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La Izquierda Diario
19 de octobre de 2020 Twitter Faceboock

Couvre-feu : pas d’exception culturelle malgré les gesticulations de Bachelot
Adèle Chotsky

La fin de la semaine dernière a vu les acteurs du gouvernement défiler tour à tour pour décliner dans leur champ d’intervention les mesures du couvre-feu annoncées par Macron. Pour la culture, Roselyne Bachelot a quémandé des miettes pour le secteur le plus touché par les mesures de confinement.

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Crédit Photo Alain JOCARD/AFP

Le couvre-feu annoncé mercredi dernier par Macron et entré en vigueur ce samedi dans neuf métropoles continue d’enfoncer le monde de la culture déjà durement touché par la crise.

Après le confinement et la mise à l’arrêt, avant tous les autres du secteur de la culture, c’est au tour de l’arrivée du couvre-feu d’y porter un dernier coup, et dans ce cas spécifiquement au secteur du spectacle vivant et du cinéma. En cette période de Covid-19, le milieu culturel s’est enfoncé dans la crise depuis mars dernier, avec des productions de spectacles annulées les unes à la suite des autres, des contrats précaires tout bonnement annulés, des sorties en salles de cinéma reportées à des dates toujours plus lointaines. Le couvre-feu va continuer de fortement pénaliser les cinémas et les salles de spectacle qui doivent, comme de nombreux autres établissements, fermer leurs portes à partir de 21h : un coup dur pour toutes les séances et les spectacles en soirée, aux heures auxquelles le public peut être présent après le travail.

C’est dans ce contexte que la ministre la culture Roselyne Bachelot plaidait depuis jeudi pour une assouplissement du couvre-feu au-delà de 21h en faveur des salles de spectacles et de cinémas, pour laisser le public rentrer chez soi sans infraction, le billet de spectacle ou de cinéma faisant foi. Une proposition immédiatement refusée par Castex vendredi, à la veille de la mise en place du couvre-feu, qui a ajouté qu’il était « sûr que chacun pourra s’adapter, y compris le monde de la culture. »
La proposition « d’exception culturelle » vis-à-vis du couvre-feu de la ministre, s’inscrit dans l’impréparation générale de l’État face au rebond de l’épidémie de Covid-19, pourtant annoncée depuis des mois par les épidémiologistes. Une impréparation qui s’illustre tout particulièrement dans le secteur culturel dont la timide reprise n’aura duré que quelques jours, pas de quoi, pour ls intermittents de remplir leur quota d’heure obligatoires, encore moins pour que les CDD et contrats encore plus précaires ne puissent survivre. En outre, pour ceux qui contnuent de travailler, à l’instar des vacataires des bibliothèques et des musées, ils se retroouvent totalement démuni, sans aucune mesure sanitaire à la hauteur de la virulence du rebond épidémique comme le condamnaient les vacataires en grève de la Bibliothèque Publique d’Information.

Depuis les premières mesures sanitaires, c’est tout le secteur qui s’est écroulé, avec en première ligne les travailleurs aux contrats les plus précaires : CDD non renouvelés chez les prestataires techniques, travailleurs saisonniers ou occasionnels qui se retrouvent sans aucune protection face à la perte de revenus, absence de protocole sanitaire correct pour ceux et celles, majoritairement jeunes et/ou étudiants en contrats précaires qui sont en « première ligne » à l’accueil du public dans les institutions culturelles. L’annonce d’une « année blanche » des intermittents par le gouvernement ne couvre que partiellement, une partie des travailleurs précaires (pas les freelance, les intérimaires, les contrats courts, mais aussi ceux qui travaillent au noir ou de manière semi-légale) et uniquement jusqu’à l’été 2021, où il est clair aux vues de la situation sanitaire actuelle qu’il n’y aura toujours pas de retour à la normale. Le couvre-feu, c’est un coup de plus à toutes celles et ceux dont les emplois étaient déjà à l’arrêt.

La tentative de Bachelot apparaît alors d’autant plus comme un coup d’épée dans l’eau, une gesticulation bien faible face à la situation générale de la culture face à la crise. Hypocrisie de dernière minute de celle qui dit « partager la désolation de tous les acteurs » des secteurs touchés. Celle qui à la suite de Riester et sa gestion désastreuse du secteur, est restée muette face à la noyade des contrats précaires non renouvelés, des intermittents qui se sont retrouvés sur le carreau et qui ne peuvent pas attendre, sans revenus, la fin d’une situation épidémique convulsive. Après s’être retrouvée le bec dans l’eau, tout ce qu’a ainsi promis la ministre c’est ce dimanche soir sur Europe 1 de « nouvelles aides financières » pour soutenir la culture et « d’amplifier des mesures qui existent déjà ». Mais pour l’heure c’est au cas par cas que les structures qui peuvent encore vivoter dans une situation économique désastreuse pour le secteur, prennent leur décisions, dans une désorganisation totale pour tenter de survivre sans aucun appui du gouvernement. Ainsi, le groupe MK2, qui compte 200 écrans dont 68 à Paris, a annoncé sur Twitter qu’il comptait ouvrir ses salles dès huit heures, les grands musées restent ouvert sur réservation etc.

C’est d’un plan d’urgence à la hauteur de la crise dont nous avons besoin pour et par les travailleurs du secteur. Par ceux qui connaissent non seulement les besoins de leurs milieux pour mettre en place des mesures sanitaires correctes pour le public et eux-mêmes avec des commissions sanitaires décisionnaires dans chaque lieu de travail. Pour qu’aucun salarié ou précaire ne pâtisse de la crise, exigeons 0 licenciements, un maintien du salaire pour les permanents ou titulaires dont l’activité est à l’arrêt, et une allocation à hauteur minimum du smic pour tous les précaires, intermittents, vacataires, CDD etc dont les contrats ont été rompu. Cette allocation doit être financée par un impôt fortement progressif sur les grandes fortunes et notamment celle du milieu culturel comme celle de Philippe de Villier qui a pu maintenir ouvert son Puy du Fou avec les bonnes grâce du gouvernement au péril de la santé des travailleurs et spectateurs pour garantir ses profits pendant cette période.

Ce n’est pas aux travailleurs de payer la crise engendrée par le gouvernement dont la seule volonté durant cette période est de vouloir préserver les profits des patrons !

 
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