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12 de mars de 2021 Twitter Faceboock

Bordeaux
Insalubrité, cafards dans les chambres : les étudiants précaires du village 6 en lutte pour leur dignité
Aura Roman Magrans, étudiante et habitante du Village 6

Situé sur le Campus de Pessac-Talence-Gradignan, le Village 6 devient de nos jours l’image vivante de la détresse étudiante face à des difficultés économiques et sociales, qui sont renforcées par la crise sanitaire que nous traversons aujourd’hui. Face à cela les habitants du village ont décidé de s’organiser depuis une semaine en assemblée générale et avec un comité de lutte contre la précarité.

Link: https://www.revolutionpermanente.fr/Dans-les-cites-universites-bordelaises-les-etudiants-s-organisent-face-a-la-precarite

Photo : Repas solidaire du 9 mars

Le village 6, ou communément appelé par ses habitants « cafardland », amène de nombreuses difficultés pour le quotidien de ses habitants. Tout d’abord, la question de la salubrité devient une problématique remarquable : des espaces communs peu nettoyés (en plus du manque d’intimité dans les toilettes et les douches), des problématiques mythiques avec des insectes (que ce soit des cafards ou des punaises de lit) ou encore le manque d’isolement au sein des chambres, ce qui impacte de façon directe les températures et l’entrée de l’humidité et du froid au sein des pièces, ce qui oblige les étudiants à investir dans un chauffage, en plus de l’achat d’un micro-ondes et un frigo. Face à ces conditions, le CROUS de Bordeaux « s’engage » tout en proposant un service de nettoyage une fois par jour (sauf le week-end) et des passages toutes les trois semaines d’une entreprise agrochimique, ce qui reste insuffisant pour l’extermination des bêtes au sein de la résidence.

Photos des habitants du village 6

D’autant plus, la grande majorité des habitants de cette résidence sont des étudiants étrangers soumis à une grande précarité. A ce sujet, plusieurs axes s’ouvrent ; tout d’abord, concernant la question de la régularisation des papiers : il n’est pas impossible que beaucoup de résidents soient encore en train de jouter contre les institutions françaises pour avoir les conditions nécessaires pour trouver un travail convenable (et qu’il soit compatible avec les cours). Pendant ce temps, des difficultés se dessinent devant eux pour payer le loyer qui est, à ce jour, de cent quarante-neuf euros par mois. Même si des aides sont proposées par la Caisse d’Allocations Familiales, celles-ci restent insuffisantes et, en ce qui concerne les bourses du CROUS, ils n’y ont pas accès. Cela fait preuve d’une discrimination quotidienne et ordinaire qui s’impose, en plus de la grande précarité existant parmi la majorité des étudiants. Par conséquent, une barrière se construit, une barrière qui les empêche de lever tête et qui favorise sans trêve ce cercle vicieux. Face à cette réalité, le CROUS continue de s’acharner sur eux, en les menaçant d’expulsion ces résidents et mène une politique de pression pour le paiement du loyer allant jusqu’à rentrer de force dans les chambres.

Cafardland est aussi un lieu de décrochage de cours, d’isolement social, de peurs et d’oubli. Beaucoup d’étudiants ont déjà fui la résidence mais beaucoup aussi ont essayé de fuir de leurs vies en son sein. Le CROUS reste au marge de ce fait, il nous empêche même de sociabiliser avec la fermeture des espaces communs à vocation de créer du lien tels que l’espace d’études ou encore le salon TV, alors que les gestes barrières peuvent tout à fait être respectés.

Seulement des mobilisations d’associations telles qu’Espoir Pour Tous (Talence) et les Gratuits Solidarité (Bordeaux) avec la pizzeria Ripiano (Mérignac- Soleil), par exemple, ont pu contribuer à la lutte contre la précarité (pas seulement étudiante) en organisant des distributions alimentaires ouvertes à tous, ce qui devient le seul moyen pour de s’en sortir pour beaucoup d’étudiants au V6.

Également, une mobilisation des étudiants au sein de ce tripode se prépare : depuis la semaine dernière les résidents se retrouvent en assemblée générale où des sujets qui touchent le quotidien de leurs vies sont discutés, cela montre une volonté des habitants de prendre en main leur situation. Les étudiants du village se mobilisent de plus en plus pour en finir avec leur quotidien

Ainsi, lors la première assemblée générale du jeudi 4 mars 2021, plusieurs cadres et actions se sont définis : tout d’abord, cet évènement a été un lieu d’échange, où l’isolement s’est rompu et les rencontres ont pu avoir lieu. Également, cela a été une opportunité pour libérer la parole, pour que les habitants puissent s’exprimer, notamment au sujet des cafards (il y a eu une réelle remise en question sur ce que ils vivent vraiment, sur la non banalité du sujet) et du loyer (on peut se rendre compte que le paiement du loyer empêche beaucoup d’étudiants de vivre), étant donné que ces conditions ne devraient pas être systématiques pour des jeunes qui vont bâtir le futur de demain.

Dans un deuxième temps, ce regroupement d’une trentaine de personnes, a été aussi une opportunité pour commencer l’auto-organisation du village : les résidents ont pu réclamer une liste de revendications auprès du CROUS, une liste qui se complétera au fur et à mesure des assemblées générales à venir. Dans cette liste, nous pouvons déjà noter la mise en place de poubelles dans les cuisines, le changement des portes extérieures pour plus de sécurité, l’isolement total des chambres, la rénovation des parties communes et, évidemment, l’extermination totale des cafards et autres insectes qui hantent la résidence. Dans cette lancée d’idées, les résidents ont pu également voter à l’unanimité la création du Comité d’Action du Village 6, un groupe constitué avec une quinzaine de résidents prêts à agir en première ligne pour le village

Les premières missions du Comité d’Action sont déjà en train de se mettre en place. En effet, les étudiants ont pu participer à la journée contre la précarité étudiante (organisée par l’association Onzième Thèse au parvis de l’Université Montaigne Montesquieu), où les membres du Comité ont pu s’exprimer, que ce soit par la mise en place de banderoles, les entretiens avec différents médias (le journal Sud-Ouest et France 3, notamment) ou encore la prise de parole pendant l’évènement. De plus le comité contre la précarité est en train de de mettre en place une continuité alimentaire au sein de la résidence, auto-organisé par les habitants eux-mêmes.

Également, le comité contre la précarité à pour objectif d’animer la cité universitaire afin de créer du lien et rompre, encore une fois, l’isolement social que beaucoup sont en train de vivre (et pas seulement qu’au Village 6). Cette semaine également, une deuxième assemblée générale a eu lieu jeudi 11 mars 2021 à 19h, où des questions autour du vivre ensemble , de la continuité alimentaire mais aussi concernant la journée du 16 mars ont été évoquées

Depuis le Village 6 de Gradignan, et en appui du Comité d’Action, nous encourageons les autres Villages CROUS, à rompre contre l’isolement social, à prendre en main leur situation et à s’auto-organiser…Rassemblons-nous afin de lutter contre la précarité.

 
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