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2 de février de 2021 Twitter Faceboock

Islamophobie
« Séparatisme » : le projet de loi islamophobe s’attaque toujours plus aux droits démocratiques
Nima Santonja

C’est ce lundi 1er Février 2021, à l’Assemblée Nationale, que débutent les débats autour des textes hautement polémiques du projet de Loi Séparatisme, dont le but affiché par le gouvernement est de renforcer le respect des principes républicains. Le projet de loi est porté notamment par la figure politique du ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, toujours au cœur d’une enquête, visé par des accusations de viol, d’abus de confiance et de harcèlement sexuel.

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Crédit photo : AFP

Un texte offensif… contre les personnes musulmanes et les libertés

Derrière l’objectif annoncé par le gouvernement, « combattre l’islamisme radical », le texte est en réalité l’aboutissement d’une escalade sécuritaire et islamophobe de la part du gouvernement, en témoignent différents actes comme l’humiliation d’une syndicaliste étudiante portant le voile à l’Assemblée Nationale ou encore la dissolution du Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF). Le texte fait donc succéder une série de mesures faisant plus ou moins polémiques, pour la majorité répressive, le volet sur l’égalité des chances, ou la lutte contre les discriminations, promis par l’exécutif, n’y étant toujours pas encore développé. On se retrouve donc un texte qui, dans les faits, cherche à renforcer les discriminations sur des personnes déjà stigmatisées par la xénophobie, le racisme et islamophobes, un texte qui s’attaque aussi à de nombreuses libertés fondamentales.

En effet, cet aspect liberticide du projet de loi a notamment été dénoncé par Stéphanie Hennette-Vauchez, professeure de droit public à l’université de Paris Ouest-Nanterre-La défense, spécialiste du droit des libertés fondamentales et membre de l’Institut universitaire de France (IUF), dans une interview pour le Nouvel Obs. Dans cette interview, elle rappelle que la défenseure des droits Claire Hédon avait fait ce calcul : plus d’un tiers des articles visent à renforcer des dispositifs de contrôle, et près d’un quart définissent des peines d’emprisonnement.

En effet, à l’heure actuelle, le projet de loi s’attaque notamment à la liberté d’association que le gouvernement veut limiter. Il contient aussi des dispositions touchant à la liberté de la presse, à la neutralité des services publics, aux droits civils comme le mariage, aux droits sociaux... Une focale donc extrêmement large, dont les aspects répressifs inquiètent tous les représentants des religions existant en France. Il n’y a pas à douter que les débats parlementaires seront hautement polémiques, et que Macron, souhaitant pousser jusqu’au bout ce texte législatif phare de son quinquennat, risque beaucoup.

Cette loi fait partie intégrante du dispositif réfléchi par Macron et son gouvernement pour chercher à recréer dans un secteur de la société un consensus raciste, autoritaire et impérialiste - en lançant ainsi la préparation de la candidature présidentielle de 2022.

Poussées à droite, désarrois à gauche

À droite, Marine Le Pen et le Rassemblement National pousse pour interdire le voile dans l’espace public, mesure ouvertement islamophobe visant à accentuer la stigmatisation des femmes musulmanes. Elle a notamment déposé une contre-proposition de loi, vendredi dernier, pour bannir les « idéologies islamistes ». Mais, qu’on ne s’y trompe pas, un amendement porté par les députés LREM Aurore Bergé et Jean-Baptiste Moreau, proche des positions politiques de Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Éducation, proposait aussi l’interdiction du voile pour les petites filles - amendement retoqué par la commission et non redéposé à ce jour. Quant aux Républicains, une critique s’élève sur l’ « insuffisance du projet de loi », qui ferait l’impasse sur la “question migratoire, la radicalisation dans nos prisons ou dans nos entreprises privées”. Le secteur le plus réactionnaire de la bourgeoisie et de l’Assemblée Nationale semble donc décidé à pousser le projet de loi vers des mesures plus stigmatisantes, et d’élargir le projet de loi à la lutte contre l’épouvantail de l’immigration, à un renforcement des mesures répressives carcérales, et au renforcement de la xénophobie ambiante sur les lieux de travail.

Il est à noter que des députés Les Républicains ont aussi proposé un amendement visant à étendre la possibilité de dissolution des organisations et des associations par le Conseil des Ministres (déjà hautement dangereuse), aux syndicats professionnels, atteinte extrêmement grave au droit de s’organiser comme travailleurs et travailleuses sur son lieu de travail selon leurs conditions, prétextant que certains syndicats « menaceraient l’unité de la Nation ». Encore un exemple de toutes les possibilités répressives et liberticides ouvertes et déployées par un tel projet de loi.

À gauche, les députés jouent le jeu du débat parlementaire en déplorant la faiblesse du texte en termes de mesures sociales et de lutte contre la discrimination. Pour donner du grain à moudre à la gauche parlementaire, le gouvernement Macron a cherché à modérer ce désarroi, avec des effets d’annonce autour de nouvelles mesures pour les mois à venir sur ces volets, une manière d’entrainer la gauche réformiste dans le débat parlementaire. Pourtant, en se positionnant de la sorte, la France Insoumise et le PCF légitiment de fait la loi séparatisme qui n’est ni amendable ni négociable. Il s’agit d’une loi profondément réactionnaire dont il faut exiger le retrait pur et simple.

Quel est le vrai "séparatisme" et comment le combattre ?

On voit donc que ce projet de loi, sous couvert de lutte contre l’islamisme radical, est à nouveau une offensive sécuritaire et liberticide du gouvernement Macron, qui ne cesse de démontrer que la solution choisie par la bourgeoisie aux nombreuses crises et convulsions du capitalisme est celle de la répression, de l’autoritarisme et de la dissolution de nombreuses libertés fondamentales. Tout cela ajouté à la loi Sécurité Globale, il devient critique de s’organiser et de riposter par la rue, sans aucune illusion sur le débat parlementaire, pour, non seulement se défendre de ces attaques, mais arracher de meilleures conditions de vie et de travail, de réelles possibilités de lutter contre les discriminations organisées et utilisées par le capitalisme, et d’y mettre définitivement fin. Car ce sont celles et ceux qui nous gouvernent et qui nous exploitent, qui organisent et profitent de toutes les formes de séparatisme. Face au « diviser pour mieux régner », organisons-nous pour les renverser !

 
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