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12 de octobre de 2020 Twitter Faceboock

élection américaine
Contre Trump, Biden est-il vraiment une solution ?
Jean Beide

21 jours nous séparent des élections américaines et la pression en faveur du vote Biden se fait ressentir plus forte que jamais. Donné large vainqueur par les sondages, le candidat démocrate cherche à incarner la seule voie pour sortir du « trumpisme » et tente de restaurer la légitimité d’un parti démocrate qui a pourtant été l’un des piliers centraux du capitalisme et de l’impérialisme américains. Bien que la lutte contre le gouvernement ultra-réactionnaire de Trump soit indispensable, une telle lutte peut-elle en passer par l’élection de Biden ?

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Crédits photo : AFP

Une situation politiquement polarisée

Les méthodes provocatrices de Trump sont passées, en quatre ans, de l’exception à la règle. A l’image du débat très véhément qui a opposé les deux candidats à la présidence, le pays parait profondément fracturé. En outre, la médiatisation croissante de groupes paramilitaires d’extrême droite comme les Proud boys alimente l’inquiétude de l’électorat de gauche qui pousse ardemment à soutenir Biden. La répression massive du mouvement Black Lives Matter, la gestion catastrophique de la pandémie de covid-19 et ses coups de forces institutionnels, à l’image de la nomination à marche forcée de la juge Barrett, tendent à faire de Trump, aux yeux d’une partie grandissante de la population, l’ennemi à abattre par tous les moyens.

Toutefois, s’il ne fait aucun doute que Trump est un ennemi des travailleurs et des classes populaires, est-ce à dire, comme l’affirme le camp démocrate, qu’il est leur seul ennemi ?

De l’incertitude à la crainte de débordements, des élections sous haute tension

Il est vrai que ces élections se tiennent dans un contexte très tendu. L’hypothèse que le scrutin soit perturbé par des groupes d’extreme droite et que des résultats locaux soient contestés n’est pas à exclure. Lawrence Douglas, professeur de droit à l’Amherst College, juge à ce titre que Trump pourrait chercher à faire invalider l’élection si le poids du vote à distance (dont il conteste la légitimité) devenait trop grand. Traditionnellement plus populaire dans l’électorat démocrate, le vote en ligne ou par courrier pourrait devenir, dans un contexte épidémique, un recours massif. Trump pourrait s’appuyer sur le décalage du dépouillement pour contester stratégiquement certains résultats. Or, un tel contentieux risquerait à ses yeux de plonger le pays dans une crise politique sans précédent.

La gauche américaine absorbée par le parti démocrate ?

Plus qu’un blocage institutionnel, certains militants de la gauche américaine craignent même que Trump ne cherche à contourner tout simplement les résultats. Comme le remarquent nos camarades qui animent le journal Left Voice https://www.leftvoice.org/socialists-should-not-vote-for-joe-biden, nombre de militants socialistes (qui se positionnent pourtant à gauche et en opposition au parti démocrate) sont en passe d’entrer massivement dans le giron du parti libéral. Dan La Botz, dirigeant du socialist party, USA, explique d’ailleurs dans un article paru dans New Politics et intitulé pourquoi je vais voter pour Biden et vous encourage à en faire autant https://newpol.org/why-im-for-voting-for-biden-and-urge-you-to-do-so/ craindre un coup d’Etat de Trump, appuyé sur les milices paramilitaires qui lui sont plus ou moins inféodées. Voter Biden massivement apparait alors à ses yeux comme la seule façon de décourager Trump d’emprunter la voie du coup fasciste.

Trump a-t-il les moyens d’un coup d’état ?

L’argument a de quoi faire peur. Toutefois, cette prise de position des socialistes interroge quant à sa pertinence réelle. Comme le note à juste titre Left Voice, « il est ridicule de penser qu’un coup d’état fasciste est à l’ordre du jour aux Etats-Unis, tant il est clair que l’immense majorité de l’establishment économique et militaire du pays y est opposé ». De plus, il faut ajouter à cela qu’il est aussi illusoire de vouloir faire face à un coup d’état par le vote qu’il est illusoire de vouloir arrêter la tempête avec un parapluie. Au contraire, la pression au vote utile en faveur d’un parti qui a tué davantage au Moyen-Orient et reconduit plus de personnes sans papiers à la frontière que Trump, représente surtout un risque historique de marginalisation politique pour la gauche.

Le vote utile : une arme pour la restauration du capitalisme « respectable »

Le parti démocrate, historique pilier du capitalisme et de l’impérialisme meurtrier des Etats-Unis, est en pleine offensive pour restaurer son hégémonie sur l’ensemble de la gauche américaine. Trump et sa politique ultra-réactionnaire, sexiste et raciste lui ouvrent un boulevard pour aligner derrière lui toutes les sensibilités hostiles au président en place. Greta Thunberg, figure de proue du mouvement mondial de lutte contre le réchauffement climatique, appelle ouvertement « tout le monde à voter Biden », c’est-à-dire à faire élire un candidat ultra libéral, favorable à la dérégulation complète de l’économie et de la production, fléau pour la planète. Le vote Biden n’est pas un vote en faveur des minorités ni des travailleurs, pas plus qu’un pas en avant sur le chemin d’une économie durable, mais seulement un blanc-seing accordé à une branche du capitalisme américain qui souhaite restaurer sa légitimité et son hégémonie internationales.

La question qu’il faut se poser est de savoir ce qu’il adviendra de toutes les forces politiques qui auront soutenu Joe Biden quand celui-ci réprimera, expulsera, exploitera et polluera ? Comment gagner la confiance des travailleurs et des minorités quand leur vie auront été brisées par le candidat du « moindre mal » ?

Aucun candidat de la classe dominante réactionnaire ne pourra servir l’intérêt des travailleurs, des classes populaires et des minorités. C’est pourquoi il faut pousser, comme le défend Left Voice, à la mobilisation massive contre les politiques réactionnaires et l’exploitation des travailleurs ainsi qu’à la constitution d’un parti de la classe ouvrière radicalement indépendant.

 
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