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La Izquierda Diario
27 de janvier de 2021 Twitter Faceboock

Procès de l’agent orange
Agent orange. Le procès de Tran To Nga contre 14 multinationales de la chimie
Lily Inaya

Tran To Nga, une franco-vietnamienne de 79 ans, victime de l’agent orange, mène le combat de sa vie en intentant un procès aux 14 multinationales chimiques, dont Bayer-Monsanto, pour avoir fabriqué et commercialisé ce poison toxique lors de la guerre du Vietnam. Un procès inédit qui nous rappelle le rôle de ces firmes dans la destruction des terres, de la nature et des millions d’hommes et de femmes aux côtés des Etats impérialistes.

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Crédits photo : Keystone

Le poison orange

L’agent orange est un défoliant, un herbicide très dangereux surtout utilisé par les américains entre 1961 et 1971 lors de la guerre du Vietnam. Ces derniers arrosaient par avion, les cultures de denrées et les forêts afin d’atteindre les soldats et civils vietnamiens. La dioxine étant présente dans l’agent orange, confère à ce dernier un effet durable sur le long terme sur les populations et les territoires touchées. Cet herbicide, extrêmement pollueur, a contaminé près de 20% du centre et du sud du pays et est responsable de nombreux cancers, malformations à la naissance et problèmes respiratoires entre autres… Encore aujourd’hui, après 3 générations, “des enfants naissent sans bras, ni jambes à cause de cet agent orange”, explique Tran To Nga. Nous parlions d’ores et déjà de ses séquelles laissées lors d’un dernier article, paru en 2019. C’est pourquoi lundi, un procès inédit s’est ouvert à Evry, où la militante a décidé de traîner en justice les 14 multinationales qui ont accepté de produire et revendre leurs agents chimiques mortels pour l’Homme et l’environnement aux américains. Parmi les accusés, nous retrouvons le géant Bayer-Monsanto, qui a déjà fait beaucoup parlé de lui ces dernières années avec le glyphosate.

Enfin une reconnaissance pour les victimes vietnamiennes ?

Alors que les soldats vétérans américains ont été reconnus comme victimes de l’agent orange et indemnisés, les vietnamiens n’ont toujours pas eu droit à ce statut. Ce n’est pas faute d’avoir réclamé leur droit. En 2005, à New York, un procès a eu lieu en ce sens mais la cour a rejeté la plainte. Le juge a en effet estimé que “l’agent orange n’est pas un poison au regard du droit international” et qu’il est tout à fait légitime d’utiliser un herbicide. Une démonstration de la puissance des lobbys des industries chimiques et la connivence de la justice. Ce qui prouve encore une fois que dans une société capitaliste, la justice est à la taille des intérêts de la bourgeoisie. 

C’est dans ce contexte et l’armada d’avocats des multinationales chimiques que Tran To Nga, 79 ans, va porter haut et fort ce dernier combat devant le tribunal d’Evry. Face à elle, les avocats évoquent le fait que les multinationales ne sont pas responsables de la guerre du Vietnam et n’ont fait que répondre à la demande du gouvernement américain à l’époque et ”qu’il ne peut pas contrôler l’acte d’un Etat souverain étranger”. Mais, en parallèle, ces entreprises connaissaient très bien la toxicité de l’agent orange mais continuaient à le commercialiser car ce dernier était extrêmement rentable. Tran To Nga espère que ce procès fera jurisprudence et pourrait permettre de reconnaître la dimension de crime international “d’écocide”. Le verdict sera rendu le 10 mai prochain.

Multinationales chimiques au procès contre l’environnement et la dignité humaine

Faire condamner ces 14 multinationales “d’écocide” serait historique et un nouveau souffle pour toutes les victimes vietnamiennes, passées, présentes et futures, de l’agent orange. Elles seraient enfin reconnues comme elles le devraient, c’est-à-dire, victimes de l’impérialisme américain et de l’oisiveté et la cupidité des firmes internationales chimiques, qui n’ont pas hésité à produire et vendre des agents chimiques mortellement polluants, détruisant une très grande partie des terres du Vietnam.

S’il est important de suivre et de soutenir Tran To Nga dans ce procès, c’est aussi pour mettre en lumière la responsabilité des multinationales chimiques sur les dégâts causés par leurs productions et leurs utilisations. Néanmoins, gagner ce procès ne pourrait se faire de façon équitable dans un système judiciaire capitaliste, qui se veut de classe où les entreprises les plus puissantes ne seront condamnés qu’à des amendes et des indemnisations à variable minimes à l’échelle de leur profit, alors que les populations telles que Tran To Nga auront des séquelles à vie. 

Si aujourd’hui, ces dernières n’utilisent plus leur production à des fins d’impérialisme guerrier, leur activité n’a jamais cessé de répandre ces agents toxiques dans l’environnement et sur l’ensemble de la planète. Au lieu de directement asperger ses agents par avions lors de guerre, ces entreprises impérialistes répandent les phytosanitaires, à l’aide de lobbys et des gouvernements impérialistes, dans les cultures du monde entier, comme les OGM, le PCB, le glyphosate... et sont rachetés par les classes les plus opprimées et les plus précaires de notre monde, du fait du rendement et des faibles coûts. Le système capitaliste, basé sur l’oppression et l’exploitation de l’homme, et de la nature, est destructif pour nos vies et notre planète. Face aux crimes passés et présents qui accumulent ces groupes chimiques contrôlés par un poignée d’actionnaires guidés par le profit, le seul endommagement possible consisterait à l’expropriation sans rachat de ces multinationales pour les laisser sous contrôle de ses propres ouvriers. Ça serait la seule façon de mettre ces entreprises actuellement meurtrières et polluantes au service des besoins sociaux et environnementaux.

 
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