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La Izquierda Diario
14 de décembre de 2020 Twitter Faceboock

#StopLoisLiberticides
10 000 manifestants à Paris. La Coordination et Mélenchon doivent écouter la rue !
Gabriella Manouchki

Face à la tentative du gouvernement de briser la mobilisation ce samedi, on ne peut que dénoncer le choix de la Coordination contre la Loi de Sécurité Globale et de la France Insoumise de renoncer à tenir tête au gouvernement dans la rue, en appelant à ne pas se mobiliser à Paris. Sur fond de refus de lutter contre la Loi "Séparatisme", la Coordination et Mélenchon ont de fait permis une forme de trêve au gouvernement. Heureusement, celle-ci n’a pas eu lieu, grâce notamment au NPA et au collectif du 10 novembre qui ont maintenu l’appel à manifester avec à la clé une réussite, comme en témoignent les 10 000 manifestants à Paris. Face aux stratégies perdantes, il est nécessaire que la Coordination comme la direction de La France Insoumise respectent le mandat donné par la base dans la rue !

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Une "stratégie anti-casseurs" pour briser la mobilisation

Après plus de cinq semaines de mobilisation, entamée contre la Loi de Sécurité Globale puis élargie par la base ce samedi au retrait de la Loi Séparatisme, le gouvernement a opté pour un saut dans la répression des manifestations, suite à la crise ouverte le 28 novembre par l’entrée en mouvement de secteurs de masse dans la mobilisation. De ce point de vue, la manifestation parisienne du 5 décembre avait été particulièrement réprimée, la police ayant procédé à une énorme nasse et à de nombreux tirs de gaz lacrymogène et de grenades, provoquant l’arrachage de la main d’un manifestant. La manifestation avait fait face à des affrontements, ouvrant la voie à la critique par la droite du gouvernement sur sa stratégie de "maintien de l’ordre", à laquelle ce dernier a cherché à répondre samedi dernier par un changement de stratégie.

Ainsi, Beauvau a cherché cette semaine à mettre en scène une "reprise en main" par la police en procédant à plus de 140 arrestations à Paris et en "encadrant" la manifestation à coups de matraque et de charges de la BRAV-M visant à diviser les cortèges. Tout au long de la journée, le ministre de l’Intérieur était suspendu à son compte Twitter, annonçant fièrement le sombre décompte des arrestations "d’individus ultra-violents" pour prouver sa bonne foi réactionnaire à l’électorat de droite et d’extrême-droite convoité par LREM. De l’autre côté de la barricade, ce sont des appels à témoins et à se mobiliser devant les différents commissariats de Paris pour exiger la libération des personnes interpellées qui ont rythmé la soirée.

Absence de la Coordination parisienne et de Jean-Luc Mélenchon : à quoi jouent-ils ?

Dans ce contexte de guerre d’usure de la part du gouvernement et de ses forces de répression, la Coordination contre la Loi de Sécurité Globale qui a choisi de ne pas organiser de mobilisation à Paris ce samedi 12 décembre, ainsi que Jean-Luc Mélenchon qui a "soutenu" sa décision, doivent prendre leur part de responsabilité dans cette situation.

En effet, alors que de larges secteurs de la population se sont montrés mobilisés contre l’offensive liberticide et raciste du gouvernement ces dernières semaines, avec 300 000 personnes dans toute la France le samedi 28 novembre, il apparaît totalement irresponsable de la part de la Coordination qui avait initié le mouvement d’appeler à ne plus manifester à Paris, sous prétexte que "les conditions de sécurité des manifestants et manifestantes ne sont pas assurées" - comme elle l’affirme dans un communiqué. Refuser d’assumer la direction de la mobilisation dans un tel moment charnière, où les revendications s’élargissent et permettraient au contraire la construction d’un front à même de faire plier le gouvernement, revient à laisser le terrain de la rue à la police prête à réprimer et, plus largement, au gouvernement pour faire passer ses lois liberticides alors que Macron se trouve dans une situation de crise ouverte par la mobilisation du 28 novembre. De ce fait, la Coordination joue objectivement un rôle néfaste pour la mobilisation.

Sur Tweeter, Mélenchon est allé encore plus loin en affirmant : "Je soutiens la décision du collectif #StopLoiSecuriteGlobale d’annuler la marche de samedi à Paris. L’insécurité créée par #Lallement, Alliance et Black Bloc ne permet plus de manifester paisiblement. Les ennemis de la liberté et Macron marquent un point", assimilant les manifestant à des "black blocs" et donc à des "ennemis de la République" et légitimant ainsi d’avance la répression qui allait s’abattre sur la manifestation. S’il a après coup dénoncé une "répression excessive" - pléonasme - et admis que le NPA "a fait les choses correctement" lors de la manifestation, il prouve encore une fois, dans les moments les plus charnières, l’adaptation de la direction de la France Insoumise au régime en place et son de refus de le remettre en question.

Pire encore, ce lundi, dans une tribune parue sur Libération, la Coordination ne fait aucune mention de la répression de la manifestation de samedi dernier. En revanche, elle demande "solennellement" à Emmanuel Macron de "bien vouloir recevoir dès que possible une délégation" exigeant "de retirer les articles 21, 22 et 24 de la proposition de loi dite « sécurité globale » et le SNMO". Ce faisant, elle confirme que sa ligne stratégique consiste d’une part à refuser toute dénonciation de la Loi Séparatisme - volet islamophobe et raciste des lois liberticides, et de l’autre à négocier des concessions minimales dans les salons de l’Élysée, plutôt que de viser à imposer une défaite au gouvernement et à son projet sécuritaire sur le terrain démocratique de la lutte, dans la rue, au côté de l’ensemble de celles et ceux qui se mobilisent.

Pour contrer la répression et faire reculer le gouvernement, la nécessité de l’auto-organisation et de l’élargissement des revendications

Contrairement à la trêve que la coordination et Jean-Luc Mélenchon ont accordée au gouvernement ce samedi, c’est bien dans la rue que nous pourrons obtenir, pour commencer, le retrait total des lois liberticides et racistes du gouvernement. Mais pour cela, il est nécessaire d’amplifier le mouvement contre les lois liberticides. Comme nous l’écrivions, face à la pression policière, d’une part, et, d’autre part, à l’indétermination d’un secteur de la gauche institutionnelle qu’incarnent la Coordination et la France Insoumise, c’est par le renforcement de l’auto-organisation conjuguée à l’élargissement des revendications de la mobilisation que nous pourrons construire un large front contre l’offensive sécuritaire du gouvernement.

Il est de ce point de vue central que l’ensemble des secteurs qui se mobilisent cherchent à se coordonner par la base afin de s’unir autour d’un programme de lutte, qui doit nécessairement comprendre le retrait total de la Loi de Sécurité Globale, mais aussi celui de la Loi Séparatisme qui la complète en stigmatisant les populations musulmanes (ou assimilées comme telles) ainsi que celui de la Loi de Programmation de la Recherche visant notamment à museler les mobilisations étudiantes. C’est pour l’ensemble de nos droits démocratiques que nous allons nous battre, jusqu’au retrait et au-delà.

 
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