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La Izquierda Diario
9 de janvier de 2021 Twitter Faceboock

Pas d’argent magique
Un cabinet de conseil américain à 13 000 dollars par jour pour penser la campagne de vaccination
Arthur Nicola

C’est le nouveau scandale de la campagne désastreuse de vaccination lancée en France depuis 10 jours : le gouvernement a employé un cabinet de conseil américain aux factures salées pour penser les aspects logistiques de la campagne.

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Et si la start-up nation, c’était cela ? Un gouvernement qui fait appel à des cabinets de conseil internationaux pour lui déléguer des missions importantes comme le fait de penser les structures logistiques d’une campagne de vaccination contre la plus grande pandémie depuis la Seconde Guerre Mondiale ? C’est ce qu’ont critiqué de très nombreux politiques, de la droite à la France Insoumise, depuis les révélations du site Atlantico.eu, étayées par celles du Canard Enchaîné : Yannick Jadot y voit le « diagnostic gravissime d’un pouvoir à la dérive dans la gestion de la pandémie » ; Bastien Lachaud (FI) critique « l’abaissement de l’État et le règne de l’incompétence » ; Raphaël Glucksmann s’exclame lui que « la déchéance de notre Etat est un crève-cœur ».

Au cœur de la polémique, l’appel au cours du mois de décembre de McKinsey, un cabinet de conseil américain, par le gouvernement pour penser le déploiement du vaccin en France, notamment le « cadrage logistique » et la « coordination opérationnelle ». Ce cabinet, parmi les plus importants au monde, emploie 33 000 salariés et a eu un chiffre d’affaires de plus de 10 milliards de dollars en 2018. Un mastodonte du système qui conseille 90 des 100 entreprises les plus importantes du globe, ainsi que de nombreux gouvernements.

L’appel à ce cabinet de conseil montre une nouvelle fois l’impréparation du gouvernement, qui a fait appel à l’entreprise à la mi-décembre, visiblement dépassé par la difficulté de la tache qui lui incombait, à savoir une campagne de vaccination capable de protéger des dizaines de millions de personnes dans un temps très réduit. Pourtant, les compétences des agents de l’État sont censés être loin de manquer et les ministères fourmillent de hauts-fonctionnaires qui pantouflent souvent avec ces mêmes cabinets de conseil. Le problème n’est donc pas une question de compétence, mais bien de préparation politique à une nouvelle phase de la pandémie : celle de la vaccination de masse. Si le retard français par rapport à ses voisins européens montrait déjà l’incompétence de la macronie, cette révélation vient la renforcer.

Ce qui choque d’autant plus, c’est le montant d’une telle prestation aux frais de l’État et donc des contribuables : près de deux millions d’euros par mois, selon Le Point. Car si pour beaucoup de politiques, le problème central serait la « disparition » de l’État face aux entreprises privées, le problème est bien ailleurs. En effet, la pratique de faire appel à des sociétés de conseil pour penser des pans entiers de la politique gouvernemental n’est pas nouveau, comme le note Le Figaro. Selon un rapport de la Cour des Comptes de 2014, entre 2011 et 2013, l’État avait déjà employé McKinsey, pour 19,1 millions d’euros. Le premier client de l’État était alors CapGemini, un cabinet français, qui avait décroché près de 55 millions d’euros de contrat. Un cabinet qui illustre comment ce type de cabinet de conseil fonctionne très bien en synergie avec les ministères et la haute fonction publique, avec de nombreux hauts fonctionnaires qui « pantouflent », passant des hautes administrations aux entreprises publiques. On trouve ainsi dans les onze membres du Conseil d’Administration de CapGemini deux hauts fonctionnaires sortis de l’ENA : Frédéric Oudéa, inspecteurs des finances, maintenant DG de la Société Générale avait été conseiller de Nicolas Sarkozy ; Xavier Musca, lui aussi inspecteur des finances avait ensuite été secrétaire général de la présidence de la République toujours sous Sarkozy.

Des interconnexions qui s’illustrent aujourd’hui par la présence de Maël de Calan, « associate partner » chez McKinsey France, ancien membre du bureau politique de l’UMP, et conseiller d’Alain Juppé. Ces interconnexions entre le gouvernement français et les grandes multinationales bancaires et financières sont loin cependant de montrer une « dégradation de l’Etat », mais montre au contraire comment la bourgeoisie française a toujours su alterner ses responsabilités politiques et ses intérêts financiers, n’hésitant pas à utiliser des cabinets indépendants dont les membres sont issus de ses rangs pour mieux se rémunérer. 

 
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