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La Izquierda Diario
3 de septembre de 2020 Twitter Faceboock

Débats sur le prochain Congrès à Université d’éte du NPA
Daniela Cobet : contre la menace d’implosion du NPA, avancer la perspective d’un grand parti révolutionnaire
Daniela Cobet

Quels enjeux pour le prochain congrès du NPA ? Intervention de Daniela Cobet, militante du NPA-Révolution Permanente, sur la situation politique, sur les possibilités pour les révolutionnaires et sur les menaces de scission de l’organisation, proposant comme perspective « un dépassement du NPA dans un parti révolutionnaire regroupant différentes traditions du mouvement révolutionnaire mais aussi d’accueillir les meilleurs éléments de l’avant garde qui a émergé dans les luttes depuis 2016 ».

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Dans l’atelier « Quels enjeux pour le prochain congrès du NPA ? » de la 12eme Université du NPA, Daniela Cobet, militante du NPA-Révolution Permanente, est revenue sur la situation politique actuelle, sur les possibilités pour les révolutionnaires et sur les menaces de scission de l’organisation, proposant comme perspective « un dépassement du NPA dans un parti révolutionnaire regroupant différentes traditions du mouvement révolutionnaire mais étant également capable d’accueillir en son sein les meilleurs éléments de l’avant garde qui a émergé dans les luttes depuis 2016. ». Nous retranscrivons ci-dessous son intervention.

Comme souvent dans les congrès, il s’agit de tirer le bilan de ce qui n’a pas marché dans la période précédente et de voir quelles sont les perspectives pour la période qui s’ouvre. Mimosa [de la Plateforme U, arrivée en tête au dernier Congrès - NDLR] a commencé son intervention avec quelques éléments de bilan. Un premier volet autour du bilan du NPA et un deuxième, qui à mon avis manque dans cette discussion, qui est le bilan de la plateforme que les camarades ont incarné au dernier congrès.

Je vais partir du premier bilan. C’est franchement malheureux qu’au moment où les camarades sont enfin disposés à discuter sérieusement du bilan de ce qui n’a pas marché au NPA, ce soit pour proposer sa dissolution. Cela fait des années que nous proposons d’avoir une discussion sur le bilan, non seulement du NPA en tant que tel mais aussi en tant qu’expression d’une politique internationale qui a été celle des partis larges. Et franchement les camarades, alors que dans tous les pays où elle a été appliquée, elle a conduit à l’affaiblissement des forces des militants révolutionnaires et y compris à l’intégration à l’appareil d’Etat [que Mimosa reconnaît], que ce soit au Brésil ou plus récemment en Espagne avec la participation de Podemos dans un gouvernement commun avec le PSOE, que la seule conclusion qu’on puisse en tirer soit qu’on avait raison de le faire et puis on continue comme si de rien n’était... Non les camarades, ce n’est pas comme ça que l’on peut avancer sérieusement.

Et c’est pareil en ce qui concerne le bilan des camarades de la Plateforme U, parce que les responsabilités dans l’échec et la crise du NPA ne peuvent pas être partagées à parts égales. Il y a dans ce parti des camarades qui représentent une minorité bien plus importante que les autres, et qui par ailleurs s’est dotée d’une majorité de travail au Comité Exécutif (CE), sur la base d’une discussion avec l’ensemble du parti qui consistait à dire qu’ils pouvaient peut-être ne pas être d’accord sur tout, mais qu’en se rassemblant ils allaient réussir à imposer une majorité pour sortir le parti du marasme, pour lui donner une orientation. Je voudrais entendre de la part des camarades quel est le bilan de cette Plateforme depuis le dernier congrès. Parce que c’est très facile de trouver des boucs-émissaires, de dire : « La faute, c’est pas à nous. Nous, on aurait voulu mener notre politique mais il y a des gens qui nous l’empêchent ». Ce n’est pas vrai les camarades. L’histoire du « bloc contre bloc », de la minorité de blocage etc., n’est pas vraie, comme on le voit dans ce débat même. Nous avons des désaccords sur la politique qu’il fallait mener à Bordeaux. Est-ce que nous avons été un blocage pour la politique de Bordeaux en Luttes ? Non, y compris des camarades à côté de moi nous le reprochent, même si nous avons mené une série de batailles correctes comme par exemple celle contre la présence de Loïc Prud’homme dans la liste, précisément pour ce qu’il incarnait au niveau de la France Insoumise et de sa politique à échelle nationale. De ce point de vue, il faut se défaire des mythes et essayer d’aborder la discussion en fonction de la réalité.

