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16 de décembre de 2020 Twitter Faceboock

International
Economie, politique, lutte de classe. Michael Roberts et Claudia Cinatti sur les perspectives en 2021
Claudia Cinatti
Michael Roberts

Alors que l’année de la pandémie de coronavirus touche à sa fin, Michael Roberts, économiste marxiste anglais, et Claudia Cinatti, éditorialiste de LID sur les questions internationales, reviennent sur les tendances de l’économie, de la situation politique et la lutte des classes pour 2021.

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L’économie mondiale post-pandémie

Avec la dépression générée par la pandémie de la COVID-19, les dépenses publiques des principaux gouvernements capitalistes ont considérablement augmentées pour en atténuer l’impact, notamment sur les entreprises et, dans une moindre mesure, sur la population active. Le Fonds monétaire international (FMI) prévoit une contraction de 4,4 % de l’économie mondiale cette année. En 2009, selon le même organisme, elle avait chuté de 0,1 %.

Le FMI estime par ailleurs que la stimulation fiscale et monétaire dans les économies avancées a été équivalente à 20 % de leur produit intérieur brut (PIB). Dans les pays à revenu intermédiaire, celle-ci a été de 6 à 7 %. Cependant, dans les pays arriérés et dépendants, la réaction a été beaucoup plus modeste. Ces derniers ont réalisé des dépenses équivalant à 2 % de leur PIB, ce qui les rend beaucoup plus vulnérables face à une récession prolongée, qui pourrait plonger des millions de personnes supplémentaires dans la pauvreté. Le FMI lui-même a fourni 100 milliards de dollars de prêts d’urgence et la Banque mondiale a mis de côté 160 milliards de dollars. Selon l’Institut de Finances Internationales, sur les marchés des pays centraux, la dette a dépassé de plus de quatre fois le PIB mondial au troisième trimestre 2020. Cette fabuleuse augmentation des dettes publiques et privées n’était pas destinée à l’investissement mais à la spéculation. L’achat d’actions a pour effet que les marchés boursiers ont été le seul domaine où les valeurs ont augmenté depuis la pandémie. Les gouvernements et les banques centrales ont la difficile tâche de contenir les dépenses et d’empêcher que ces bulles éclatent.

Pour revenir sur ces tendances et leurs conséquences potentielles sur l’économie, la politique et la lutte de classe en 2021, LID s’est entretenue avec Michael Roberts et Claudia Cinatti.

Michael Roberts : « Le capitalisme ne peut pas sortir de cette crise »

La Izquierda Diario : Où en est l’économie mondiale ?

Michael Roberts : Pour surmonter cette pandémie, les gouvernements et les banques centrales ont imprimé d’énormes quantités de monnaies, les banques et banques centrales ont accordé de très grandes quantités de prêts garantis par l’État, du moins dans les pays capitalistes avancés. Des milliards de dollars ont été distribués pour aider les gens à survivre, pour essayer de sauver les petites entreprises, mais surtout sauver les grandes entreprises de la faillite. L’une des thèses que j’avance est que cette dette ne peut être financée et maintenue que si les entreprises font suffisamment de profits. Il existe une contradiction permanente entre les efforts des différentes entreprises individuelles pour essayer d’augmenter leurs propres profits au même moment. Cela conduit en fait à une baisse générale du rendement du capital au fil du temps. C’est une théorie que Marx a mise en avant pour expliquer la crise du capitalisme. La rentabilité du capital a tendance à diminuer avec le temps et, malgré les efforts des capitalistes individuels pour augmenter leurs propres profits, le système capitaliste ne peut maintenir ce niveau de rentabilité.

Le taux de profit à l’échelle mondiale et dans des pays comme l’Argentine, le Brésil et d’autres pays est à un minimum historique. Vous avez donc de grosses dettes et une faible rentabilité, ce qui est la recette d’une profonde crise du crédit, pour l’année prochaine. Nous savons déjà qu’il y a quelque chose comme 20 ou 25 % d’entreprises moyennes qui ne font pas assez de profits pour couvrir les frais d’intérêt qu’elles doivent payer pour leurs dettes existantes. Nous les appelons les « entreprises zombies ». Elles ne sont pas mortes, elles ne sont pas en faillite, mais elles ne sont pas non plus en vie, elles ne se développent pas, elles sont « non mortes ». C’est la situation d’une grande partie du secteur des entreprises. Nous allons donc entrer dans une période de faible croissance, de faible reprise, même si les vaccins fonctionnent, avec la possibilité d’une sorte de crise du crédit et financière à mesure qu’on s’approche de 2021.

Isabel Infanta : Face à cette situation économique sombre, quelles sont les perspectives, surtout pour la classe ouvrière ?

