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9 de décembre de 2020 Twitter Faceboock

Crise économique
Crise économique : une vague de faillites attendue pour 2021
Armand Bonneto

Malgré les prévisions de forte hausse des faillites d’entreprises en 2020 pour cause de pandémie et de crise économique, les indicateurs montrent au contraire une baisse des dépôts de bilan d’environ 40% par rapport à 2019. Cette chute n’est qu’un effet de temporisation dû aux mesures mises en place par le gouvernement, mais qui ne saurait être de longue durée.

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Crédit photo : O Phil des Contrastes

Au vu de l’ampleur de la crise économique grandissante et de l’impact de la pandémie sur les affaires, le chiffre de 37% de baisse des ouvertures de procédures pour les entreprises en situation d’insolvabilité avancé notamment par Les Echos, pour la période du 1er septembre au 30 novembre 2020 par rapport à la même période en 2019, semble contradictoire. En effet, l’ensemble des indicateurs et des commentateurs économiques prévoient une explosion des dépôts de bilan, en témoigne entre autres le passage de 22 à 40 des commissaires aux restructurations en régions pour répondre à l’afflux de dossiers, du fait de la profondeur de la crise économique et des mesures gouvernementales pour endiguer la propagation du covid-19, touchant directement le PIB avec une perte estimée à 9% pour la France. Pourtant au final ce sont, toujours selon Les Echos, près de 15000 défaillances d’entreprises en moins sur l’année par rapport à 2019.

La contention des faillites par la perfusion étatique

Cette chute du niveau des faillites n’en demeure pas moins temporaire, très largement contenues par les mesures de contention mises en place par le gouvernement. Globalement le gouvernement a tenté de sauver temporairement une partie des entreprises mises en difficulté par la crise au travers d’une prise en charge des coûts variables avec le chômage partiel ainsi que l’exonération des charges sociales. S’agissant des pertes directes de chiffre d’affaire et des coûts fixes, l’Etat a mis en marche le fonds de solidarité, permettant de fournir jusqu’à 200 000 euros de compensation des pertes par mois aux entreprises, ainsi que la garantie de prêt entre 70% et 90% jusqu’à la mi-2021. Ces différentes mesures ont permis de contenir la multiplication des défaillances, ainsi que des suppressions d’emploi, en allégeant le passif (les sorties) du bilan des entreprises.

A noter que cet afflux massifs de liquidités pour sauver les entreprises, comprenant notamment le plan de relance et les garanties de prêts, font bondir la dette publique de l’État de 80% du PIB en 2009 à 114% au deuxième semestre 2020 selon ACDEFI, ce qui correspond à 24,1% de l’ensemble de la dette en Zone Euro. A ne pas s’y tromper cette hausse considérable de la dette devra être remboursée, notamment par des mesures d’austérité encore plus importantes touchant directement les services publics tels que l’hôpital, dont les effets de la casse antérieure sont clairement dévoilés par l’actuelle pandémie. Sans aucun doute, ce gouvernement fera payer la crise et le temporaire sauvetage des entreprises aux travailleurs par une attaque directe des acquis sociaux (déjà commencé par exemple avec la baisse des APL) et indirecte par la casse des services publics et du système social national (la réforme des retraites en étant la parfaite illustration).

La fin de la perfusion étatique pourrait signifier une explosion des faillites

Les mesures gouvernementales ne dureront pas éternellement, même si elles ont été prolongées pour le moment pour une partie de l’année 2021, alors nombre de sociétés n’auront d’autre choix que de mettre la clé sous la porte. A ne pas s’y tromper, les entreprises ne seront pas frappées de la même manière, notamment en fonction de leur taille. En effet, les grands groupes aux marges habituellement importantes ont pu constituer une trésorerie, une réserve, qui pourra les sauver mis à part quelques groupes profondément touchés et déjà fragilisés avant le déclenchement de la crise. A l’inverse, les TPE-PME, hormis quelques secteurs qui ont pu profiter de la crise, ont la corde au cou et des marges de manœuvre plus que restreintes. Principalement pour ce deuxième confinement, ce sont les petits commerçants, artisans, restaurateurs et hôteliers qui ont subi les plus gros dégâts.

De fait une grande partie de ces entreprises, nommées « entreprises zombies » car pas encore mortes mais pas non plus vivantes, ont pu survivre grâce à l’intervention de l’Etat et ne pourront faire face à la fin des aides et à la reprise des prélèvements et charges qui s’augure à partir de la mi-2021. Comme le dit Sophie Jonval, présidente du Conseil national des greffiers des tribunaux de commerce, citée par Les Echos : « Aujourd’hui, les chefs d’entreprise sont en attente. Ils savent que cet état est transitoire. Une fois que le passif sera exigible, alors la bulle dans laquelle se trouvent les entreprises éclatera ».

