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La Izquierda Diario
9 de septembre de 2020 Twitter Faceboock

Nouvelle catastrophe industrielle ?
Ford lâche l’usine de GFT : rassemblement ce jeudi à Blanquefort !
Antoine Bordas
Petra Lou

Les travailleurs avaient relancé l’alerte depuis plusieurs mois sur l’avenir de leur usine, jeudi dernier, Ford a annoncé qu’il ne serait désormais plus actionnaire du site. Ce jeudi 10 septembre, un rassemblement est appelé devant l’usine de Blanquefort à 12h !

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Nous revenions longuement, il y a quelques semaines, sur la situation incertaine de l’usine de Getrag Ford Transmission. Avec une charge de production allant pour l’instant jusqu’en 2023 et avec pour unique client le géant Ford Motor Company, les travailleurs s’inquiétaient à juste titre pour leur avenir. Aujourd’hui, la situation s’accélère avec une annonce importante de la direction et les premières réponses des ouvriers qui appellent à la grève et au rassemblement ce jeudi 10 septembre à partir de 12h devant leur usine à Blanquefort (65 rue Jean Duvert 33290 Blanquefort)

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Ford lâche ses actions pour sauver son image

C’est ce jeudi 27 août, alors que l’activité de l’usine reprenait à peine suite aux vacances annuelles, que les dirigeants des entreprises Ford et Magna ont annoncé leur arrangements. A travers un CSE extraordinaire, c’est une répartition des différentes usines qu’ils avaient en commun qui a été conclue. L’usine de Cologne en Allemagne et de Halewood en Angleterre reviennent à Ford, le site de Sanand en l’Inde resterait une copropriété ou serait vendu à une nouvelle entité indienne, enfin, le site de Blanquefort revient à Magna.

Une annonce soudaine qui vient décrédibiliser le directeur général du site, qui à propos d’une telle séparation disait : « Comment peut-on l’affirmer ? Il n’y a jamais eu d’annonces et il n’existe, à ce jour, aucun signe le confirmant. Comme c’est le cas dans les grands groupes associés, les discussions entre les deux sociétés sont quasi permanentes, comme le veut l’échéancier de nos contrats.  » … Une confirmation, s’il en manquait que l’on ne peut jamais faire confiance aux invectives patronales.

Au delà des coulisses de ces arrangements particulièrement révélatrices des volontés de la direction de l’usine, on voit la logique avec laquelle Ford cherche à séparer son image de l’entreprise de Blanquefort. Après le scandale de la fermeture de son autre entreprise de boite automatique il y a un an, où Philippe Poutou - porte parole du NPA et désormais conseiller municipal de Bordeaux en Luttes - travaillait, provoquer une seconde catastrophe industrielle serait complexe à justifier pour l’industriel. Une nouvelle tentative pour poursuivre son retrait du marché européen en toute douceur, en effet, depuis plusieurs années, Ford liquide son implantation industrielle européenne, avec déjà plus de 25 000 emplois supprimés. Après la bataille menée par les ex-ouvriers de Ford Blanquefort Industrie, GFT pourrait représenter une seconde épine dans le pied du géant de l’automobile, dont il pense se défaire avec cette opération.

Magna aux manettes : des perspectives différentes ?

Avec cette annonce, plusieurs questions se soulèvent. Dans la perspective d’une tentative de fermeture du site, la gestion d’un PSE (Plan de Sauvegarde de l’Emploi) reviendrait à Magna, qui a moins de responsabilités que Ford, qui a touché historiquement des millions de subventions publiques pour « maintenir les emplois » : du pur foutage de gueule de la part du constructeur, qui a condamné 800 ouvriers en fermant l’usine, et qui se désengage aujourd’hui de GFT. De plus, il faut préciser que Magna n’est qu’un producteur ; GFT étant mono-cliente de Ford, si celui-ci n’achète plus ses boîtes de vitesse, Magna pourra justifier une potentielle fermeture sur la base de cet argument.

De manière plus immédiate, ce sont les accords d’entreprises qui peuvent inquiéter. Comme lors de tout changement de direction, le peu d’acquis existant dans ces accords peuvent être remis en cause. Il faudra être attentif et voir si Magna ose toucher aux accords, dans une situation où l’avenir de l’usine cause déjà une tension parmi les travailleurs. Attaquer ces accords pourraient revenir à allumer une étincelle que ni Magna, ni Ford ne souhaite déclencher. Pourtant, la dynamique actuelle dans le monde du travail, avec notamment une généralisation des APC (Accord de Performance Collectives) qui sont imposés aux travailleurs, en leur laissant le choix entre perdre ses acquis et être licencié, peuvent laisser présager le pire.

La mobilisation commence dès maintenant

A l’image des patrons qui accélèrent les manœuvres, les ouvriers lancent une première riposte, avec une journée de grève et un rassemblement ce jeudi 10 septembre à 12h devant leur usine :

La CGT GFT appelle : « L’ensemble des salariés de GFT (équipe Nuit, Week End, bureaux, Matin, Après Midi), Ouvriers, Techniciens, Cadres, salariés de Nouvelle Aquitaine, Chômeurs, Retraités, toutes les Organisations Syndicales, élus, partis politiques, Gilets Jaune, Tigres Jaunes, étudiants, habitants et commerçants de Blanquefort et de la région Nouvelle Aquitaine à venir participer massivement à un Rassemblement.  ». Une chose est claire, il s’agit de faire une première démonstration face aux patrons et au gouvernement que ni les travailleurs, ni l’ensemble de la population, ne fermeront les yeux sur l’avenir du site.

Après la catastrophe industrielle de FAI, on ne peut laisser Ford partir en douce, même si une charge de production est annoncée jusqu’en 2023 (voire 2024), nous devons exiger aux côtés des travailleurs l’ouverture des livres de comptes, pour voir clair dans les profits, l’utilisation des subventions publiques, … en somme, toutes les manœuvres en coulisses de la direction. Une première étape, pour exiger qu’en aucun cas le moindre travailleurs ne devra se retrouver au chômage après avoir permis tant de profit à Ford. C’est fermement qu’il faut se positionner contre les licenciements et de toutes formes de suppressions d’emplois, en explorant les perspectives de reconversion, localement mais aussi à travers le pays. Contre le chômage, déjà conséquent et qui menace d’exploser dans les prochaines semaines, il est tout aussi indispensable d’exiger le partage du temps de travail, sans baisse mais avec une augmentation nette des salaires. Dans la situation de crise économique ouverte que nous vivons, c’est un plan global qu’il faut penser.

Ce jeudi, il est plus qu’important d’être au côté des ouvriers de GFT en grève, pour démontrer qu’ils ne sont et ne seront pas seuls dans le combat qui s’ouvre. Contre la fermeture de l’usine, et pour poser les pierres d’une riposte de l’ensemble du monde du travail, de la jeunesse et des secteurs populaires, toutes et tous devant l’usine de GFT à 12h !

Crédit photo : Cottereau Fabien

 
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