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18 de juillet de 2020 Twitter Faceboock

Parcoursup : dernière phase et 54.000 bacheliers sur le carreau
Irène Karalis

Ce vendredi soir a marqué la fermeture de Parcoursup. 54 000 candidats sont toujours sans propositions. En tout, ce sont 21 169 de lycéens de plus que l’année dernière qui n’ont reçu aucune admission.

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Crédits photo : Denis Charlet. AFP

Ce vendredi soir a marqué la fermeture de Parcoursup. Selon BFMTV, 54 000 candidats sont toujours sans proposition, en comptant les 9500 candidats toujours en attente et les 25 216 candidats qui ont quitté la plateforme (un chiffre révélateur de la complexité décourageante la platerforme) avant de recevoir une proposition. En tout, ce sont 21 169 lycéens de plus que l’année dernière qui n’ont reçu aucune proposition d’étude pour la rentrée.
 
Comme l’année dernière, les candidats n’ayant reçu aucune proposition seront contactés par téléphone, a annoncé la ministre de l’Enseignement supérieur. Cette campagne d’appel téléphonique ne représente qu’une forme de pressurisation de plus des candidats de la part du ministère, alors que le processus de Parcoursup en lui-même est déjà un fort vecteur de stress et d’angoisse : les candidats doivent construire un projet de vie solide dès leur sortie du lycée, sans possibilité de hiérarchiser leurs voeux, et avec une quasi-impossibilité de se réorienter en cas de mauvais choix ou d’affectation insatisfaisante. 
 
Sur les 662 323 candidats, ce sont 8% d’entre eux qui sont laissés sur le carreau. Un chiffre qui en dit long sur la volonté de sélectionner pour une entrée à l’université toujours plus élitiste. Le taux de réussite au baccalauréat cette année est particulièrement élevé, 96% de réussite contre 88% l’année dernière. Le fait que le taux de candidats sans propositions sur Parcoursup soit plus élevé cette année n’est pas dû à une corrélation proportionnelle par rapport à la hausse du taux de réussite au bac. Cela montre justement à quel point Parcoursup est un outil de sélection majeur pour "faire le tri". Trop de lycéens ont eu le bac, le diplôme n’a pas joué son rôle de "sélection naturelle" et donc Parcoursup est là en tant que second round de sélection, pour compenser.
 
Cette troisième année de Parcoursup montre une fois de plus l’instauration de la sélection sociale à l’entrée de l’enseignement supérieur. Les attentes de la plateforme pour pouvoir s’inscrire tels que la lettre de motivation ou la construction d’un projet personnel sont déjà un vecteur de sélection (en témoigne les dizaines de milliers d’abandon), auquel viennent s’ajouter des critères sociaux, comme la formation suivie, le lycée d’origine, ou les activités extra-scolaires. Un moyen de faire un tri social entre les différents candidats.
 
Car une fois de plus, ce sont les jeunes des quartiers populaires, ou les enfants d’ouvriers qui vont se retrouver sur le banc, les autres pouvant s’offrir des études dans des établissements privés. La crise économique va toucher la jeunesse de plein fouet. Le marché du travail va se resserrer et le chômage augmenter, il va falloir délivrer de moins en moins de diplômes, et donc sélectionner encore plus. Et c’est la double peine pour tous les étudiants qui travaillent pour se payer leurs études (un étudiant sur deux), qui vont perdre ou ont déjà perdu leur travail, et qui pour beaucoup, ne pourront pas continuer leurs études faute de job étudiant. La rentrée 2020 risque d’être particulière, avec une probable reprise en cours à distance. Le meilleur moyen ppour sélectionner encore plus, puisque ceux qui décrocheront en premier seront les plus précaires, qui ne peuvent pas "télé étudier" dans des conditions favorables : famille nombreuse dans un petit espace, studio minuscule, mauvais matériel ou pas d’ordinateur, pas de réseau dans les campagnes, etc. Et y a fort à parier que les années qui vont suivre vont connaître d’autres réformes de sélection, dans la digne lignée de la loi ORE, de Parcoursup et des frais d’inscription pour les étudiants étrangers.

 
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