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La Izquierda Diario
10 de février de 2021 Twitter Faceboock

Lutte contre les licenciements
Construire un plan de bataille contre les licenciements : les grévistes de Grandpuits montrent la voie
Pepe Balanyà

Alors que les salariés sont touchés de plein fouet par une vague de licenciements historique, la réponse des organisations syndicales et politiques est rythmée par la division, le « dialogue social » et des journées de mobilisation isolées. Le rassemblement appelé par les raffineurs de Grandpuits en grève pour l’emploi à la Tour Total à la Défense montre la voie pour construire un plan de bataille alternatif et combatif.

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Crédits Photo : Karim Ait Adjedjou

Selon l’Insee rien que 700 mille emplois ont été détruits en France depuis le début de la crise sanitaire. Un chiffre qui tend à s’accroître avec une partie des 800 PSE déjà initiés depuis mars et qui augmentent à un rythme de 20 ou 30 plans sociaux par semaine, c’est-à-dire, environ 2000 ruptures de contrat tous les sept jours. Et cela sans compter les procédures de licenciement collectif, qui se passent souvent sous le silence, et qui se font hors PSE quand le nombre d’emplois supprimés concerne moins de 10 salariés. La Dares en comptabilise 6100 depuis mars.

Bien que la vague de licenciements soit historique par le nombre de postes et des secteurs touchés simultanément, la question de l’emploi est cependant mise au banc du débat public par le gouvernement et les grands médias. Récemment Bruno Le Maire, de passage à Toulouse, louait la solidité du secteur aéronautique en laissant de côté soigneusement les 30 mille emplois supprimés ou menacés dans cette filière lourdement touchée par la crise. Le sujet est explosif.

Les raffineurs de Grandpuits en grève, qui peuvent inspirer par leurs méthodes et combativité d’autres secteurs du mouvement ouvrier et remettre la question de l’emploi au centre, ont également fait les frais d’un véritable blackout médiatique qui ne commence à s’effriter qu’après un mois de grève dure et d’alliance et d’opérations médiatiques avec la gauche écologiste et sociale.

Ce mardi, dans le cadre d’une semaine charnière pour leur grève, les raffineurs et leurs soutiens se sont donné rendez-vous à la Défense, devant la tour Total où se tenait un nouveau CSE. Le rassemblement a été un pas en avant dans la médiatisation du conflit mais aussi une démonstration de force des grévistes en lien avec la gauche associative, syndicale et politique. Philippe Martinez (CGT), Simon Duteil (Solidaires) et Benoît Testé (FSU) étaient présents au rassemblement. Dans la gauche politique, François Ruffin (député LFI), Anasse Kazib (militant au NPA – Révolution Permanente et syndicaliste SUD Rail), Nathalie Arthaud (Lutte Ouvrière), et Aurélie Trouvé (porte-parole de ATTAC). y ont aussi participé. Du côté de la gauche écologiste on pouvait compter Cécile Marchand pour Les Amis de la Terre et Jean-François Julliard, directeur de Greenpeace France, ainsi que Cécile Duflot (directrice Oxfam France et ex-EELV), ou encore Nicolas Girod (porte-parole Confédération Paysanne).

Si ce soutien politique large est central pour appuyer les grévistes dans leur combat, la démonstration de ce mardi va au-delà des frontières de la raffinerie : elle est une preuve que face à l’offensive du patronat et du gouvernement, il est possible de combattre par la grève, dans l’unité et avec une stratégie alternative aux journées de mobilisation isolées couplées au dialogue sociale.

La méthode Grandpuits : s’appuyer sur la journée du 9 pour construire un plan de bataille

Si les conséquences de la crise sanitaire et économique pèsent dans la construction d’un rapport de forces à la hauteur de l’offensive, la méthode intransigeante des Grandpuits démontre que la stratégie choisie pour lutter contre les licenciements est un facteur déterminant de l’équation. Ce que certains analystes ont décrit comme résignation ou anesthésie du mouvement ouvrier s’explique d’avantage par la ligne conciliatrice des organisations syndicales privilégiant le « dialogue social » et la négociation à la grève et à l’organisation démocratique des salariés. Entre la combativité initiale des salariés de Bridgestone, prêts à faire marcher l’usine sans patrons, et le triste résultat final qui s’est soldé par la fermeture de l’usine moyennant des indemnités « sans faire brûler un seul pneu » des dires de l’avocat des syndicats, il y a un choix stratégique : la volonté de contenir la lutte dans les cadres du « dialogue social » pour ne pas effrayer un éventuel repreneur. Choix dont s’est félicité évidement le patronat et le gouvernement.

La méthode des Grandpuits, cherchant à construire un rapport de forces par la grève pour refuser de « négocier le poids des chaînes », par l’organisation démocratique des salariés et la convergence avec d’autres secteurs, est dans ce sens un contre-exemple plein de leçons pour les salariés mais aussi une inquiétude pour le gouvernement craignant un effet tache d’huile. En effet, l’exemple d’une alternative à la stratégie conciliante des directions syndicales dont a besoin le patronat pour faire passer ces attaques, pourrait faire basculer l’état de fait qui existe actuellement dans le mouvement ouvrier.

Si la convergence qu’il y a eu ce 4 février entre les raffineurs, les grévistes de Sanofi et des travailleurs de la maintenance SNCF montrait que les craintes du gouvernement sont fondés, le rassemblement de ce mardi, réunissant des organisations syndicales, politiques et écologiques autour des grévistes prouvait que cette alternative stratégique peut et doit se construire. Non seulement pour appuyer les grévistes de la raffinerie, mais aussi pour appuyer le reste des secteurs en lutte et offrir des perspectives à ceux qui sont isolés et désarmés.

En gardant le même esprit d’unité qui a réuni les grévistes avec les organisations syndicales, politiques et associatives, le rassemblement de ce mardi devrait être un point d’appui pour avancer dans la construction d’un plan de bataille à la hauteur de l’offensive du gouvernement et du patronat. Un plan de bataille qui reprendrait la méthode intransigeante des Grandpuits sur le terrain de la défense de l’emploi, et qui dépasserait ainsi la division des organisations politiques et syndicales et les journées de mobilisation isolées couplées au dialogue social qui ont rythmé les dernières mobilisations. Pour cela, les organisations syndicales et politiques présentes ce mardi doivent travailler à coordonner les différents secteurs en grève et ainsi poser les bases d’un front pour lutter pour l’interdiction des licenciements, le partage du temps de travail avec maintien de salaire, et des moyens dans les services publics de la santé et de l’éducation, pour que ce ne soit pas aux travailleurs de payer la crise.

 
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