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24 de février de 2021 Twitter Faceboock

Depardieu mis en examen pour viols. La fin de l’impunité des « monstres sacrés » ?
Léa Luca

Dans la lignée de tant d’autres acteurs, réalisateurs et autres pontes du cinéma, Gérard Depardieu a été mis en examen pour viols sur une jeune comédienne.

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Crédit photo:Tiziana FABI, AFP

Comme souvent l’affaire avait été d’abord classée sans suite en juin 2019. Cependant suite à la déposition d’une seconde plainte en août 2020, l’affaire est confiée à un juge d’instruction et le célèbre acteur français Gérard Depardieu est finalement mis en examen pour viols et agressions sexuelles le 16 décembre 2020. La victime est une comédienne d’une vingtaine d’année, dont Gérard Depardieu serait « un ami de la famille » selon le journal Le Monde. Elle aurait été mise en relation avec Depardieu via son père, ami de ce dernier et reçoit de la part de l’acteur des conseils sur son jeu. 

Les faits qu’elle dénonce ont eu lieu à l’hôtel particulier de l’acteur, situé dans le 6ème arrondissement de Paris, près de Montparnasse, les 7 et 13 août 2018. Selon Le Parisien-> https://www.leparisien.fr/faits-divers/gerard-depardieu-mis-en-examen-pour-viols-23-02-2021-SKF3DTC6ORCWFFD3UHL2CXP7SQ.php l’analyses des caméras situées au salon du domicile de Depardieu confirme les témoignages de la jeune fille. On y voit les deux personnes discuter puis l’acteur avancer ses doigts vers l’entre-jambe de la jeune femme. D’après le témoignage de celle-ci, il l’aurait alors pénétré digitalement. Depardieu réfute cette version et plaide «  une relation consentie  »...

Il y eut plein d’autres viols, trop pour les compter

Ces graves accusations ne sont pas sans faire échos à divers actes et propos sexistes proférés par l’acteur depuis des années. En 1991, en particulier, à l’occasion de la nomination aux Oscars du « monstre sacré » français, le journal Le Times ressort ces propos de Depardieu lors d’une interview donnée en 1978 à la revue Film Comment :

« C’est lui [Jacky, un ami plus âgé] qui m’a fait participer à mon premier viol. C’était normal. Après cela, il y eut plein d’autres viols, trop pour les compter. Il n’y avait rien de mal à cela. Les filles voulaient être violées ; je veux dire, il n’y a jamais eu véritablement de viol. Il s’agit seulement d’une fille qui se met elle-même dans la situation dans laquelle elle veut être. La violence n’est pas commise par ceux qui passent à l’acte, mais par les victimes, celles qui permettent que cela arrive. »

Interviewé 13 ans plus tard dans le Times à ce sujet et répondant à la question de savoir s’il aurait en effet participé à son premier viol à l’âge de 9 ans l’acteur affirme :

  •  Oui. 
  •  En avez-vous commis d’autres ? Poursuit-elle.
  •  Oui, mais c’était absolument normal, dans ces circonstances. Tout cela me fait rire. C’était une partie de mon enfance.

    A l’époque, face à l’indignation contre ces déclarations qui éclate aux Etats-Unis, Gérard Depardieu reçoit la protection de la majeure partie de la presse française, qui voie dans ces accusations des calomnie contre son icône nationale. Le ministre de la culture lui même, Jack Lang, lui envoie par courrier ces mots de soutien : « Cher Gérard, je suis indigné par ce coup bas. Une telle bassesse est indigne de la presse d’un grand pays. Je suis de tout coeur avec toi ».

    Sur son Twitter Caroline de Haas rappelle par ailleurs ce dessin de Mathieu Sapin datant de 2017 dans lequel il décrit cette agression sexuelle commise et racontée par Depardieu : 

    Cette nouvelle plainte pour viols et agressions sexuelles s’inscrit dans la longue vague de libération de la parole sur les violences sexuelles ouverte depuis 2017 par le mouvement Me Too. Le milieu du cinéma, duquel a démarré le mouvement via l’affaire Weinstein, a été particulièrement visé par les dénonciations de victimes. En France, le monde du cinéma a été particulier touché ces deux dernières années par les déclarations d’Adèle Haenel contre Christophe Ruggia, ainsi que l’affaire Polanski. Le réalisateur Luc Besson, mais aussi le directeur du CNC (Centre National du Cinéma), Dominique Boutonnat, le producteur Gérard Louvain sont également l’objet de plaintes pour viols ou agressions sexuelles. 

    Depuis quelque mois le mouvement MeToo connait une seconde vague en France suite à la publication du livre de Camille Kouchner La familia grande, dont la parution a conduit à une explosion de la parole autour de l’inceste. Les hashtags #MeTooGayou #SciencesPorcs ont également secoué le pays au cours de ces dernières semaines. 

    Le cas de Depardieu vient rappeler cruellement, la nécessité de pousser plus loin ces phénomènes de dénonciation. Et alors que le 8 mars approche, il s’agit de préparer la lutte contre toutes les violences sexistes et sexuelles.

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