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La Izquierda Diario
16 de septembre de 2020 Twitter Faceboock

Coup de pub ?
Accord Israël-Emirats-Bahreïn : un nouveau Moyen Orient. Vraiment ?
Wangrin

Dans la continuité de la trahison du peuple palestinien.

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La signature de l’accord de paix entre Israël les Émirats arabes unis (EAU) et son état satellite du Bahreïn a été présentée comme un événement historique par ses signataires et par les États-Unis, véritable parrain de l’accord. Cette communication à été reprise par nombres de médias qui y voient une « avancée historique » ou une trahison des intérêts palestiniens. Mais dans les faits ce traité est dans la continuité de la politique menée par les acteurs régionaux depuis des années : il ne permet aucune avancée sur la question de la négation des droits du peuple palestinien et ne transforme pas la situation géopolitique du Proche-Orient. L’accord de paix entérine les équilibres et les rapports de force régionaux conséquence de l’invasion américaine en Irak et de la répression des printemps arabes. Laissant encore une fois de coté les palestiniens ces accords offrent surtout des avantages à court terme pour les Émirats Arabes Unis, Israël et les États-Unis.

Un accord dans la continuité de l’attitude des dirigeants arabes vis-à-vis d’Israël et de la question palestinienne

Il convient d’abord de rappeler que le traité de paix entre les EAU et Israël n’est pas une remise en question inédite des « positions arabes en général ». Deux Etats voisins d’Israël et belligérants des cinq premières guerres israélo-arabe, l’Égypte et de la Jordanie, ont déjà signé des traités de paix et de normalisation avec Israël. Pour l’Égypte c’est en 1979 sous l’impulsion d’Anouar el-Sadat alors en plein rapprochement avec le bloc de l’ouest. L’accord de paix entre le royaume de Jordanie et Israël est conclu en 1994, mais une collaboration plus ou moins officieuse existait déjà entre les deux Etats. Dès 1970 par exemple, à l’occasion du septembre Noir. On voit ici que la résolution de Khartoum est depuis longtemps foulé au pieds par ces régimes. Il s’agit d’une position commune adopté par 9 pays arabes en 1967 et qui pose le principe des « Trois Non » : non à la paix avec Israël, non à la reconnaissance d’Israël, non à toute négociation avec Israël.

Cela fait en fait plusieurs années que les EAU, à l’instar des autres monarchies du Golfe, ont entamé un processus de normalisation de leurs relations avec l’Etat hébreu. Cela passe par des fuites orchestrées par les deux pays eux-mêmes sur des contacts diplomatiques dans les grandes capitales. Mais aussi par une propagande en direction de l’opinion des pays arabes et des occidentaux. Depuis 2019 les EAU ont acheminé de l’aide humanitaire à la Palestine en passant par l’aéroport Ben Gourion et en coordination avec les autorités israéliennes plutôt qu’avec l’autorité palestinienne. L’un des objectifs est ici de court-circuiter et de marginaliser les autorités palestiniennes, qui ont récemment osé refuser le prétendu « plan du siècle » élaboré par le gendre de Donald Trump, Jared Kushner. Plan accepté par les monarchies sunnites. L’accord de paix conclu cette semaine transgresse la posture adoptée par les Etats arabes ainsi que sur le plan juridique l’initiative de paix arabe de 2002. Mais cette dernière a été vidée de sa substance il y a longtemps, tout comme l’autorité de la Ligue arabe qui soutenait l’initiative a déjà été démonétisé.

Une opération de communication pour Trump et Netanyahu

Si cet accord correspond à de véritables convergences d’intérêts entre les signataires, l’influence de l’administration Trump est déterminante, notamment pour ce qui est du calendrier. Donald Trump se retrouve en difficultés dans sa campagne pour sa réélection du fait de sa mauvaise gestion du Covid-19 et de la remise au premier plan de la question du racisme systémique dans son pays. En faisant le 13 août une publicité bruyante autour de cet accord qu’il présente comme historique, le président états-unien a court-circuité ses partenaires en espérant soigner sa stature de chef d’Etat et de négociateur. Pour son administration c’est l’occasion de se vanter d’avoir mis fin au refus des pays arabes de la normalisation avec Israël. Alors même que cette normalisation est un processus entamé depuis longtemps. Trump se rêve et se présente comme l’homme qui instaurera la paix au Proche-Orient. Il a ainsi mis en avant la reconnaissance par la Serbie de Jérusalem comme capitale de l’État hébreu. L’objectif est aussi de faire oublier l’enlisement du « plan du siècle » que Trump a essayé d’imposer aux palestiniens. Enfin ce prétendu plan de paix, qui est un véritable blanc-seing à la colonisation illégale de la Cisjordanie par Israël, a reçu le soutien de la droite et de l’extrême-droite israélienne. Or, tout ce qui plaît à cette frange politique plaît aux évangéliques américains. Pour lesquelles l’avènement d’un grand Israël est un préalable nécessaire au retour du christ. Cet électorat de 65 millions de personnes est un des socles de la base électorale de Donald Trump.

Pour Israël, l’intérêt de ces accords n’est pas économique. Parce que des relations commerciales existaient déjà entre les EAU et Israël. Et si la famille royale émiratie va faire des investissements médiatisés en Israël, afin de montrer aux Palestiniens ce qu’ils ratent en rejetant l’« accord du siècle » et la manne financière qui doit l’accompagner cela n’est pas nécessaire pour l’économie israélienne. Cet accord donne l’occasion à Israël de consolider sa légitimité dans les relations régionales. Mais surtout ce succès diplomatique marginal permet à Netanyahu de faire là encore oublier l’échec de « l’accord du siècle », qui prévoyait l’annexion des colonies cisjordaniennes. Ce renoncement peut alors être présenté à l’opinion comme n’étant que temporaire et ce n’est pas la mention dans l’accord d’un arrêt du processus d’annexion de la Cisjordanie qui fera que des terres palestiniennes ne soient rendues. La suspension de l’annexion fait que l’Autorité restera un acteur politique affaibli, ce qui permet la fiction d’un processus de paix et de négociations bilatérales.

Un énième coup de couteau dans le dos pour les palestiniens

De fait les seul perdants de cet accord sont les palestiniens. Une fois de plus laissés au bord de la touche. Des manifestations ont eu lieu en Cisjordanie et dans la bande de Gaza et les israéliens ont bombardé la bande de gaza suite à des tirs de roquettes. Sans que cela ne provoque la moindre réaction de dirigeants du monde arabe. Mais en fait cet accord ne change pas drastiquement la situation des palestiniens qui doivent continuer à lutter contre l’oppression sioniste. C’est-à-dire pour le droit au retour, la reconnaissance de Jérusalem-est comme capitale et la fin de la colonisation israélienne. Au-delà des intérêts à court terme des signataires et de leur parrain américain les revendications et la lutte palestinienne restent toujours autant d’actualité.

Le succès de la lutte palestinienne ne dépend pas du soutien d’Etats autoritaires mais du soulèvement et de la solidarité des peuples des pays voisins mais aussi des travailleurs israéliens qui doivent rompre avec l’idéologie réactionnaire du sionisme contre ses propres exploiteurs israéliens.

 
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