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La Izquierda Diario
15 de janvier de 2021 Twitter Faceboock

Affaire Théo et couverture des violences policières : un simple blâme pour deux des quatre policiers ?
Jeanne Blue

Le conseil de discipline requiert un blâme contre deux des quatre policiers poursuivis dans l’affaire Théo, jeune tabassé par la police en 2017, et ce alors que les policiers en question sont renvoyés aux assises. Une expression explicite de couverture de violences policières.

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Photo Geoffroy Van der Hasselt. AFP

Le 2 février 2017 Théo Luhaka alors âgé de 22 ans subis un contrôle par 4 policiers à Aulnay-sous-Bois dans la cité des 3000. Il est interpelé car il s’est opposé aux policiers qui tentaient de gifler un jeune homme lors d’un contrôle. Le contrôle dégénère et les policiers s’acharnent violement contre Théo, des vidéos de la scène montrent notamment que l’un des policiers a enfoncé sa matraque télescopique dans l’anus de Théo, qui avait été victime d’une rupture du sphincter. Des gaz lacrymogènes sont utilisés et un policier tire au LBD en direction d’un passant. Cet usage de la force clairement disproportionné est justifié par les policiers car un homme aurait tiré des projectiles en leur direction et qu’une trentaine de personnes leur auraient empêché de rejoindre leur véhicule. Situation clairement contredite par les vidéos amateures de la scène. 

Depuis près de 4 ans, Théo et sa famille mènent une bataille judiciaire contre les quatre policiers. A l’origine, ils étaient poursuivis pour « violences volontaires » et l’un pour « viol aggravé », un d’entre eux a obtenu un non-lieu et trois sont finalement poursuivi devant les assises pour « violences volontaires ».

Selon une source proche du dossier, le conseil de discipline requiert un blâme pour 2 des 3 policiers toujours poursuivis, le 3ème n’aura pas de conseil de discipline. Le blâme est l’une des sanctions les plus faibles de la fonction publique, il disparaît au bout de 3 ans en cas de non récidive et se révèle comme un message explicite alors que les policiers sont renvoyés aux assises. Selon la même source, le préfet de police Didier Lallement juge cette proposition « un peu basse », alors que l’on connaît la vision de ce préfet des violences policière il s’agit là d’une récupération politique afin de calmer la colère notamment dans un contexte ou les appels à manifester contre la loi sécurité globale continuent. A présent, ce sera à Lallement de confirmer ou d’infirmer cet avis.

Cette affaire illustre bien le traitement judiciaire des cas de violences policières. Alors que les blessures de Théo lui ont valu 60 jours d’ITT et qu’il devra avoir un suivi médical à vie, les charges contre les policiers sont requalifiées et la justice écarte la notion de viol. Même la défenseure des droits Claire Hedon réclamait dans un rapport en novembre des sanctions administratives et disciplinaires pour « une accumulation de manquements » contre les policiers incriminés, ce qui en soi aurait été largement en deçà des événements. En soi, cette réquisition témoigne d’une volonté acharnée de couvrir coûte que coûte les violences policières et prouve que la bataille se joue avant tout sur le terrain extra-institutionnel, dans la rue.

 
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