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La Izquierda Diario
13 de août de 2020 Twitter Faceboock

Crime social
Premier bilan de la crise économique : 275 plans sociaux en cours, 45 000 suppressions de postes
Sofia Malone

Entre le 1er mars et le 19 juillet, 275 plans sociaux ont été mis en place. Ces derniers ont ou vont supprimer près de 45 000 emplois dans toute la France. Des premiers effets de la crise économique mondiale que nous traversons et qui laissent à voir le désastre social qu’elle va engendrer si nous ne nous organisons pas pour imposer une réponse autre que celle du patronat.

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Crédits photo : REMY GABALDA / AFP

Ces dernières semaines, les travailleurs et la jeunesse commencent à subir les premiers effets de la crise économique. Se sont succédé d’une part plusieurs attaques sur les salaires et les conditions de travail, à travers notamment les Accords de Performance Collective (APC), d’autre part des PSE qui ont condamné au chômage des milliers de travailleurs. Un taux de chômage qui a par ailleurs explosé depuis la crise sanitaire, grimpant à 6,6 millions de chômeur en juin, un record depuis 1996 .

Ainsi, d’après un article du Monde paru ce jeudi, ce sont 275 plans sociaux qui ont été mis en place entre le 1er mars et le 19 juillet, selon les données de la direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares). Ces plans sociaux vont engendrer la suppression de 45 000 postes : 43 343 suppressions de postes envisagées, auxquelles s’ajoutent 2 023 « petits licenciements collectifs » (de 2 à 9 salariés licenciés). Un bilan social lourd, « En vingt ans de carrière, je n’ai jamais vu ça. » a déclaré l’avocat Fiodor Ridolv concernant cet « avalanche de PSE ».

Ces plans de suppressions d’emplois ont ont été infligés aux salariés de secteurs fortement et structurellement impactés par la crise économique en cours, comme l’aéronautique et l’aérien (tourisme), ou encore le commerce. Le choix du patronat de ces filiales, qui ont engrangé des milliards d’euros de bénéfices ces dernières années, entre autre dans l’aéronautique, est clair : utiliser les travailleurs comme variable d’ajustement, entre baisse de salaire, suppressions d’emplois et licenciements, pour préserver leurs profits face à la crise en cours. Laissant présager un véritable carnage social.

Des PSE également mis en place dans des secteurs pas directement impacté par le confinement et la crise actuelle, comme le PSE à Nokia ou Aérolis, filiale du groupe de transport Keolis, lui-même filiale de la SNCF. Pour illustrer, Olivier Laviolette, membre du comité de direction de Syndex, cabinet d’expertise auprès des comités économiques et sociaux (CSE), déclare ceci : « Ceux (les PSE) directement liés au Covid-19, comme dans le tourisme, le commerce, avec Camaïeu, ou encore dans l’aéronautique ; les PSE d’opportunité : ils sont “habillés” Covid mais étaient déjà envisagés avant ; les PSE alibis : ils ne sont pas du tout concernés par le Covid mais sont lancés actuellement, en espérant être noyés dans la vague, comme l’emblématique PSE de Nokia. »

Ce bilan, bien qu’il soit lourd, exprime seulement les premiers effets sociaux de la crise économique mondiale en cours, qui, selon le FMI, sera plus profonde que 2008, comparable à la crise des années 30. Ses effets pour les travailleurs et la jeunesse vont être désastreux et criminels si nous ne nous organisons pas pour imposer une autre politique que celle du patronat et des gouvernements, à savoir utiliser les travailleurs comme variable d’ajustement pour ne pas avoir à payer la crise, que leur système capitaliste et ses contradictions ont eux-mêmes engendrés.

Ces premiers chiffres, derrière lesquels il y a des vies et des familles, en donnent un avant goût. Par ailleurs, parmi ces 45 000 emplois, ne sont pas comptabilisés les emplois les plus précaires comme les intérimaires ou les contrats de courtes durées. Les travailleurs occupant ces emplois ont été des milliers à être jeté sur le carreau et condamnés à remplir les rangs des chômeurs, ne voyant pas leurs contrats et missions reconduits. Ne sont pas comptabilisés également les salariés qui se retrouvent obligés de quitter leurs emplois du fait des attaques et baisses de salaires qui ne leur permettent plus de joindre les deux bouts, à l’instar de salariés de Dérichebourg, essayant dès lors de se reconvertir ailleurs, ce qui n’est pas assuré du fait de la profondeur de la crise et du taux de chômage massif.

Si ce premier bilan concerne uniquement la France, les licenciements et l’explosion des taux de chômage sont des tendances internationales. En ce sens, l’OIT a affirmé dans un rapport qu’elle a publié il y a quelques semaines, que la moitié des travailleurs du monde pourrait perdre leurs emplois lors de la crise. Face à cette situation il devient plus qu’urgent que nous nous organisions pour opposer à la politique du patronat une solution de classe à la crise. Pour que ce soit pas aux travailleurs ni à la jeunesse d’en payer les frais.

Pour ce faire, la question du plan de bataille et de la coordination des différents secteurs devient urgente pour imposer nos revendications et nos intérêts, sans compromis avec la patronat. Parmi elles, l’interdiction de tout licenciements et suppressions d’emplois, l’interdiction des baisses de salaires et le partage du temps de travail. Les attaques contre les travailleurs risquent de se généraliser à la rentrée, il est nécessaire qu’on s’y prépare pour y apporter une réponse. En ce sens, au lieu de participer au cadre des négociations orchestré par le gouvernement et de s’enfermer dans un silence criminel face à la politique du patronat visant à nous faire payer la crise, les directions syndicales devraient proposer un plan de bataille à la hauteur, coordonné et unitaire.

 
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