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La Izquierda Diario
31 de mars de 2021 Twitter Faceboock

EHPAD en grève
« On souffre, on travaille à la chaîne ». La grève continue dans l’EHPAD Korian de Sarcelles !
Alexis Taïeb

Une grève a commencé ce mardi à l’EHPAD Korian de Sarcelles. En pleine crise sanitaire, le personnel dénonce le manque de moyens et de personnel, qui conduit à une « maltraitance institutionnelle » des résidents.

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Depuis mardi, 80 % du personnels de l’EHPAD Korian à Sarcelles est en grève pour dénoncer les sous-effectifs qui détruisent leurs conditions de travail, et conduisent à une « maltraitance institutionnelle » des résidents, expliquait une aide-soignante, à l’équipe de Révolution Permanente hier.

Ce mercredi, comme la veille, entre midi et 15h30 (pendant leur temps de repos pour limiter l’impact sur la vie des résidents), les personnels de l’EHPAD se sont réunis devant l’établissement pour tenir le piquet de grève. Malgré la situation, l’ambiance y est plutôt festive : la détermination des grévistes s’est fait entendre dans toute la rue, les voitures et les passants ne manquant pas de soutenir ces travailleurs courageux.

Nous avons interviewé Cynthia, déléguée CGT et aide-soignante au sein de l’EHPAD depuis 26 ans. Elle revient sur les nombreuses fermetures de lits qu’il y a eu ces dernières années et le manque criant de personnel. « Notre direction d’établissement ne remplace pas à 100 %. Quand ils remplacent, ils prennent des vacataires à mi-temps au lieu de les prendre à temps plein, et les personnes qui sont en arrêt maladie ou en RTT ne sont jamais remplacés. [...] Nous ce qu’on demande à minima c’est le remplacement à 100%, mais nous avons surtout un besoin urgent d’embauches et d’augmentations de salaires."

Avec ces remplacements non-assurés, le personnel se retrouve systématiquement en sous effectif et doit travailler « à la chaîne » comme l’explique Rahinatou, cuisinière dans l’établissement et Chrystel, AMP (aide médico-psychologique) :

Les aides-soignants se retrouvent donc à 3 par étages pour s’occuper de 50 patients. « On est en souffrance, depuis le COVID on nous traite comme des chiens. Pour les résidents c’est de la maltraitance, on nous demande de faire du travail à la chaîne, du travail bâclé. ». Une situation catastrophique et très difficile pour les travailleurs, mais aussi pour les personnes résidentes qui sont des personnes âgées et souvent très isolées, alors que les personnels n’ont plus le temps de remplir ce rôle de soutien psychologique auprès des malades. Une double peine pour les soignants qui, en plus de subir des conditions de travail éprouvantes, sont obligés de porter le sentiment douloureux de ne pas bien pouvoir faire leur travail, et de devoir laisser la question du bien-être de leurs patients de côté.

Une position très douloureuse pour tous les résidents et les travailleurs de l’établissement, orchestrée par les patrons qui n’en n’ont que pour leur profit et n’hésitent pas à laisser leurs employés travailler en sous-effectif durant de long service au dépend de leur propre santé. Une gestion patronale qui a été permise en particulier par la casse des services publics et de la santé depuis plusieurs années, et dont les effets ont été exacerbés avec la crise sanitaire.

À l’image des moyens alloués à la santé dans les banlieues parisiennes, en pleine explosion de l’épidémie où les patients Covid occupent déjà plus de 128% des places en réanimation dans le Val d’Oise selon Covid Tracker, et alors que ces zones concentrent les populations les plus pauvres et les plus particulièrement exposées au virus du pays, elles restent néanmoins les moins vaccinés de l’hexagone comme nous l’écrivions déjà dans nos colonnes cette semaine à propos du département voisin.

Dans ce contexte, la démarche des grévistes de l’EHPAD de Sarcelles qui n’hésitent pas à prendre sur leur temps de repos pour se mobiliser est plus qu’exemplaire et louable, car la seule solution à apporter à la crise sanitaire ne peut venir que d’en bas. Les travailleurs sont les seuls en capacité de juger des moyens dont ils ont besoin et ne peuvent compter que sur eux-mêmes pour reprendre leurs affaires en main face à la gestion capitaliste de la crise.

 
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