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La Izquierda Diario
24 de octobre de 2020 Twitter Faceboock

Succès du live
Union nationale, offensive islamophobe : retour sur le débat de Révolution Permanente
Olive Ruton

Jeudi soir, Révolution Permanente diffusait un nouveau grand live Facebook "Conflans. Après l’horreur, refuser l’instrumentalisation". Animé par Anasse Kazib, avec la présence de Youcef Brakni, Omar Slaouti, Marwan Muhammad (CCIF) ou encore Marion (enseignante dans le 93) et Inès Rossi (militante Du Pain et des Roses), après l’horreur, il a été l’occasion de porter une parole alternative contre l’union nationale et la déferlante islamophobe qui marque la séquence actuelle.

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Ce jeudi soir, Révolution Permanente diffusait un nouveau grand live Facebook "Conflans. Après l’horreur, refuser l’instrumentalisation". Animées par Anasse Kazib, les deux heures de live ont vu défiler plusieurs militants venus débattre de la situation ouverte depuis le meurtre de Samuel Paty vendredi dernier à Conflans. Étaient ainsi réunis Youcef Brakni (militant des quartiers et membre du collectif Vérité et Justice pour Adama Traoré), Marion (enseignante dans le 93), Omar Slaouti, militant antiraciste, au FUIQP, et enseignant), Inès Rossi (militante du NPA-Révolution Permanente et du collectif féministe Du Pain Et Des Roses) et Marwan Muhammad (ex-directeur du CCIF). Au cœur de la déferlante islamophobe de ces derniers jours, les 6 intervenants ainsi que les plus de 1.000 personnes connectées et très réactives tout au long de l’émission, ont témoigné du besoin d’une telle échéance, d’une voix qui s’élève enfin contre la surenchère réactionnaire.

Refuser l’instrumentalisation du drame et la déferlante islamophobe

Après que la soirée ait été ouverte par un hommage à Samuel Paty et à tous ses proches, collègues et élèves, le live a commencé avec un court reportage, revenant sur l’horrible meurtre de Samuel Paty puis du traitement de l’affaire dans les médias depuis une semaine ; de Darmanin choqué des rayons hallal dans les supermarchés, à Bruckner accusant Rokhaya Diallo d’avoir « causé la mort des douze de Charlie », en passant par les envies de vengeance de Goldnadel.

Dans un climat où le gouvernement menait déjà l’offensive islamophobe autour du projet de loi contre le séparatisme, l’offensive réactionnaire s’est donc considérablement accélérée et approfondie cette semaine. « Le corps de Samuel Paty a à peine été enterré que le gouvernement est tout de suite parti a l’offensive », comme l’a expliqué Youcef Brakni. En effet, l’assassinat terrible du professeur de Conflans a tout de suite été revêtu d’un contenu très politique par le gouvernement, qui y a immédiatement vu l’occasion de mettre en œuvre les annonces qu’il faisait sur la loi sur le séparatisme, comme les dissolutions d’associations, avec dans le viseur le CCIF et BarakaCity,

« Ils voulaient des cibles, ils voulaient des boucs émissaires », dit Marwan Muhammad décrivant la politique et la volonté de la classe politique et du gouvernement : « il faut qu’on donne a voir le spectacle de l’humiliation de ceux qu’on a désignés pour cible ». Et dans ce sens, les perquisitions lancées et annoncées par Darmanin en conférence de presse en ont dit long. « Le fait d’utiliser les moyens de l’État à des fins qui ne sont plus des fins de service public […] mais à des fins politiques, coercitives, et d’intimidation, ça c’est la définition même de l’ordre arbitraire » continue Marwan, suivi d’Omar qui pointent des perquisitions qui servent « à envoyer des messages ». Des perquisitions dont l’un des amis d’Omar a été victime, le matin même, perquisitionné à 7h du matin à son domicile où dormait toute la famille. Un procédé totalement arbitraire et autoritaire qui avait aussi été lancé en 2015 après les attentats, avec plus de 4000 perquisitions qui n’avaient évidemment rien donné, comme le rappelle le militant.

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Un discours alternatif contre l’union nationale derrière Macron et son gouvernement

Au-delà de la déferlante de haine contre les musulmans qui seraient devenus, à en croire le discours dominant, la principale et terrible menace qui pèse sur la France, c’est à l’union nationale face à cet ennemi qu’a appelé le gouvernement. Une union à laquelle s’opposent fermement les invités de Révolution Permanente. Pour Marion, enseignante dans le 93 - et qui commence dans son intervention par rappeler ce qui a été la « pire rentrée de sa vie » sans aucun moyen pour faire face à la pandémie, des masques toxiques, et aucune mesure sanitaire viable - il est hors de question de céder à cette manœuvre du gouvernement. Évoquant l’immense peine et le sentiment de choc qui avaient fait suite au meurtre parmi le corps enseignant, et le besoin de partager les moments de deuils avec les autres collègues, elle explique les discussions soulevées à la veille du rassemblement Place de la République : « Les dernières personnes avec qui on avait envie de partager [ces moments], c’est celles qui sont en train de prévoir 1800 suppressions de postes dans le second degré, c’est celles qui sont en train de vouloir casser le statut de l’éducation ».