Et la réalité, c’est que ces débats de congrès ont commencé très mal. Non pas parce que les tendances auraient fait un esclandre, auraient accusé quiconque de « réformisme », parce que tout ça c’est aussi des fantasmes : Personne autour de cette table n’accuse les camarades d’être réformistes, nous avons des débats d’orientations, de stratégie et de programme, que nous voulons aborder en toute sérénité et avec beaucoup de sérieux. Néanmoins les camarades ont décidé d’ouvrir le processus de congrès avec une tentative de coup d’Etat au CPN [Conseil Politique National, instance de direction nationale du NPA – NDLR] pour imposer que celui-ci se déroule dans des conditions inédites, aussi bien dans le NPA que dans l’ex-LCR. C’est à dire un congrès pour lequel pour pouvoir voter, il aurait fallu avoir adhéré au parti un an auparavant, et comme par hasard ça tombait pile au moment du début du mouvement des retraites. Qu’est-ce que cela veut dire, quand il y a une position dans le parti qui a peur de voir s’exprimer dans ses débats internes les camarades qui ont été à l’avant-garde des luttes sur la dernière période et qui sont sortis de ce processus avec la conclusion précieuse pour nous qui est celle de vouloir commencer à militer dans le mouvement anticapitaliste et révolutionnaire ?

La discussion autour de la scission n’est pas une fausse discussion. Elle existe, y compris au sein des camarades de la Plateforme U, avec des camarades qui assument qu’ils ne veulent plus construire un parti commun avec une partie du NPA et qui, comme ils craignent d’être minoritaire, ont essayé d’imposer un congrès selon des règles qui sont, comme je disais, inédites. Cela n’est heureusement pas passé. Car heureusement il y a, y compris au sein de la Plateforme U, des camarades qui se sont opposés à cette méthode, et qui n’ont pas voté cette motion et nous allons désormais vers l’organisation d’un congrès, et ce même si les camarades de la pfU ont refusé de participer à la commission qui est censé définir ses modalités d’organisation. Cela témoigne aussi d’un certain rapport au débat démocratique dans l’organisation, mais on espère que les camarades vont revenir sur cette position et que l’on pourra organiser un le débat entre nous.

Quels seraient les objectifs du prochain congrès ? Pour nous, ce serait erroné de déconnecter les discussions du congrès des discussions sur la nouvelle situation qui s’est ouverte. Ce congrès là ne va pas avoir lieu dans une situation quelconque, mais profondément bouleversée par une crise économique qui va déboucher sur une catastrophe sociale probablement sans précédents depuis les années 1930 et qui intervient, notamment en France, non pas sur un terrain préalable de paix sociale mais sur celui d’une accumulation de luttes depuis 2016, où une série d’expériences a été faite par le mouvement ouvrier de masse, ce qui fait présager de grandes explosions sociales, ou au moins leur possibilité, dans la prochaine période.

La question qui se pose à nous, et là-dessus nous sommes d’accord avec les camarades de DR [Démocratie Révolutionnaire, une tendance minoritaire du NPA – NDLR], c’est de poser le débat dans ces conditions là. Peut être que, dans le passé, nous n’avons pas été d’accord sur des éléments d’orientation, mais aujourd’hui il s’agit de penser quelle est notre caractérisation de la situation politique qui comme je disais est nouvelle, et quelles sont les tâches qui en découlent pour les révolutionnaires. Et c’est seulement à partir de là que nous pourrons définir les contours du parti dont les révolutionnaires ont besoin. Aujourd’hui, au lieu de faire ça, scissionner le NPA, reculer à une petite organisation de quelques centaines de militants, moins implantée, moins jeune, n’est en rien une solution pour pouvoir avancer.

