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La Izquierda Diario
24 de juillet de 2020 Twitter Faceboock

Piquet de grève des Biocoop le 1er août : « L’écologie sans la lutte des travailleurs c’est du jardinage »
Simon Derrerof

Les salariés en lutte de Biocoop – Le Retour à la Terre vous invitent à leur piquet de grève le samedi 1er août à 12h devant le magasin de Rive Droite, au 114 avenue Philippe Auguste (75011). Une grande cantine de solidarité aura lieu (avec option vegan) sur le piquet ! Révolution Permanente a interviewé Konstantin, militant SUD Commerces et salarié de l’entreprise.

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Révolution Permanente : Pourquoi partez-vous en grève le 1er août ?

A Biocoop - Le Retour à la Terre comme dans beaucoup d’entreprises, du jour au lendemain, la charge de travail a augmenté considérablement pendant le confinement car les clients étaient très nombreux à venir faire leur course, au point de devoir mettre en place le filtrage à l’entrée. De plus, les achats de panique ont engendré des livraisons de marchandises de plus en plus conséquentes provoquant un épuisement physique et mental. Sur le plan sanitaire le risque de contracter et de transmettre le virus était plus fort car nous étions confrontés à davantage de contacts avec les clients et les livreurs. Il aura fallu attendre plusieurs semaines avant d’avoir des protections dignes de ce nom. Nous avons également été amenés pendant tout le confinement à faire des livraisons à domicile sans être payés pour ces tâches supplémentaires, alors que cela n’était pas dans nos contrats de travail et que cela pouvait clairement poser problème en cas d’accident.

C’est dans ce contexte, après avoir passé trois mois à nous tuer à la tâche afin de répondre aux besoins vitaux de notre société, que la direction compte mettre en place les ouvertures le dimanche sur un des deux magasins, à partir de septembre 2020. Pour nous salariés, il est clair que cela est la porte ouverte à la généralisation sur les autres magasins et à des attaques contres nos conditions de travail. Nous avons organisé une première journée de grève sur les deux magasins le 9 juillet à l’occasion de la journée de grève nationale du secteur des commerces et services. Nous étions présent au rassemblement sectoriel, et avons organisé un piquet où nous étions nombreux. Cette journée a été tout simplement historique pour notre secteur mais aussi localement : quand une grève sur seulement deux magasins provoque la venue de la direction du leader du bio en France sur le piquet cela montre l’efficacité de l’auto-organisation et la force de frappe des travailleurs quand ils s’organisent ensemble !

Après cette journée de lutte, la seule réponse de la direction a été d’essayer de mettre en place des entretiens individuels pour intimider les militants de la grève.

C’est pourquoi nous repartons en grève le samedi 1er août car nos revendications sont unanimes et collectives :

  •  Que la direction renonce immédiatement à tout projet d’ouverture d’un magasin le dimanche.
  •  Que toutes les demandes de ruptures conventionnelles émanant d’un employé soient acceptées automatiquement, quel que soit le poste ou l’ancienneté et ce plutôt qu’une incitation à la démission. Pour vous raconter, actuellement la seule manière de quitter l’entreprise est la démission ou l’abandon de poste. Certains collègues avec des années d’ancienneté ont parfois du se faire embaucher dans une autre Biocoop, et faire exprès de mal travailler pour se faire licencier pour faute et ainsi toucher le chômage. Au magasin de Rive Droite, il y a cet exemple emblématique d’une responsable rayon qui a fait un abandon de poste : un an après elle n’a toujours pas été virée, son nom est toujours sur le planning. Le poste est toujours occupé théoriquement même si c’est un poste fantôme. Ce sont des adjoints rayons qui font son travail pour un salaire moindre.
  •  Que l’entreprise établisse les fiches de poste et la grille de salaire proposées par la convention Biocoop (annexe 9 du cahier des charges général). Ces fiches de poste doivent tenir compte de la diversité des compétences et des savoirs faire qui sont mis en oeuvre au sein d’un même poste.
    Nous sommes nombreux à passer des commandes et à exécuter de multiples tâches relevant des niveaux au dessus. Nous demandons la reconnaissance de nos qualifications et donc la revalorisation des salaires .

    RP : Comment a commencé le mouvement dans les deux magasins ?

    Le déconfinement a été l’occasion pour nous de se retrouver entre collègues des différents magasins, et très vite s’est fait ressentir le besoin d’organiser notre colère. En effet la crise sanitaire qui nous a frappé de plein fouet a révélé plus fortement les inégalités sociales. Alors que tout le pays entrait en confinement le 16 mars dernier, alors que fort justement tous applaudissaient les soignants, nous nous sommes affairés pour répondre aux besoins vitaux de notre société. On a vu que pendant le confinement c’est nous, les travailleurs en première ligne, qui avons fait tourner la société. Or le monde d’après que l’on nous propose est pire encore que celui d’avant, la récompense que l’on nous offre est la dégradation de nos conditions de travail. Nous avons donc organisé une réunion inter-magasins pour construire notre lutte et nous avons voté démocratiquement chaque modalité de la grève. Dans le secteur des commerces et services, le turnover étant particulièrement récurrent ; il est compliqué de se structurer en section syndicale puisqu’il faut avoir un an d’ancienneté et être à minima deux. Notre grève est le résultat de l’auto-organisation, elle est le résultat de discussions quotidiennes entre travailleurs.

    RP : Pourquoi appeler à un rassemblement de soutien ?

    Cette date est décisive dans notre lutte car la prochaine mobilisation interpro est le 17 septembre et nous n’avons pas le temps d’attendre si longtemps alors qu’il y a tant en jeu dans l’entreprise. L’attaque que nous subissons n’est d’ailleurs pas isolée et nous nous inscrivons dans le sillage des luttes des salariés d’Amazon, de la boulangerie de l’Europe à Reims, de Castorama ou encore de Monoprix, mais aussi dans d’autres secteurs comme l’aéronautique ou l’automobile.
    Partout la récompense pour ceux qui ont travaillé en première ligne est la dégradation des conditions de travail, des plans d’attaques, des fermetures. Pendant le confinement nous avons tous vu que le gouvernement a marché main dans la main avec le patronat pour sécuriser ses profits, et que ceux qui doivent payer la crise sont les travailleurs. Dans un contexte de remaniement qui a montré une nouvelle fois que le gouvernement est déterminé à mener ses attaques antisociales jusqu’au bout, sur la question des retraites et de l’assurance chômage, il est dans notre intérêt de nous retrouver avec les salariés des différents secteurs dès maintenant. Nous cherchons aussi à imposer un rapport de force localement pour pouvoir gagner sur nos revendications.

    Nous avons besoin d’un maximum de soutien.

    Biocoop – Le Retour à la Terre, s’est toujours targué d’être une entreprise militante et écologiste. Nous voulons également réaffirmer avec notre combat que l’écologie sans la lutte des travailleurs c’est tout bonnement du jardinage, pour nous l’écologie doit s’adresser à la majorité de la population : celles et ceux qui font tourner la société.

    Pour participer à l’évènement : https://www.facebook.com/events/754644008412012/?active_tab=about

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