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La Izquierda Diario
11 de novembre de 2020 Twitter Faceboock

Europe forteresse
Sommet contre le terrorisme : Macron à la tête d’une offensive européenne anti-migrants
Arthur Fontane

Quand l’ancien "espoir" de l’Europe libérale reprend le programme xénophobe de Marine Le Pen.

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Mardi avait lieu une rencontre multilatérale à l’Élysée sur la question du terrorisme. A cette occasion, Emmanuel Macron a cherché à renforcer une politique européenne xénophobe en centrant le problème sur les frontières et l’immigration, en dédouanant la politique impérialiste française de toute responsabilité dans l’augmentation du terrorisme.

Moins d’un mois après l’assassinat de Samuel Paty, et dix jours après l’attentat de Vienne, Emmanuel Macron a convoqué une réunion multilatérale avec les chefs d’Etat allemand, autrichien et néerlandais pour développer une politique commune européenne face au terrorisme. Alors que le gouvernement français n’a cessé ces derniers mois de développer une politique islamophobe, rejetant sur la communauté musulmane la responsabilité des actes terroristes, en fermant mosquées et associations, le président cherche maintenant à développer cette même politique à une échelle européenne, se mettant à la tête d’une offensive nationaliste xénophobe sous prétexte de menace terrorisme.

Occultant toute responsabilité de la politique impérialiste, qui, sur le territoire européen comme ailleurs est le véritable terreau du terrorisme, Emmanuel Macron, suivi par ses collègues, a pointé du doigt comme principaux responsables les réfugiés, lui permettant de proposer un renforcement des contrôles dans l’espace Schengen.

Refondre l’espace Schengen et renforcer les contrôles aux frontières : la solution anti-migrants de Macron

A l’issue de la rencontre à l’Élysée avec Sebastian Kurz, le chancelier autrichien, et d’une visioconférence avec Angela Merkel, Mark Rutte (le premier ministre néerlandais), Charles Michel (président du Conseil européen) et Ursula Von Der Leyen (Présidente de la Commission européenne), Emmanuel Macron a développé en conférence de presse ce que devrait être la politique européenne face au terrorisme. Pour résumer en trois axes, le président veut renforcer les frontières, la coopération entre les services de répression, et encadrer encore plus le droit d’asile. « Nous devons travailler à une refonte de l’espace Schengen. Il ne faut en rien confondre la lutte contre l’immigration et le terrorisme, mais il faut regarder lucidement les liens qui existent entre les deux phénomènes » a-t-il ainsi expliqué hypocritement, en liant, tout en s’en défendant, immigration et terrorisme. Le chancelier autrichien est allé au bout de cette même idée, en liant directement l’immigration et la question du retour des combattants djihadistes de Syrie : « Ils ne connaissent pas de frontières, et sont dans l’instant une menace imminente ».

Suivi par l’Allemagne, les Pays-Bas et l’Autriche, Emmanuel Macron s’est donc mis à la tête d’une réforme de l’espace Schengen, avec comme dispositions le renforcement des contrôles aux frontières et donc de l’agence Frontex, mais aussi la possibilité de « sanctionner les pays qui ne respectent pas leurs obligations ». Alors qu’en réalité, l’Europe est aujourd’hui une forteresse aux frontières de laquelle meurent des milliers de réfugiés chaque année, qui fuient la misère, la guerre et les persécutions, les gouvernements européens veulent profiter des actes terroristes pour renforcer leurs politique xénophobe. Dans ce sens, les interventions d’Emmanuel Macron et de ses homologues sont dans la droite lignée de la réforme préconisée par la Commission européenne début septembre, qui avait pour but de permettre d’accélérer les procédures d’expulsion des pays membres. Dans la droite lignée des propositions du Rassemblement National, Emmanuel Macron compte donc une fois de plus faire renforcer l’Europe forteresse, quitte à laisser mourir à ses frontières des milliers de personnes, ou les laisser dépérir dans des camps de migrants à l’insalubrité insupportable.

Restreindre le droit d’asile ? Les réfugiés ne sont pas des terroristes !

Car pour Emmanuel Macron, le problème n’est pas l’islamophobie structurelle dans les Etats impérialistes européens, ni les guerres menées à l’étranger et notamment au Moyen-Orient, qui sont pourtant les phénomènes qui expliquent que parmi les auteurs des attentats liés au djihadisme dans l’espace Schengen depuis 2016, 21 étaient de nationalité « européenne ». Dans le même temps, une dizaine d’attentats d’extrême droite, souvent dirigés contre les musulmans, ont d’ailleurs eu lieu, des attentats qui ne semblent, pour les dirigeants européens, pas compter. Quant aux autres, ils sont souvent issus des théâtres d’opérations où les armées impérialistes européennes, n’hésitent pas à massacrer des populations civiles pour leurs propres intérêts. Non, pour Macron, le problème est le droit d’asile, qui est selon lui dévoyé : « nous voyons aujourd’hui arriver de plus en plus de personnes qui demandent le droit d’asile en Europe, mais qui viennent de pays qui ne sont pas en guerre, auxquels nous donnons des centaines de milliers de visas chaque année. Il y a un dévoiement qui est organisé par des trafiquants, des réseaux clairement identifiés » a-t-il ainsi asséné en conférence de presse.

Renforcer les contrôles aux frontières, savoir « qui entre et qui sort », renforcer les dispositif de contrôles des visas dans les aéroports : voilà la réponse des gouvernements européens qui cherchent à criminaliser encore plus les réfugiés qui fuient les guerres que les premiers ont initié. Dans ce renforcement sécuritaire de la politique xénophobe européenne, semble cependant se dessiner deux tendances opposées. Alors que la France et l’Autriche adoptent une position où la « lutte idéologique » contre l’islamisme et « l’islam politique » a une place centrale, développant une rhétorique particulièrement islamophobe, Angela Merkel a appuyé sur la nécessité « d’échanger avec des pays musulmans pour lutter en commun contre le terrorisme et pour chercher des terrains d’entente ». Une position à l’opposé d’Emmanuel Macron, dont les déclarations ont provoqué l’ire de nombreux pays musulmans. La place de la Turquie dans le dispositif anti-migratoire européen est de fait un sujet de désaccord entre Paris et Berlin. Là où ces derniers préfèreraient continuer à faire d’Erdogan un allié dans la lutte anti-migrants, faisant de la Turquie un camp de réfugiés, Paris semble vouloir recentrer la gestion migratoire sur les pays frontaliers, notamment les pays d’Europe de l’Est, en en faisant des sous-traitants de sa politique, en faisant planer sur leurs têtes une menace de sanction liés à l’appartenance à l’espace Schengen, des sanctions qui seraient très lourdes économiquement pour des pays très dépendants du commerce avec l’UE.

 
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