Michael Roberts : De nombreuses entreprises vont faire faillite. Les banques ont beaucoup d’argent parce que les banques centrales en ont imprimé pour éviter un effondrement bancaire comme celui de 2009, mais nous pourrions connaître une crise du crédit des entreprises dans laquelle de nombreuses sociétés feraient faillite. Peut-être que les gouvernements laisseront cela se produire. Si c’était le cas, ce serait désastreux pour des millions de personnes en raison de leurs emplois et de leurs revenus et ainsi de suite, mais du point de vue du capitalisme, c’est un très bon moyen de sortir d’une crise. Il suffit de mettre des millions de personnes au chômage, de fermer toutes les entreprises « pourries », de laisser les grandes entreprises efficaces et rentables prendre la place laissée par les plus faibles et les remplacer, et on obtient un nouvel essor des capitaux. C’est une possibilité. Je pense qu’elle est peu probable, même s’il y a un effondrement d’une partie des plus petites entreprises, il semble que les gouvernements et les banques centrales ne veulent pas de ce genre de solution qui a été envisagée dans les années 1930.

Ce qu’ils veulent, c’est essayer de maintenir ces entreprises. Maintenir plus ou moins les entreprises « zombies », ne pas les laisser s’effondrer et espérer que l’économie, l’économie mondiale, se redresse et qu’à terme le capitalisme survive à cette crise. Ce que nous verrons, c’est donc une croissance très lente, le chômage qui a augmenté au cours de l’automne de cette année ne diminuera pas beaucoup, les salaires resteront bas, il n’y aura pas beaucoup de croissance des salaires, les gens seront en difficulté, les gouvernements essaieront de récupérer une partie de cet argent qu’ils ont dépensé par une augmentation des impôts ou en procédant à de nouvelles réductions des dépenses publiques. C’est le genre de choses que nous avons vues au cours des dix dernières années. Le capitalisme se trouve dans une situation où sa rentabilité est si faible et ses dettes si élevées qu’il ne peut pas sortir de cette crise, la seule issue serait une chute sévère qui modifierait complètement la proportion de bonnes et de mauvaises entreprises et cette situation ne semble pas encore se dessiner.

Claudia Cinatti : « Les tendances à de plus grandes rivalités entre les puissances ne disparaitront pas avec le départ de Trump »

Isabel Infanta : L’un des événements les plus importants de l’année qui s’achève est le changement de président américain. Que pouvons-nous attendre de la présidence du démocrate Joe Biden ? Quels changements et quelles continuités avec l’époque de Trump, face aux impérialismes européens, mais vis-à-vis de l’Amérique latine ?

Claudia Cinatti : Il y a une grande attente, surtout de la part des alliés traditionnels des Etats-Unis, qu’avec l’arrivée de Biden à la Maison Blanche s’inverse ce qu’a été la politique de Trump guidée ces quatre dernières années par le slogan America first. Une politique hostile à l’Allemagne et aux puissances européennes, exigeant qu’elles contribuent davantage au budget de l’OTAN, leur expliquant que les États-Unis n’allaient pas être leur gendarme, etc. Dans une certaine mesure il s’agit effectivement d’une autre orientation, mais il faut s’interroger sur les bases matérielles des attentes suscitées. Ce monde du multilatéralisme n’existe plus.

Il se peut que l’on n’entende plus beaucoup parler d’America First, mais cela ne signifie pas que les conditions sont réunies pour revenir à une sorte de mondialisation plus harmonieuse. Il y a des nœuds dans la politique étrangère qui ont déjà été anticipés, d’autres sont des hypothèses. Le premier est l’accord avec l’Iran. Par exemple, la déclaration de Biden est de revenir à l’accord nucléaire, mais non pas de lever les sanctions, sinon les utiliser pour obtenir de plus grandes concessions et même intégrer l’Arabie Saoudite et les Émirats Arabes Unis à l’accord. Avec la Chine, quelque chose de similaire se produit, Biden a précisé qu’il n’entendait pas lever les droits de douane que Trump a imposé sur plusieurs biens exportés par la Chine. C’est-à-dire que c’est une présidence qui, même si elle change d’orientation, va se baser sur des éléments que l’on retrouvait dans la politique agressive de Trump.

Il y a aussi un changement de ceux qui s’alignent sur la politique nord-américaine et certains acteurs sont très importants, par exemple l’Église catholique. Nous avons déjà vu le pape François s’aligner. Il y a une communauté d’intérêts avec cette politique plus multilatérale et moins polarisée. Les systèmes d’alliances en Amérique latine sont en train de changer, par exemple Bolsonaro ou Boris Johnson lui-même au Royaume-Uni avec le Brexit, tout ce secteur qui avait les faveurs de la principale puissance impérialiste, aujourd’hui ne les a plus. Evidemment ce sera un changement.

