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La Izquierda Diario
14 de septembre de 2020 Twitter Faceboock

Non à la transphobie !
Dans son nouveau livre, JK Rowling développe ouvertement son imaginaire transphobe
Nima Santonja

Troubled Blood, le prochain livre de l’auteur mondialement connue JK Rowling, racontera l’histoire d’un détective qui enquête sur la disparition d’une femme, victime d’un serial killer dont le modus operandi serait… De s’habiller en femme.

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crédits photos : AFP

Troubled Blood, le prochain livre de l’auteur mondialement connue JK Rowling, racontera l’histoire d’un détective qui enquêtera sur des meurtres d’un serial killer habillé en femme. La morale ? « Ne jamais faire confiance à un homme portant une robe ». Après de nombreuses polémiques sur ses positionnements contre les droits des trans et contre la reconnaissance de leur existence même, JK Rowling continue de glisser sur le terrain des idées réactionnaires les plus nauséabondes.

Des polémiques encore fumeuses

C’est sous son alias Robert Galbraith que JK Rowling publie son dernier livre, Troubled Blood. Selon un article du Telegraph et de PinkNews, ce nouveau livre d’une longueur conséquente de 900 pages, raconte l’histoire d’un détective qui enquête sur la disparition d’une femme, victime d’un serial killer dont le modus operandi serait… De s’habiller en femme. 

Cette thématique ne sort pas de nulle part. JK Rowling, depuis quelques années, fait beaucoup parler d’elle à cause de son positionnement politique contre les droits des trans, ayant publié sur Twitter des phrases-chocs volontairement anti-trans mais aussi, de manière plus profonde, en faisant des allusions douteuses sur la transidentité comme une « mode » dangereuse chez les jeunes, en comparant l’accompagnement médical des personnes trans aux horribles thérapies de reconversion des personnes gays aux États-Unis (centres de torture pour convertir à l’hétérosexualité les personnes homosexuelles) et en soutenant publiquement des militants luttant contre les droits des personnes trans.

Un imaginaire transphobe qui ne date malheureusement pas d’hier

Ce nouveau livre enfonce le clou d’un des arguments transphobe encore très fort aujourd’hui : Le fait que les femmes trans seraient un danger pour les femmes cisgenres (ndlr : qui ne seraient pas transgenres). Que non seulement elles seraient donc une menace mais aussi qu’elles seraient porteuses d’une déviance mentale terrible, d’un besoin de blesser, de tuer, peut-être à cause de tout le mal-être qu’elle porterait (ou peut-être simplement par déviance psychopathique.)

Cette représentation de la transidentité dans les films et les séries a été très majoritaire quand la personne trans comme sujet, comme personnage, est apparue au cinéma et à la télévision. Se basant bien plus sur des peurs des réalisateurs et auteurs que sur des réalités tangibles, elles imprègnent encore l’imaginaire de beaucoup de personnes aujourd’hui. On peut citer le serial killer de Psychose, de Hitchcock ou encore celui de Pulsions, de Brian de Palma ou encore celui du Silence des Agneaux de Jonathan Demme. Dans l’immense majorité des cas, c’est d’ailleurs une personne transféminine qui est représentée. Il s’agit donc de lier la transidentité à une forme de déviance qui conduirait à de la perversion, voire à des pulsions morbides.

Ces représentations sont terribles pour les personnes trans qui en vérité ont passé le plus clair de leur histoire en tant que mouvement à lutter pour dépathologiser leur existence, revendiquer de ne pas être « malades », ni physiquement, ni mentalement. Elles ont forgées tout un imaginaire qui, lorsque la personne trans est passée d’invisible à visible dans les médias et les supports culturels, l’a rendue aussitôt terrifiante, honteuse, malade, répugnante et méritant châtiment (bien souvent dans la fiction - la mort, ou l’exclusion ad vitam aeternam.) Bien heureusement, de nouveaux créateurs aujourd’hui tentent de « rattraper le coup » en proposant de nouvelles représentations plus réalistes des vécus des personnes transgenres.

Mais la réalité politique des personnes trans aujourd’hui, c’est d’être battues, frappées, violées, défigurées, assassinées, ou encore ostracisées, précarisées, isolées… La montée de l’extrême droite dans de nombreux pays, y compris en Europe, fait augmenter ces violences et ces discriminations, et, malheureusement, dans ce climat délétère, JK Rowling prend la décision de consolider cette peur imaginaire de la personne transgenre, de criminaliser leur existence !

On ne naît pas transphobe, on le devient (grâce aux livres de JK Rowling ?)

Il nous paraît nécessaire et primordial de rappeler que la transphobie structurelle et individuelle ne naissent pas de nulle part, qu’elle sont, certes, parfois provoquées individuellement par la peur de l’inconnu, mais qu’elle sont aussi structurellement organisées, entretenues et perpétuées par des représentations, des images, par des personnes œuvrant publiquement. JK Rowling, avec Trouble Blood, s’inscrit directement dans la lignée de ces représentations, et cela, de manière tout à fait regrettable après le succès encore retentissant de son Harry Potter. L’histoire de la transphobie a un long passé et a peut-être malheureusement encore de beaux jours devant elle… Car dans cette histoire, JK Rowling semble avoir définitivement choisi le côté des Forces du Mal.

 
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