Elle est rejointe sur tous les points par Omar qui lui aussi dénonce l’instrumentalisation grossière par le gouvernement et la tentative de profiter de la peine et de la sidération collective pour faire taire toutes les oppositions et réunir derrière lui ; « Nous avons tellement été saisis que le gouvernement a souhaité faire une récupération politique ». Pour lui comme pour Marion, de vrais résistances contre le gouvernement et son union nationale existent néanmoins sur le terrain : « les enseignants, les élèves, les parents d’élèves dans leur majorité refusent d’être pris en étau entre un crime odieux et une récupération politique qui montre du doigt certaines catégories de la population ». Et pour Omar, la position est claire : « Évidement qu’il ne peut pas y avoir d’union nationale ! » avec le gouvernement et « des manifestations dans lesquelles l’extrême-droite est présente ! »

Inès, militante de Du Pain et des Roses, rappelait dans son intervention la nécessité pour le collectif de se démarquer radicalement de tout le pseudo-féminisme du gouvernement, du fémonationalisme qu’il porte, « l’ instrumentalisation du féminisme à des fins nationalistes et impérialistes », plus encore dans une période où les femmes voilées sont directement attaquées, rappelant que « le féminisme du gouvernement, c’est un féminisme de classe, qui ne s’intéresse pas à l’émancipation de la femme qui est voilée ». Dans le mouvement féministe comme dans tout l’espace politique, il est donc hors de question de céder à une quelconque forme d’unité avec les forces politiques réactionnaires de la société.

Construire « un outil qui se place indéfectiblement du côté des opprimés »

Bien au contraire de l’union nationale, et comme y appellent les militants de ce live, l’heure est à une union des forces et des organisations de gauche contre l’islamophobie et la vague réactionnaire. « Il faut que les organisations de gauche soient au rendez-vous pour une mobilisation contre la loi séparatisme qui s’attaque à la communauté musulmane » rappelle Omar.

Youcef Brakni le rejoint d’ailleurs en soulignant à quel point une voix puissante à gauche catalyse la haine et la peur de toute une partie de la classe politique, qui se cristallise autour de la haine clairement exprimée cette semaine de « l’islamo-gauchisme ». Comme le rappelle Youcef, cette idée a une histoire et fait écho au « judéo-bolchévisme » du siècle dernier. Là, elle désigne le fait de « croire à un complot islamiste de tous les musulmans de la planète qui comploteraient contre la France avec l’aide de certains éléments gauchistes ». Une terreur que certains politiques ou journalistes ne se cachent plus d’évoquer librement, à l’image de Blanquer qui le jour même avait évoqué sur un plateau « l’islamo-gauchisme » contre lequel il allait devoir se battre et qui fait pour lui de certaines organisations de gauche (dont feraient partie la FI et l’UNEF) des « complices intellectuels du terrorisme ». Des accusations nauséabondes qui, en plus de montrer l’étendue du climat réactionnaire qui permet à un Ministre de les proférer ainsi, révèle si l’on en doutait à quel point les voix qui peuvent s’élever à gauche sont redoutées et traquées par le gouvernement dans une telle période.

La gauche, directement visée elle aussi par les offensives du gouvernement doit s’unir contre l’islamophobie dans une période où les attaques se font aussi fortes, elle doit faire bloc. C’est ce à quoi appelle Youssef Brakni, interpellant les organisations de gauche qui se font très peu entendre depuis vendredi, voire servent de caution à la politique gouvernementale : « Il faut que les organisations de gauche arrêtent de flipper. Nous on ne joue pas, demain ma porte peut être défoncée. Vous vous n’avez rien à perdre, prenez vos responsabilités. » Dans une telle période, où les mouvements de lutte des classes comme les crises et les offensives contre les classes populaires se font de plus en plus intenses et violentes, les forces de gauche doivent paraître unies et organisées, sur le terrain de la lutte des classes, contre l’État qui n’hésite pas à mobiliser tous ses moyens pour la répression. Sur le terrain de l’organisation, Inès développe quant à elle l’importance d’ « un outil qui se place indéfectiblement du côté des opprimés », à travers la construction d’un parti révolutionnaire, perspective que les militantes du collectif Du Pain et des Roses et du NPA-Révolution Permanente défendent au sein du NPA.

Ce Live, suivi par une constante de plus de 1000 personnes, et avec toujours plus de 800 personnes à 23H au moment de la clôture, a en tout cas montré le besoin et l’espace pour cette voix strictement opposée au discours dominant et ininterrompu, islamophobe et réactionnaire de ces derniers jours. Cette voix menace l’union nationale fragile, et qui dérange énormément du coté des politiques et des médias. Une inquiétude et une haine qui se mesurent à la violence des propos tenus dans des médias comme CNews où Anasse a pu se faire traiter sans que cela ne choque personne d’« islamiste » sur le plateau par Goldnadel ou encore d’« islamofasciste » par Ivan Rioufol. Que ces deux portes-flingues du pouvoir s’en prennent aux participant ne démontrent que deux choses : que les classes dominantes ont peur de voir émerger un discours alternatif qui vienne s’opposer aux injonctions à l’union nationale ; et que le régime est prêt à déployer les méthodes les plus détestables et décadentes pour imposer les pires politiques réactionnaires.

 
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