De plus la dette des entreprises devrait s’établir à près de 2000 milliards d’euros pour la France cette année et comme le précise Bénédicte Caron, vice-présidente de la Confédération des Petites et Moyennes Entreprises, au Figaro : « Les PME et TPE sont aujourd’hui nettement plus endettées qu’avant la crise ». Cette dette corporative est d’un montant gargantuesque et est l’un des principaux facteurs de faillite, d’autant plus lorsque celle-ci est croisée avec une perte de chiffre d’affaires importante comme c’est le cas cette année du fait de mesures de contention de la pandémie. Par ailleurs les faillites en chaînes prévisibles pour l’année à venir auront un impact non négligeable sur les sphères financières, par la multiplication des créances insolvables dont le montant est comme nous venons de le voir extrêmement élevé et constitue en soi une bulle soumise à une très forte pression.

La baisse des faillites sur l’année 2020 est donc un véritable trompe-l’œil, la vague de défaillances sera d’autant plus importante pour les années à venir.

Faillites, restructurations et chômage

Patrick Puy, PDG du groupe Vivarte, a déclaré dans une interview pour Les Echos : « En général, les difficultés viennent de trois choses : un personnel trop important, des dettes importantes ou d’actifs à céder. Pour sauver l’entreprise, il faut malheureusement souvent passer par la case ’’plan social’’ ».

Le poids de la dette des entreprises est, comme nous l’avons vu, une limite centrale dans la reprise d’activités des entreprises en perte de chiffre d’affaires. Mais d’autre part, comme le précise à juste titre Patrick Puy, la suppression d’emploi est la variable d’ajustement la plus courante au sein du système économique capitaliste. Les plans sociaux, déjà annoncés en nombre, vont s’accroître en fonction inverse de la fin progressive des aides d’État, notamment sur le chômage partiel. Pour la très grande partie des entreprises que les suppressions de postes ne pourront sauver, ce sera la fermeture pure et simple avec la mise à la porte de tout le personnel. Même les petits patrons viendront très certainement grossir les rangs des chômeurs.

C’est une véritable catastrophe sociale qui se profile, les licenciements massifs ainsi que les fermetures d’entreprises montrent qui seront les victimes directes de cette crise économique : Les travailleurs et les travailleuses qui se retrouveront sur le carreau.

Cela est autant dramatique que vicieux puisque, couplé à la problématique de la dette corporative, l’augmentation considérable du chômage aura un effet à la baisse sur la consommation aggravant d’autant plus la crise de surproduction actuelle. L’aggravation de la crise et l’augmentation du chômage créeront d’autant plus de chantage à l’emploi, poussant à la baisse les salaires et les conditions de travail des franges encore salariés du prolétariat.

Face à la crise sociale à venir, un plan de bataille d’ensemble autour d’un programme ambitieux

La catastrophe qui s’annonce dans les rangs de la classe ouvrière ne semble pas être la priorité du gouvernement. Au lieu de cela le gouvernement se prépare plutôt à la répression des futures mobilisations, notamment celles conséquentes de ces faillites et suppressions d’emploi, par la mise en avant de la loi séparatiste, de la loi sur la sécurité globale ainsi que par la LPR, s’enfonçant encore plus dans un bonapartisme décomplexé pour faire face à la légitime révolte.

Du côté des directions syndicales, le silence fait du bruit. Alors que des milliers de travailleurs et de travailleuses vont entrer dans la précarité, que le gouvernement durci son tournant sécuritaire et amplifie l’islamophobie structurelle, les directions des principales centrales syndicales restent quasi-muettes, ne proposent aucun plan de bataille d’ensemble et préfèrent la négociation dont il n’y a rien à attendre. Pourtant à la base, la tension monte à juste titre.

Pour faire face à cette crise sociale, conséquence directe d’un système capitaliste à bout de souffle, il faut construire une véritable unité de la classe ouvrière et des secteurs populaires en auto-organisation et autour d’un programme de revendications offensives.

Contre l’explosion du chômage, il faut demander l’interdiction des licenciements et le partage du temps de travail entre toutes et tous, ainsi que la nationalisation sous contrôle ouvrier des entreprises qui licencient et des branches essentielles de l’économie. Face aux difficultés rencontrées par les petites entreprises et commerçants, il s’agit de revendiquer la nationalisation sous contrôle ouvrier du système bancaire avec la mise en place d’un crédit d’État envers les petits commerçants que la dette et l’ingérence des institutions financières étranglent.

 
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