D’autant plus que malgré le fait que les camarades de la Plateforme U disent partager un projet en commun, on voit qu’il y a beaucoup de désaccords entre eux. Que cela soit sur le rapport à avoir avec les autres sensibilités du parti, il y en a qui pensent qu’il serait possible de travailler avec certains et pas avec d’autres, mais aussi sur le projet pour la suite. Certains camarades disent qu’il faudrait revenir au projet de départ du NPA, d’autres que ce projet était dépassé...

Je voudrais, de ce point de vue là, finir cette partie de mon intervention avec une alerte aux camarades de la Plateforme U. Parce que quand on rentre dans des dynamiques scisionnistes, dans des dynamiques de « chasse aux sorcières », on sait comment cela commence, mais on ne sait pas comment cela termine. Et le fait qu’il y ait des désaccords entre vous, surtout si on entérine ce genre de méthodes, fait que s’il y a une scission, il y en aura peut-être d’autres derrière, avec à la clé un affaiblissement plus important encore que celui que les camarades imaginent.

Ne me croyez pas sur parole, regardez ce que certains camarades de la Plateforme U présentent comme la pointe avancée de leur projet, c’est à dire Toulouse. Ils expliquaient hier qu’à Toulouse, ils avaient déjà réussi à scissionner et qu’il y avait deux NPA, d’un côté le NPA-Révolution Permanente et de l’autre « leur » NPA. Sauf que ce n’est pas vrai. Il n’y a pas deux NPA à Toulouse, mais trois. Une partie des camarades de la Plateforme U même est tout autant victime des méthodes bureaucratiques d’écrasement des minorités que les camarades du NPA-Révolution Permanente localement.

Ce qu’ils voudraient faire aujourd’hui, c’est généraliser et nationaliser cette méthode là et c’est contre cela que nous pensons qu’il faut lutter dans ce congrès. Non pas pour en revenir à un statut quo, car des critiques au projet du NPA, nous en avons pas mal, mais parce que comme je disais dans un autre débat en paraphrasant Olivier [Besancenot – NDLR] qui nous disait que notre objectif c’est la Révolution et que le parti n’est qu’un outil, « ok le parti n’est qu’un outil, effectivement, mais c’est un outil très important sans lequel la Révolution est souvent impossible ou est en tout cas amener à des défaites qui coûtent très cher à notre classe ». De ce point de vue, il serait très dommage de casser l’outil imparfait qu’est le NPA sans être sûrs d’avoir un outil meilleur, plus tranchant, plus efficace pour intervenir dans la lutte des classes.

Contre cette perspective, ce que nous proposons c’est d’ouvrir un débat politique sur la situation, le programme et la stratégie. Et sur cette base, vérifier les possibilités ou non d’avancer ensemble mais en tout cas de ne pas poser la question de la scission comme un préalable pour la discussion comme le font les camarades de la Plateforme U, dans un rapport très anti-démocratique avec leur propre base. Car, alors que cette dynamique était déjà engagée à un niveau de direction, ce qu’on constate à cette Université d’été c’est que la plupart des camarades de régions n’en étaient même pas au courant.

Notre intérêt, en ce qui concerne les camarades de Révolution Permanente ce n’est pas d’avoir un « abribus » pour continuer à construire notre fraction comme tentent de le présenter les camarades de la Plateforme U. Au contraire, cela fait un an que nous proposons le projet d’un dépassement du NPA dans un parti révolutionnaire regroupant différentes traditions du mouvement révolutionnaire, mais étant également capable d’accueillir en son sein les meilleurs éléments de l’avant-garde qui a émergé dans les luttes depuis 2016.

 
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