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La Izquierda Diario
16 de décembre de 2020 Twitter Faceboock

"Confinement à la française"
Covid19. Après l’échec du « modèle allemand », Merkel impose un confinement pro-patronal
Nathan Deas

Aveu d’échec. Angela Merkel, pressée par une situation sanitaire incontrôlable, a annoncé la mise en place d’un reconfinement à partir de mercredi. Mais un confinement bien particulier, si les écoles et commerces fermeront, l’économie et le travail continueront au mépris de la santé de milliers de travailleurs.

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Crédit photo :AFP/Pool/Odd Andersen

L’Allemagne qui a longtemps fait figure de bon élève dans sa gestion de l’épidémie doit faire face à une nouvelle vague de contaminations inédites. Vendredi l’institut Robert Koch enregistrait près de 600 morts, un record en Allemagne pour une seule journée et ce alors que le nombre de nouvelles infections quotidiennes s’est rapproché des 30 000 vendredi et samedi. Jeudi Lothar Wieler président de l’institut de veille sanitaire Robert Koch ( RKI) tirait la sonnette d’alarme :« La situation reste très grave […] elle a même empiré depuis la semaine dernière ».

Une situation incontrôlable : résultat d’une gestion pro-patronale de la crise sanitaire

Ces derniers jours, les critiques sur la gestion de l’épidémie par les exécutifs fédéraux et régionaux s’intensifient et de nombreux médias, dimanche, mettaient en cause l’échec des politiques publiques alors que les indicateurs n’ont jamais été aussi hauts. Face à la deuxième vague, l’Allemagne s’est longtemps contentée d’un confinement léger. Le 2 novembre dernier, l’exécutif et les Länder décidaient de fermer restaurants, bars, installations sportives et salles de spectacle. Les commerces, entreprises et échappaient alors au couperet. Début décembre, la chancelière reconduisait les mesures de confinement jusqu’au 10 janvier et en durcissait les conditions en limitant à cinq le nombre de personnes autorisées dans les magasins et les réunions privées.

La gestion de la crise sanitaire en Allemagne, aura donc été celle d’un « confinement light ». Pour la chancelière, il s’est surtout agi d’éviter les mesures trop restrictives sur la vie économique et de préserver les intérêts des grands groupes capitalistes. Ainsi Angela Merkel, aura toujours fait reposer la circulation du virus sur la responsabilité individuelle, et aura en ce sens multiplié les appels à un prétendu « civisme allemand ». Sur le plan sanitaire donc, la priorité aura donc toujours été accordée à l’économie, au maintien du grand capital et de l’activité, au prix de la santé des travailleurs et au maintien de clusters importants, sur les lieux de travail et dans les transports.

Un confinement pro-patronal : réduire les libertés individuelles et maintenir les profits

Le « confinement dur » envisagé, dans un premier temps, après Noël va se concrétiser plus tôt. Au regard des données épidémiques de ces derniers jours, Angela Merkel réunissait en urgence dimanche matin, les dirigeants des 16 Länder, en vue d’un nouveau serrage de vis uniforme à tout le pays et dévoilait de nouvelles mesures restrictives. Du mercredi 16 décembre au 10 janvier, les écoles et crèches, ainsi que l’ensemble des commerces non-essentiels seront fermés. Ainsi seules les pharmacies, les magasins d’alimentation ou les drogueries devraient rester ouvertes.

Constatant « les très nombreux décès » et la « croissance exponentielle » la chancelière affichait dimanche soir un changement de cap :« Nous sommes contraints d’agir, et nous agissons maintenant ». Une stratégie revendiquée dans la lignée de celle menée par la France, désormais présentée par l’exécutif d’outre-Rhin comme un élève modèle pour sa gestion sanitaire. « Cette fois la France a tout fait correctement et obtenu des succès impressionnants », expliquait jeudi dernier le ministre de l’économie Peter Altmaier.

Le logiciel de l’exécutif reste pourtant inchangé. Le gouvernement allemand ne propose que des mesures restrictives tout en continuant à prioriser l’économie. Les entreprises ne souffrent d’aucune restriction et sont autorisées à rester ouvertes. Pour les travailleurs des principaux clusters, à Amazon, dans l’usine BMW de Dingolfing, ou dans les abattoirs Tönnies, il faudra continuer à travailler, comme si de rien était. Et si les injonctions en faveur du télétravail se multiplient, pour la majorité des ouvriers et employés, la donne reste inchangée. En réalité, ce qui compte pour le gouvernement allemand, ce sont toujours les profits du patronat. Outre les travailleurs ce sont les petites entreprises et les petits commerçants qui vont subir les effets de ce confinement.

Si le caractère incontrôlable de l’épidémie du virus imposait des mesures fortes, il convient d’interroger la responsabilité du gouvernement. Après avoir laissé circuler le virus pendant des mois, le gouvernement se retrouve dans l’urgence sanitaire. Une stratégie catastrophique qu’il cherche à masquer et résoudre par la répression. La présentation de ces mesures extraordinaires qui visent à freiner la propagation du virus, par l’exposition d’un éventail de mesures répressives et dans la continuité de l’annonce d’un couvre-feu la semaine dernière dans les régions de la Bavière et du Bade-Wurtember, se réalise dans la lignée de la politique de responsabilisation individuelle et de régulation des loisirs plutôt que de l’économie. Ainsi si nouveau confinement il y a, celui-ci est considérablement allégé pour empêcher que ce qui n’est pas productif, à savoir la vie sociale.

Tout comme en France, il y a donc de quoi s’inquiéter, d’autant plus que les conséquences de la crise économique s’ajoutent au tableau. Et ce alors que les principales mesures contre la deuxième vague se jouent sur le terrain des libertés individuelles. Dans le même temps des millions de personnes doivent continuer à travailler dans des zones à risque, sans contrôle sur les conditions d’hygiène et exposées à l’arbitraire des patrons. Une fois de plus, face à l’irresponsabilité des gouvernements, qu’ils soient français ou allemand, qui donnent un blanc-seing au patronat pour maintenir la production, les travailleurs et travailleuses devront s’organiser pour imposer des mesures sanitaires à la hauteur, obtenir la transparence sur les contaminations ou encore faire fermer les productions non-essentielles.

 
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