En ce qui concerne Cuba, on s’attend à ce que Biden reprenne d’une manière ou d’une autre la politique d’Obama. Une politique où, en échange d’un assouplissement des restrictions avec maintien des blocus, on attend une collaboration du régime cubain pour s’attaquer à des questions que les États-Unis souhaitent particulièrement résoudre. C’est le cas par exemple de l’accord de paix en Colombie, mais aussi du maintien de son contrôle sur le Venezuela lui-même. Il est probable que M. Biden reprenne une partie de cette politique, peut-être avec moins d’insistance. Dans une large mesure, Biden n’a pas beaucoup de différences avec ce que fut la politique de Trump : les deux soutiennent Guaidó et la tentative de coup d’État.

La base matérielle a changé. L’émergence de la Chine en tant que concurrent stratégique des États-Unis imprègne toute la politique étrangère américaine. L’Union européenne n’est donc pas non plus la même : si vous regardez les déclarations de Macron, il insiste sur le fait que l’Europe doit de toute manière encore progresser sur son autonomie, sur sa souveraineté, ce qui signifie par exemple, progresser sur la construction de forces armées communes à l’UE. Ces tendances à de plus grandes rivalités entre les puissances ne disparaîtront pas avec le départ de Trump. Il faudra également regarder ce qu’il en est de la politique intérieure. L’aspect le plus important était la constitution du cabinet économique. On peut notamment en attendre une politique de relance budgétaire pour soutenir la reprise économique post-récession de la Covid et un endettement. La nomination du cabinet économique est en ce sens un message adressé à la classe patronale.

Michael Roberts : « la classe ouvrière est toujours une force de changement »

Isabel Infanta : Ni la pandémie ni la crise économique ne frappent de la même manière les pays impérialistes et les pays dépendants, arriérés, les mal-nommés « émergents ».

Michael Roberts : La crise pandémique, dans laquelle nous sommes actuellement, a gravement touché ce que les économistes bourgeois appellent les « économies émergentes », bien qu’elles ne semblent jamais émerger. Près de 4 milliards de personnes vivent dans des économies et des pays qui ont fondamentalement un niveau de revenu assez faible par rapport à 20 grandes économies dans le monde, qui ont un niveau de revenu par habitant beaucoup plus élevé. Donc, ces 4 milliards souffrent beaucoup plus que les personnes vivant dans les principales économies capitalistes. Si vous retirez la Chine de l’équation, les taux de pauvreté sont restés très, très mauvais au cours des 15 ou 20 dernières années, selon les Nations Unies elles-mêmes. Ces taux de pauvreté vont s’aggraver.

Il y a environ cent ans, Lénine a écrit un livre intitulé « L’impérialisme stade suprême du capitalisme » qui soulignait la concentration de toutes les richesses et du pouvoir technologique du capital dans quelques pays seulement de l’hémisphère Nord. Beaucoup de gens ont dit depuis que c’était dépassé, que ce n’était plus pertinent. Pourtant, il y a encore une énorme différence entre les pays impérialistes et le reste du monde. Ces pays impérialistes ont les grandes multinationales et les grandes banques, ils ont prêté leur argent à des pays comme le Brésil, l’Argentine, l’Afrique du Sud. Ces dettes sont énormes. Quelle est la réponse à celles-ci ? Le FMI, la Banque mondiale et le G20 se sont réunis il y a tout juste deux semaines pour discuter de cette question. Qu’ont-ils dit ? « Non. Nous n’allons pas annuler la dette. Tout ce que nous allons faire, c’est vous permettre de ne pas avoir à payer les intérêts de la dette pendant un an de plus si vous êtes très, très pauvre. »

Isabel Infanta : Cette année, la classe ouvrière a montré son caractère essentiel, mais aussi ses conditions de travail précaires. C’est le secteur le plus exposé au virus et qui a le moins de ressources pour y faire face. Comment est-il configuré et quelles sont les forces dont disposent les travailleurs pour faire face à ce qui va suivre ?

Michael Roberts : La classe ouvrière est maintenant la classe majoritaire dans le monde, je pense que c’est une chose importante à mentionner. La plupart des gens vivent dans des villes, la plupart des gens vendent leur travail et vont travailler pour un employeur dans ces villes, dans des bureaux, des usines, des mines, etc. La vision que Marx et Engels avaient il y a 170 ans, selon laquelle les membres de la classe ouvrière se convertiraient en agents du changement, est aujourd’hui évidente : la classe ouvrière n’a jamais été aussi grande dans le monde, le capitalisme a créé une classe ouvrière de trois milliards de travailleurs qui est une force très puissante, la plupart de ces travailleurs ne sont plus en Europe ou en Amérique du Nord ou dans les pays impérialistes, ils sont dans les pays d’Amérique centrale et du Sud, en Afrique, en Asie, ce sont les pays où la classe ouvrière grandit de plus en plus et devient une force.

