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3 de avril de 2021 Twitter Faceboock

Université Bordeaux Montaigne
Le plan « égalité femmes-hommes » de l’UBM, simple constat de la misère
Romy Devienne

Au Conseil d’Administration de l’UBM, la présidence a présenté son plan « égalité femmes-hommes » pour combattre les inégalités que subissent les travailleuses de la fac. Cette étude montre que ce sont les femmes qui sont souvent les plus précaires, même à l’université. Et en cause, les politiques austéritaires du gouvernement à l’université, qui précarisent toujours plus les femmes.

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Crédits photo : Université Bordeaux Montaigne

« Un établissement très féminisé » : personnels de l’ESR précaires !

Le 26 février, la présidence de l’Université Bordeaux Montaigne a présenté au Conseil d’Administration son « plan égalité femmes-hommes », dans lequel les premières lignes témoignent que les travailleuses sont majoritaires à l’université. En effet, depuis 2014 le nombre d’enseignantes-chercheuses a même augmenté : elles sont passées de 30% à 57% en 2019.

On peut néanmoins constater une sous-représentation des femmes dans les postes plus stables de professeurs des universités : bien que les femmes occupent le plus d’emplois à la fac, cela ne garantit en rien l’égalité et leurs conditions de travail.
La précarité de l’Enseignement supérieur explose depuis plusieurs années par manque de moyens et d’investissements de l’État. Par conséquent, les emplois sont impactés et ce sont effectivement les femmes qui en sont la première ligne par l’organisation du travail conditionnée aux oppressions du système patriarcal.

Parmi les contrats précaires, les doctorants contractuels par exemple sont représentés à 66% de femmes et les contrats LRU qui constituent des statuts de sous-enseignants corvéables et exploitables à souhait sont à 69% des femmes ; mais ce sont aussi 69% des BIATSS contractuels et au total 72% de contractuels de catégorie C — catégorie la plus basse de la fonction publique — qui sont représentés par les femmes, enchaînant ainsi les contrats temporaires et vivent dans l’instabilité.

Ces contrats précaires sont le fruit des politiques des différents gouvernements qui ont successivement attaqué l’Université de masse à travers de réformes néolibérales qui n’ont que précarisé les travailleurs et particulièrement les travailleuses, ainsi que les priver de leurs droits, notamment au travers de la Loi relative aux libertés et responsabilités des universités (loi LRU). Cette loi a démantelé l’université en plusieurs secteurs, bien visibles par le nombre de contrats existants, ce qui a contribué à diviser tous les travailleurs au sein d’un même établissement. Un simple constat de l’UBM au travers du « plan égalité hommes-femmes » quant à la précarité qui augmente et les inégalités qui se creusent n’est pas suffisant pour espérer améliorer les conditions de travail dégradées pour les travailleuses de l’université alors même que le gouvernement continue de la démanteler.

Un féminisme institutionnel ou un féminisme de lutte ?

C’est directement à la demande du Ministère de l’Enseignement supérieur que l’Université Bordeaux Montaigne a rédigé ce rapport. Si le « plan égalité femmes-hommes » est destiné au gouvernement, la direction attend donc des réponses de celui-ci alors que c’est l’État lui-même qui a démantelé l’université et réduit le budget qui lui était alloué. Il n’y aurait donc rien à attendre de l’État pour lutter contre la précarité et les inégalités, mais ayant tant confiance dans les institutions étatiques, la présidence de « gauche » de l’UBM en revient à cautionner les politiques qui ont précarisé l’Enseignement supérieur et creusé les inégalités dont les femmes travailleuses sont en première ligne. La présidence se retrouve comme toujours à gérer la misère au sein de l’université, mais en plus paraît s’en accommoder.

Les objectifs que se donne l’université Bordeaux Montaigne sont dérisoires, entre autres, la revalorisation des salaires des contrats LRU en est l’exemple : avec quel budget ces salaires pourront être revalorisés ? À quel autre secteur de l’université l’argent devra-t-il être prélevé pour permettre un meilleur salaire aux contrats LRU ? Au début de l’année 2021, les étudiants d’histoire ont appris la suppression de leur TD d’Histoire moderne faute de moyens et de personnels, qui témoigne d’une part du manque de moyens structurels à l’université, mais aussi qui dévoile la politique conciliatrice de la présidence.

Si la présidence continue donc de se donner une image progressiste de « gauche », de l’autre côté les représentants de la liste Ensemble au Conseil d’Administration déclaraient au CA du 26 février être opposés à la « propagande qui diffuse le genre dans la recherche ». Ce mépris à l’égard des analyses et remises en question des oppressions patriarcales est le reflet de l’offensive réactionnaire que connaît aujourd’hui l’Université. Pour une véritable émancipation des travailleuses, il est nécessaire de dénoncer ces positions réactionnaires et de défendre les études permettant d’analyser les conditions du système capitaliste et patriarcal qui n’offrent que la misère aux travailleurs et travailleuses.

Les solutions proposées par la présidence de l’université ne sont pas satisfaisantes. Si les travailleuses exigent l’égalité de salaire avec leurs collègues hommes, leur combat ne s’arrête pas là, car, comme évoqué plus haut, les politiques d’austérité ont précarisé l’ensemble des travailleurs des services publics, pas seulement les travailleuses. Il ne suffit pas d’égaliser les conditions de travail et salariales, car cela ne resterait qu’une égalité dans un précariat. Pour que les femmes et tous les travailleurs de l’enseignement supérieur sortent de la précarité à laquelle ils sont condamnés, il est nécessaire donc de revendiquer un investissement massif dans l’université financé par un impôt sur les grandes fortunes et la titularisation de tous les contrats précaires afin de niveler tous les salaires vers le haut.

 
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