression de l’ENA n’est pas anodin.

Mais qui peut croire à ce gage de la part de Macron, qui prépare d’ores-et-déjà de nouvelles attaques contre notre camp social ? Après la réforme des retraites, après le Covid, après la réforme du bac, arrivent la loi séparatisme, la réforme de l’assurance chômage, autant de textes de loi qui vont encore creuser les inégalités et miner notre capacité à nous organiser et à lutter contre ces attaques.

De plus, quand on creuse l’annonce de la suppression, il s’agit en réalité d’une refondation. L’ENA sera donc remplacée par l’ISP, l’Institut du Service Public qui verra le jour en 2022. Comme nous l’écrivions en février 2022, Macron prétend supprimer l’ENA mais en préserve en réalité toutes les « logiques méritocratiques et élitistes, qui avaient amené le sociologue Pierre Bourdieu à parler de “noblesse d’Etat » ». Il faudra bien plus que des gestes et des symboles pour calmer la colère légitime envers les classes dominantes.

 
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