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La Izquierda Diario
14 de décembre de 2020 Twitter Faceboock

Culture
"Je me bats pour vous" : l’hypocrisie de Bachelot qui n’annonce aucun plan pour la culture
Albert Core
Adèle Chotsky

Ce jeudi, Jean Castex annonçait le report de la réouverture des lieux culturels de 3 semaines. Le lendemain, les gesticulations de Bachelot ne trompent personnes. Entre l’épée de Damoclès de la précarité qui se renforce à chaque annonce, et les conséquences psychologiques de la crise, le secteur culturel est au bord de l’implosion.

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Castex a douché hier soir les espoirs du secteur culturel, en annonçant que les cinémas, musées, théâtres, resteraient fermés trois semaines de plus. Après avoir posé dans le paysage la date du 15 décembre comme celle d’un possible relâchement des mesures en faisant comme si l’épidémie serait sous contrôle, le gouvernement est forcé de repousser cette date. Une décision qui était prévisible, vue l’inefficacité d’un confinement pro-patronal qui évite de s’attaquer aux véritables foyers de contamination. Mais les professionnels de la culture attendaient malgré tout ces annonces comme celles d’une possible réouverture des salles et des lieux artistiques, et déchantent d’un coup.

Après le discours de Castex, les réactions se sont multipliées. « On ne sait rien et on ne comprend rien » : Nombreux sont les syndicats patronaux comme le Syndeac (Syndicat national des entreprises artistiques et culturelles) à être montés au créneaux, dénonçant des décisions incompréhensibles

Ce sont en premier lieux le spectacle vivant et les exploitants de salles de cinéma qui ont réagi : beaucoup s’était préparé à rouvrir le 15 décembre, et tout ce travail part aujourd’hui en fumée, le tout sans aucune vision claire de l’avenir.

Mais c’est en réalité surtout un coup dur pour tous les travailleurs qui avaient pu trouver des CDD ou des contrats, et pour qui avec les annulations l’avenir est d’autant plus incertain. Et ce ne sont certainement pas les atermoiement de Roselyne Bachelot ce vendredi matin qui rassureront quiconque. La ministre de la culture s’est contenté de gesticuler dans le vide, en essayant d’affirmer que si, elle était « utile » et lançant « Je me bats pour la culture ». Elle s’est pourtant contenté de réclamer la somme dérisoire de 35 millions d’aides supplémentaires, dont les plus précaires ne devraient jamais voir la couleur. Mais qu’on se rassure : Bachelot, dans sa grandeur d’âme aurait « tout fait pour arracher la réouverture des musées"

La colère et le désarroi qui travers le monde de la culture sont légitimes. Surtout lorsque Jean Castex a le culot d’affirmer que maintenir fermés les lieux culturels se fait dans le but de « limiter les flux de déplacements », alors même que les transports sont bondés quotidiennement ! On imagine mal en quoi le public de quelques salles de spectacles ou de cinéma pourrait rivaliser en nombre avec toutes celles et ceux qui sont obligés, chaque jour, de continuer à s’entasser dans la ligne 13 pour aller travailler.

Une contradiction dans le discours du gouvernement qui illustre une fois de plus sa stratégie de gestion de la crise sanitaire : continuer à faire tourner l’économie coûte que coûte pour maintenir les profits des grandes entreprises, en mettant entre parenthèse tout le reste, quitte à apparaître totalement incohérent dans les mesures adoptées.

Dans un contexte où l’épidémie voit plusieurs indicateurs remonter, le gouvernement persiste dans un discours visant à mettre la propagation du virus exclusivement sur le dos de la sphère sociale, alors que les lieux de travail sont le premier vecteur de contamination. Un discours lui permettant de mettre en place des mesures sanitaires ralentissant au minimum l’économie, quitte à sacrifier au passage toute forme de vie sociale et culturelle, à l’image de ce deuxième confinement, peu différent en substance du couvre-feu annoncé. Une stratégie qui a par ailleurs déjà révélé son incapacité à faire face sérieusement à la pandémie en Allemagne.

Une stratégie qui, malgré tous les mots doux successifs de Macron, amène à laisser systématiquement la culture et ceux qui y travaillent sur le carreau. Car bien si ce sont les directeurs des centres dramatiques nationaux, les distributeurs, les dirigeants des syndicats patronaux que l’on a le plus entendu, ceux qui aujourd’hui sont plongé dans une situation extrêmement difficile sont les intermittents, précaires et salariés du monde de la culture.

Face à la perte de leur travail pour les plus touchés, le gouvernement a mis en place des mesures qui, en plus de ne pas bénéficier aux plus précaires, paraissent bien insuffisantes face à l’ampleur de la crise. La prolongation des droits au chômage des intermittents mise en place l’été dernier (et terminant donc le 1er août prochain qui commence déjà à sembler bien court étant donné que certaines salles ne sont même pas certaines de pouvoir rouvrir début Janvier). L’autre mesure, plus récente, c’est l’aide permettant aux travailleurs ayant une activité discontinue de toucher 900€ une fois leurs droits au chômage terminé. Elle est non seulement conditionnée au fait d’avoir travaillé plus de 60 % du temps lors de l’année passée, et ne concernera encore une fois pas les plus précaires du secteur. Les gesticulation de Bachelot qui affirme « continuer à les aider à survivre » n’apparaissent dans ce contexte que comme un coup de pommade sur une jambe coupée.

Tout ceci ne manque pas d’entraîner, en plus des difficultés économiques dramatiques, des conséquences psychologiques importantes entre ceux se retrouvant isolés sans travail et dont la reprise paraît un horizon toujours repoussé et ceux devant à tour de rôle démonter et remonter des spectacles parfois en attente d’être joués depuis plus d’1 an.

De plus, la priorité placé par le gouvernement sur l’économie au sacrifice de toute forme de vie sociale et culturelle créée dans le secteur une sensation générale d’être méprisé et constamment relayé au rang de « non-essentiel ». Un sentiment de détresse illustré sur les réseaux sociaux par de nombreux messages qui parfois vont jusqu’à parler de suicide.

Le gouvernement met depuis le début de la crise sanitaire les profits du patronat avant nos vies.

Il est d’urgent de s’organiser pour riposter face à cette gestion catastrophique et cynique de la situation sanitaire, pour que ce ne soit pas à nous de payer leur crise !

 
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