http://www.revolutionpermanente.fr/ / Voir en ligne
La Izquierda Diario
9 de décembre de 2020 Twitter Faceboock

Zyed, Bouna, Théo et Adama
« Pour nos élèves dans les quartiers retrait de la LSG et de la loi séparatisme », une prof du 93 prend position
Marion Dujardin, enseignante dans le 93

Une professeure dans le 93, revendique le retrait de la loi Sécurité Globale, de la loi séparatisme et de l’ensemble des lois réactionnaires et racistes.

Link: https://www.revolutionpermanente.fr/Pour-nos-eleves-dans-les-quartiers-retrait-de-la-LSG-et-de-la-loi-separatisme-une-prof-du-93-prend-23203

Crédits Photo : O Phil des Contrastes

Penser que l’école serait une boîte hermétique au milieu de la société et qu’elle ne serait pas impactée par les polémiques violentes mises au-devant de la scène par le gouvernement est un leurre. À ce gouvernement qui attise la haine en parlant d’ensauvagement, qui construit l’ennemi intérieur, instrumentalise la mort d’un de nos collègues pour avancer ses mesures islamophobes et qui, incapable de gérer les crises épidémique et économique, engage un tournant autoritaire sans précédent, nous, travailleurs de l’éducation, nous devons de répondre. Répondre en tant que travailleurs de l’éducation pour mettre un frein à ces lois autoritaires, liberticides et stigmatisantes, pour nos élèves et particulièrement pour nos élèves dans les quartiers. Nos élèves qui sont les premiers touchés par la violence systémique, qu’elle soit raciste ou sexiste et qui le seront davantage avec la mise en place de la loi sécurité globale et de la loi séparatisme. Parce que nos élèves dans les quartiers sont bien souvent racisés, parfois issus de l’immigration, qu’ils appartiennent à une population dite paupérisée qui n’a pas toujours accès au travail ou a un logement, pour qui « l’égalité des chances » n’existe pas.

Pour nos élèves morts dans les quartiers

Pour Zyed, Bouna ou même pour Ibrahima, pour Adama, pour tous ces jeunes hommes, ces jeunes femmes qui, dès le plus jeune âge, sont catégorisés « banlieusards », « délinquants » en puissance et pour qui un avenir de galère est prévu. Pour eux qui doivent se battre pour exister comme jeunes hommes et jeunes femmes, et non comme jeunes de quartiers. Pour ceux que la précarité incite à chercher l’argent facile, à faire du sale, à prendre des raccourcis...

Pour ces jeunes filles qui grandissent dans une société violente et sexiste qui ne sait que les mettre en compétition et fait tout sauf permettre leur émancipation. Pour celles à qui on a dit que leurs mamans ne pourraient pas les accompagner en sorties scolaires... Pour ces jeunes filles à qui on fait porter le poids de devoir être une femme, à qui on impose de s’habiller ou de ne pas s’habiller de telle façon, qui se retrouvent sexualisées en permanence. À celles à qui on a dit pas de voile, pas de bandeau, pas de croctops, ni de mini-jupes... À ces jeunes filles que l’on considère tantôt comme des « salopes » tantôt comme des « opprimées de leur religion » et à qui on ne fout jamais la paix, et à qui on ne demande jamais leurs avis et qui pourtant ont bien des choses à dire !

Pour cette jeunesse qui grandit dans les quartiers et qui ne réussit pas à l’école... cette école qui ne les comprend pas, qui ne comprend pas la fatigue de ne pas pourvoir dormir et de vivre dans un logement insalubre ou dans la rue, cette école qui ne comprend pas la faim, et qui ne comprend pas l’impossible concentration et l’insupportable pression de devoir réussir dans un monde aussi inégal.

Cette école surpeuplée où les profs ne sont pas toujours remplacés, où les agents sont exténués par les tâches de cantine, de ménage, où les encadrants « les AED » sont mal payés, ne sont jamais suffisamment nombreux, et même absents dans le premier degré, où les AESH, les AVS sont épuisés parce que pas formés et mal payés. Et même si tout le monde y met du sien, en faisant un peu plus que ce qu’il devrait, les conditions d’accueil sont exécrables, particulièrement dans les établissements surchargés des quartiers populaires.

Alors pour nos élèves dans les quartiers, il y a urgence à se battre contre la loi séparatisme qui est ouvertement islamophobe puisqu’elle assimile nos jeunes élèves musulmans à des terroristes en puissance. Il y a urgence à abroger l’ensemble de la loi sécurité globale, puisque ce sont les élèves des quartiers qui sont les premiers à subir les contrôles, le harcèlement et même les violences policières. Zyed et Bouna ne vivaient pas dans le 16eme arrondissement de Paris.

Nous, travailleurs de l‘éducation, attaqués comme jamais depuis 4 ans par des réformes autoritaires qui ont pour unique vocation de creuser encore davantage les inégalités sociales, de détruire l’éducation publique et de développer l’éducation privée. L’une des dernières mesures de Blanquer pour finir sa mission de sape est de s’attaquer à l’éducation prioritaire… c’est a dire en finir avec les moyens spécifiques pour les établissements de banlieues.

Pour toutes ces raisons, nous devons soutenir nos élèves qui se définissent eux même comme « la génération Adama » et qui, parfois, sur un coin de cahier écrivent « BLM » et s’associent à un mouvement de l’autre côté de la planète.

Nous devons nous battre pour eux, avec eux, pour qu’ils puissent respirer. Pour obtenir qu’ils puissent vivre dans une société qui leur offre autre chose que la violence, le racisme, le sexisme et la précarité. Nous nous devons de mettre fin à ces lois liberticides, à cet état d’exception, nous nous devons de prendre en main l’avenir de nos gamins !

 
Revolution Permanente
Suivez nous sur les réseaux
/ Révolution Permanente
@RevPermanente
[email protected]
www.revolutionpermanente.com