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La Izquierda Diario
30 de octobre de 2020 Twitter Faceboock

L’éducation nationale dans la colère
Protocole sanitaire « renforcé » dans l’éducation ? La grande imposture !
Marion Dujardin, enseignante dans le 93

Si la rentrée de septembre s’est faite dans la tourmente d’un protocole sanitaire qui n’a reposé que sur la distribution et l’usage de masques toxiques pour les enseignants, la reprise de Novembre s’annonce d’ores et déjà impossible. Après l’annonce par le gouvernement d’un protocole « renforcé » mercredi soir, les personnels de l’éducation découvrent avec rage les nouvelles mesures.

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Crédits photographiques : images BFM TV.

« Ouvrez les fenêtres et nettoyez les poignées de portes ! »

Le gouvernement a annoncé mercredi soir avec beaucoup de solennité que la situation épidémique était grave, pourtant, il règne une certaine cacophonie entre la nature de la situation et les mesures réellement proposées pour y faire face. Ce qui est pour le moment renforcé, ce sont les mesures liberticides et le déploiement du tout répressif sur l’ensemble du territoire. Le protocole sanitaire tant attendu par les personnels de l’éducation se limite à une courte liste de bons-sens évidemment déjà appliqués depuis la rentrée : « respect des gestes barrières, port du masque pour les adultes et les élèves dès le CP, hygiène des mains, nettoyage et aération des locaux, limitation du brassage ». Heureusement qu’il n’a pas fallu les attendre pour nettoyer les locaux et porter le masque !

La « grande » nouveauté c’est donc le port du masque dès 6 ans, un cache-misère, le vrai problème étant le manque d’effectifs et de moyens mis en œuvre pour assurer une continuité et une sécurité sanitaire au sein des établissements scolaires en cette situation exceptionnelle.

Les poignées de portes ne vont évidemment pas se nettoyer miraculeusement : l’embauche d’agents et de personnel devient une impérieuse nécessité face à la situation épidémique, mais rien de tout cela n’est évoqué ! La question des demi-groupes est éludée, car en réalité pour que ces demi-groupes puissent fonctionner correctement, il faudrait doubler l’effectif d’encadrement, de disposition d’accueil, d’horaires et programmes aménagés. Rien n’a donc été durci ou renforcé dans tout cela, si ce n’est le ton.

Même le minimum n’y est pas !

Tout au long du protocole il nous est donc expliqué avec une pédagogie certaine et à l’aide de jolis graphiques comment se laver les mains, porter les masques, ouvrir les fenêtres et « éviter les brassages » mesures incantatoires s’il en est ! Pourtant tout le corps éducatif s’attendait au moins au minimum, à des mesures concernant la protection des personnes fragiles ou vivant avec des personnes fragiles, ou concernant le fameux jour de carence. Et cela justement puisqu’une collègue AESH est décédée du Covid il y a quelques jours. Ce protocole se résume donc à une vaste imposture d’un gouvernement qui prétend maîtriser la situation mais qui ne gère rien et en définitive fait reposer la responsabilité de la crise sur les français qui ne respecteraient pas assez les gestes barrières. Un gouvernement qui a détruit l’hôpital public tout comme il détruit l’éducation publique et qui n’a absolument pas prévu de débloquer des moyens pour pallier la situation, tant il a mis du temps à justement supprimer ces moyens.

Le fonctionnement par l’autorité et la guerre d’usure psychologique ont suffisamment duré !

La situation de reprise de novembre marquée par la deuxième vague et un protocole fantoche ne saurait être suffisamment insupportable, elle s’accompagne d’un « drôle » de confinement où tout ce qui n’est pas rentable, nos loisirs, nos relations sociales, nos plaisirs, sont sacrifiés sur l’autel de l’économie. Les gages que ce gouvernement donne au MEDEF sont en effet plus qu’embarrassant, puisqu’il s’agit encore une fois de nos vies réduites à peau de chagrin pour n’être plus que les rouages d’une économie. Mener notre quotidien sans plaisir ni passion et aller bosser au péril de nos vies ! La garderie du Medef deuxième round est donc lancée ! Les profs sont invités à se rendre en première ligne désarmés.

Si la situation n’est pas assez lourde il faut rappeler quelle s’accompagne du meurtre horrible de notre collègue Samuel Paty à la veille des vacances, et de la violence de voir l’école mis au cœur de débats, d’instrumentalisation à des fins réactionnaires. C’est donc un sentiment de stupéfaction qui domine chez le corps enseignant qui se sent désarmé (puisqu’il l’est), qui perd du sens à son métier, tant les débats idéologiques et les impératifs économiques d’une société capitaliste de plus en plus violente viennent percuter l’école. Tout cela sur un fond de vocable guerrier de la part du gouvernement qui ne cesse de dire « nous sommes en guerre », sauf que cette guerre qu’ils sont en train de mener est avant tout psychologique et que le climat nauséabond, répressif, qu’ils cherchent à instiguer pour produire stupéfaction et effroi afin de maintenir l’ordre et masquer leur incompétence ne va pas tenir très longtemps !

Vague de contestation, sur l’annonce des mesures elles-mêmes

Pourtant ce consensus qu’ils cherchent à installer en faisant appel à notre responsabilité professionnelle, ne tient plus, car les conditions sont suffisamment dégradées, que les reformes Blanquer ne sont jamais vraiment passées auprès des profs, et qu’il règne comme une ambiance de bataille inachevée contre les mesures du ministre. Ensuite car ce qui est demandé aux professeurs dans la période c’est d’aller bosser au péril de leur vie, le protocole sanitaire « renforcé » n’étant qu’une vague imposture. Sans moyens il sera impossible pour l’éducation de faire face à cette seconde vague.

En ce sens il paraît urgent de s’organiser et de contester massivement une reprise dangereuse, d’imposer un rapport de force en ne reprenant pas tant que les conditions minimales, de moyens, d’embauches, d’aménagement, et d’augmentation de salaires n’auront été mises en place. Reprendre demain dans de telles conditions voudrait dire accepter l’inacceptable, parce qu’ils ne feront aucune concession après tout cela, ils ne nous remercieront jamais pour nos bons et loyaux services. La carte à jouer pour espérer des contions de travails décentes c’est maintenant ! Et cela commence par s’organiser, en AG, en HIS, en HMI, déposer les préavis pour les collègues du premier degré et s’appuyer sur les initiatives progressistes des syndicats qui font d’ores déjà courir les préavis de grève pour la reprise. A l’image de l’appel de Sud Education, de la CGT éducation, de FO et même du SNES qui appellent à la grève du 2 au 7 novembre. Nous ne pouvons tolérer plus longtemps que l’éducation soit sacrifiée, que nos conditions de travail et de vie soient menacées, il est temps d’imposer face à un gouvernement qui broie tout ce qui ne lui est pas rentable, nos conditions, notre école, notre société !

 
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