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La Izquierda Diario
18 de août de 2020 Twitter Faceboock

La reprise de Camaïeu par Michel Ohayon coûtera 500 suppressions d’emplois
Alexandre Mongis

Ce lundi 17 août la justice rendait sa décision pour Camaïeu en redressement judiciaire. C’est la proposition de Michel Ohayonet et de la FIB ( la Financière immobilière bordelaise) qui a été choisie. Pas moins de 500 licenciements sont d’ores et déjà prévus

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Camaïeu a connu pendant le confinement une chute de son chiffre d’affaire de 95% et a accumulé un manque à gagner de 160 millions. Suite à cette situation financière compliquée et face aux défauts de paiement prolongés, l’Etat avait placé le 26 mai dernier l’entreprise de textile féminin sous redressement judiciaire. Si le confinement avait en effet dégradé la santé financière de Camaïeu, les dettes et pertes s’accumulaient depuis des années déjà, à cause notamment d’une gestion complètement irrationnelle du groupe qui maintenait une surproduction et avait en conséquence d’énormes difficultés à écouler les stocks. Les salariés étaient menacés d’une liquidation judiciaire qui aurait nationalement renvoyé les 3900 employés au chômage suite au dépôt de bilan de l’ancienne direction auprès des autorités compétentes.

Dès lors, pour éviter la faillite totale du groupe, le PDG et les actionnaires d’un consortium réunis au sein d’une enseigne Mulliez (Grain de Malice), qui sont également propriétaires du groupe de gestion et logistique (Log’s) et de fonds d’investissements américains, devaient proposer un plan de reprise : un rachat de leur propre entreprise en remettant les comptes à 0. Ils promettaient avec ce plan plusieurs fermetures et délocalisations mais surtout 600 licenciements.

Ce lundi c’est donc en faveur de l’offre concurrente qu’a statué la justice. Michel Ohayon à la tête de la FIB (Foncière Immobilière Bordelaise), qui a fait fortune sur les marchés à la fois de l’immobilier commercial et viticole avant de racheter plusieurs enseignes des Galeries Lafayette et de la Grande Récrée, a donc gagné le bras de fer et imposera pas moins de 500 licenciements.

Pour autant cette reprise n’a donc rien d’une victoire pour les travailleurs, pas même en demi-teinte, elle n’est qu’une défaite. C’est pourtant pour cette proposition que les syndicats avaient opté majoritairement en soutenant, au travers de l’intersyndicale et du CSE, la FIB qui promet licenciements, précarisation et destruction généralisée des conditions de travail.

Le redressement judiciaire ne s’est avéré être en réalité qu’une stratégie de la part de l’Etat pour soutenir le patronat dans les licenciements et les faillites qu’annonçait Bruno Le Maire le 22 mai. Et si pour la majorité des entreprise du textile et du prêt à porter, le gouvernement a refusé de garantir des prêts et aides comme il l’avait fait dans les secteurs de l’automobile et de l’aéronautique en vue de la sauvegarde des capitaux privés et ce sans garantie contre les licenciements, le redressement judiciaire préserve la même logique : un encouragement tacite à licencier pour conserver son groupe et les profits qu’il génère pour ses actionnaires. Les multiples redressements judicaires depuis le confinement ont profité aux investisseurs qui ont pu déployer des offres de reprises en conséquence. Parmi ces [différents groupes concurrents de Camaïeu se trouvent La Halle, Naf Naf, Célio, Orchestra, André et l’ensemble du secteur semble confronté à une telle résolution.

C’est donc plusieurs milliers de licenciements qui seront appliqués très certainement dans les semaines et mois à venir dans l’habillement en France. Aujourd’hui cela s’exprime clairement à Camaïeu.

Les travailleurs paient la crise, les syndicats ne réagissent pas

Parmi les 7 propositions de reprises, deux étaient favorites. Celle du PDG de l’époque soutenue par le syndicat local majoritaire UPAE (Uni Pour Agir Ensemble) à 38% malgré sa promesse d’au moins 600 licenciements. L’autre, de la FIB, a finalement été retenue. Elle était soutenue par l’intersyndicale et le CSE avec la CGT-FO-CFDT malgré les 500 licenciements annoncés. De la même manière face à l’ensemble des plans de licenciements dans tous les secteurs, de Martinez à Berger, il s’agit de négocier les modalités plutôt que de s’y opposer fermement.

Pourtant des profits mirobolants continuent d’être versés au patronat, et pour les salariés c’est l’incompréhension qui dominecomme en témoigne Christophe en confiant « j’y suis rentré, j’avais 22 ans, salarié à l’entrepôt. J’ai 51 ans. Se faire virer du jour au lendemain, je ne comprends pas. J’ai toujours donné, donné, donné pour l’entreprise ». Mais surtout la colère des travailleurs de Camaïeu contre leur ancienne direction n’a pas été saisie par les syndicats. Pourtant à entendre Cyndi, les choses sont claires : « Moi, j’ai des cervicales amochées à vie. J’ai failli perdre un œil à cause d’un défaut de sécurité sur une machine. On leur a donné des idées pour faire des économies… Et maintenant, certains vont partir avec un coup de pied au cul et on va devoir dire merci. ».

D’un côté l’Etat porte une part de responsabilité dans la mesure de l’ultimatum posé pour le redressement, en ayant poussé à choisi la peste ou le choléra. Mais pour autant les directions syndicales n’ont pas su dépasser ce que proposent le patronat et le gouvernement et s’y sont adaptés. Ils ont soutenu une offre de reprise contre une autre, et aujourd’hui les membre du CSE se disent fiers et satisfaits d’avoir été entendus. Au contraire une stratégie gagnante aurait dû être portée par les travailleurs qui s’étaient mobilisés contre la précédente direction mais également contre le plan de Michel Ohayon de licencier massivement pour ses profits. Contre toute stratégie du moindre mal nous devons revendiquer l’interdiction de tous les licenciements.

 
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