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La Izquierda Diario
11 de novembre de 2015 Twitter Faceboock

#AssezDeViesBroyées
C’est la misère et la précarité qui ont tué El Anfani Abdallah

Julian Vadis

Si la tragique histoire d’El Anfani Abdallah, étudiant retrouvé mort de faim dans son logement à Villeneuve d’Ascq, a profondément choqué l’opinion publique, elle est aussi l’illustration violente d’une situation de précarité extrême chez les étudiants. En effet, les conditions de vie de celles et ceux qui peuplent les campus se dégradent d’année en année, et ce constat est de plus en plus alarmant, rythmé par des rapports tous plus accablant les uns que les autres.

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Plus d’un quart des étudiants ont des difficultés à subvenir aux besoins de première nécessité

Les chiffres datent de 2013, issus des études conjointes de l’UNEF, la LMDE et l’Observatoire de la Vie Etudiante (OVE), et mettent en lumière la précarité galopante dans le milieu estudiantin. Sur 2.2 millions d’étudiants en France, 100 000 vivraient en dessous du seuil de pauvreté avec moins de 650 euros par mois tandis que 225 000 seraient en grandes difficultés financières. En outre, 26 % des étudiants interrogés affirment "rencontrer de réelles difficultés pour faire face aux dépenses courantes" à savoir l’alimentation, le loyer ou encore les factures d’électricité. Près des trois quarts des étudiants (73%) sont dépendant de leur famille pour vivre. En effet, l’aide financière familiale est de loin la principale source de revenus des étudiants, loin devant les aides sociales (bourses sur critères sociaux, aide au logement, allocations familiales) que seulement 38% d’entre eux perçoivent. En ce qui concerne l’accès au soin, elle est de plus en plus inaccessible pour les étudiants, et 49.2% d’entre eux ont recours à l’automédication. De plus, un enquête BVA pour le compte de Sodexo datant de 2012 a révélé que près de la moitié des étudiants (46 %) doivent travailler pour subvenir à leurs besoins durant l’année, qu’un tiers sautent au moins une fois par semaine le déjeuner et 22% le dîner et que 38%, songent à mettre un terme à leurs études ou, en tout cas, y ont déjà pensé. Sans parler des stages qui sont souvent peu ou pas rémunérés. Bien entendu, et comme pour toutes les enquêtes centrés sur la précarité, il est très probable que les résultats de l’enquête soient minimisés par l’autocensure des interrogés.

Etudiants étrangers : la double peine

Du côté des étudiants étrangers, c’est la double peine qui s’exerce avec en plus de la précarité étudiante la violence d’une université au service de l’impérialisme français. Combien d’étudiants sont obligés de quitter leur pays et leur famille pour suivre leurs études en France, et se retrouvent confrontés à la solitude et l’isolement en plus de la violence policière et des difficultés administratives ? Si El Anfani Abdallah était originaire de l’ile désormais française mais néocolonie de Mayotte, il était comme un étranger dans la métropole : on a ainsi mis plusieurs semaines à retrouver son corps dans sa chambre d’étudiant. De plus, le jeune homme ne recevait plus sa bourse de l’Agence de l’Outre-Mer pour la Mobilité (LADOM) pour un simple blocage administratif alors même qu’elle était censée être renouvelée automatiquement cette année, et malgré tous les efforts de sa mère en ce sens.

Hausse du coût de la vie, baisse des aides sociales : cherchez l’erreur

Dans son dossier de presse Rentrée 2015 : Enquête sur le coût de la vie étudiante, l’UNEF met en avant une hausse de 1.1% du coût de la vie pour les étudiants. Pour régler ce problème... l’Etat a décidé de raboter les APL de 225 millions dans le cadre du budget 2016 ! Pour la qualité de vie des étudiants, on repassera ... Une fois de plus, le gouvernement PS décide de faire payer aux plus précaires sa politique d’austérité, sacrifiant sur l’autel de la sacro-sainte guerre contre la dette publique les conditions d’études de plus de deux millions de jeunes. Un endettement planifié par la mise en place des lois LRU et Fioraso, faisant exploser les dettes des universités et laissant comme seule alternative la privatisation de filières entières, entrainant de fait une augmentation des frais d’inscriptions. Cela ne peut qu’accentuer les difficultés financières des étudiants et restreindre de plus en plus l’accès aux étudiants à l’université. En effet, il faut souligner que El Anfani Abdallah faisait partie de ces milliers d’étudiants « sans-fac » qui n’ont pas pu faire leur inscription à la fac cette année dans un contexte d’augmentation de la sélection.

Face à cette situation qui se dégrade chaque jour un peu plus, c’est à la jeunesse de réagir pour que tout le monde puisse étudier dignement. Pour ce faire, nous devons exiger la rémunération des stagiaires au même titre que les salariés, et la mise en place d’une allocation d’autonomie pour toutes et tous les jeunes. Nous devons aussi imposer une autonomie complète des universités vis à vis du patronat et de l’impérialisme français qui créent la misère et sèment la guerre partout dans le monde et dans les DOM-TOM, et empêchent les étudiants présents en France de pouvoir étudier dignement. Pour qu’il n’y ait jamais plus de nouveau El Anfani Abdallah.

 
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