Isabel Infanta : Une classe ouvrière plus étendue que jamais, puissante, capable de changer les perspectives sombres actuelles.

Michael Roberts : Ce que nous avons vu récemment, même pendant cette pandémie, ce sont des signes de lutte de cette classe. Ne serait-ce qu’au cours des deux dernières semaines, il y a eu une grève générale massive en Inde, la plupart des protagonistes sont des travailleurs ruraux ou des agriculteurs, mais des travailleurs urbains étaient également impliqués et ont essayé de bloquer la tentative du gouvernement de leur retirer leurs droits agricoles pour privatiser leur agriculture et toute une série d’autres mesures qui détruiraient fondamentalement les conditions de vie des travailleurs ruraux en Inde, qui sont parmi les plus pauvres du pays. Il s’agit d’une grève massive, organisée contre le gouvernement, et nous avons vu d’autres mouvements dans d’autres parties du monde où les gouvernements sont menacés d’être renversés. Cela survient au pire de la crise. Donc la première chose que je leur dirais est de ne pas abandonner, la classe ouvrière est toujours une force de changement.

Isabel Infanta : La classe ouvrière indienne vient de faire une grève gigantesque, comme le dit Roberts. L’Amérique Latine, pour sa part, a connu une année de profonds processus de lutte. Quelles sont ses perspectives dans le contexte des tendances qui viennent de se développer ?

Claudia Cinatti : Il y avait, pour schématiser, deux tendances : une qui venait des luttes d’en bas comme au Chili, en Colombie, en Équateur, et une autre qui venait de la réaction d’en haut comme Bolsonaro ou du coup d’État en Bolivie. La pandémie a été une sorte de pause, une parenthèse. Ce moment où la crise sanitaire a réussi à faire sortir les gens des rues est entrain de se terminer. Nous partons d’une situation beaucoup plus difficile du point de vue de la crise économique, de la crise sociale, du fait d’avoir été l’épicentre de la pandémie de coronavirus. Toutes les conditions qui avaient conduit à ces processus de 2019 se sont aggravées. Il y a des pays où il semble que la célèbre phrase de Lénine selon laquelle « “ceux d’en bas” ne veulent plus et “ceux d’en haut” ne peuvent plus » devient tout à fait claire. Face à cela, il y a des tentatives de canalisation, tout en faisant le moins de concessions possible.

Nous pourrions dire que des pays comme le Chili, le Pérou et dans un certain sens la Colombie, mais surtout le Chili et le Pérou où le néolibéralisme est inscrit dans la Constitution, ont une base matérielle commune. Ce sont ces contradictions qui existaient avant la pandémie, marquées par la crise politique et l’émergence d’une génération qui voit que le capitalisme n’a pas grand-chose à offrir. Cette dynamique ne conduira pas nécessairement à une victoire révolutionnaire, mais elle peut ouvrir des processus de lutte des classes beaucoup plus aigus et c’est sur cela que nous, en tant que révolutionnaires, devons intervenir.

Isabel Infanta : Cette année, l’économie mondiale a subi une dure récession qui a conduit à plus de chômage, des États et des entreprises beaucoup plus endettées, et la possibilité de faillites et de crises qui conditionnent la reprise qui suivra la pandémie. La concurrence entre les entreprises et les contradictions entre les États seront aiguisées, tandis qu’un nouveau gouvernement entrera en fonction aux États-Unis qui donnera de nouveaux contours aux différends avec la Chine et les puissances européennes, ainsi qu’aux différents points chauds du globe. Dans ce cadre, il est probable que reprenne le cycle de luttes et de révoltes que nous avons connu au cours des années précédant la pandémie. La classe ouvrière a le plus grand potentiel de toute son histoire. Elle a le potentiel pour dépasser ses directions syndicales et politiques conciliantes et offrir une autre perspective que celle des capitalistes. Dans ce cycle, le programme Claves internacionales* a rendu compte de différents aspects de la réalité politique et sociale internationale, et de différents pays, en cherchant à apporter un point de vue internationaliste ainsi qu’une politique et un programme alternatifs à ceux des classes dominantes, non pas pour réformer le capitalisme, mais pour changer l’histoire et mettre fin à l’exploitation et à l’oppression.

*Claves Internacionales, « Clés internationales » en castillan, est un programme proposé par le réseau international de médias La Izquierda Diario dont fait partie Révolution Permanente, qui a pour ambition d’analyser et d’essayer de comprendre la situation internationale, depuis le point de vue marxiste.

Traduction Flo Balletti

 
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