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La Izquierda Diario
14 de juillet de 2020 Twitter Faceboock

Crise alimentaire
Covid19. 132 millions de personnes supplémentaires pourraient être touchées par la famine
Jean Beide

La Food and Agriculture Organization (FAO) montre, dans un rapport récent que 83 à 132 millions de personnes supplémentaires pourraient souffrir de sous-alimentation sur l’année 2020.Ces chiffres alarmants -aggravés par la pandémie- sont pourtant des pronostics « prudents » selon la FAO elle-même qui considère que la situation pourrait encore empirer.

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La pandémie, facteur d’aggravation d’un phénomène pourtant déjà galopant

La faim, c’est-à-dire la sous-alimentation chronique, touche près d’un être humain sur neuf dans le monde. La crise sanitaire et économique qui va aggraver ce phénomène, intervient pourtant dans une situation déjà très critique ces dernières années, puisque plus de 60 millions de personnes supplémentaires ont basculé dans la faim entre 2014 et 2019. Les raisons sont à chercher du côté des effets d’une crise économique (2008) qui a considérablement creusé les inégalités sociales et économiques et rendu plus difficile l’accès aux denrées alimentaires pour les populations les plus fragilisées. Ainsi, les objectifs affichés par l’ONU de réduire à néant la famine dans le monde d’ici à 2030 sont loin d’être réalisés. Pire, Thibault Meilland remarque, pour FranceInfo, que «  si la tendance se poursuit, on estime que d’ici à 2030, ce nombre dépassera les 840 millions de personnes ».

Une situation plus catastrophique que prévue

En mai dernier, le journal Le Monde évoquait dans un article les prédictions de la FAO -La Food and Agriculture Organization - qui estimait alors que « 14,4 millions [de personnes] pourraient rejoindre les rangs de la sous-alimentation en cas de récession globale de 2%, 38,2 millions si la contraction atteint 5%, et jusqu’à 80,3 millions pour un repli de 10% ». Alors que le recul était estimé à l’époque à 3%, on constate aujourd’hui à quel point ces prévisions se sont aggravées puisque la FAO estime, et ce prudemment, qu’entre 83 et 132 millions de personnes supplémentaires pourraient être touchées par la faim en 2020 et venir grossir les rangs gigantesques des personnes qui ne mangent pas à leur faim dans le monde.
A cela, il faut ajouter toutes les personnes pour qui la qualité moyenne de l’alimentation va se dégrader faute de moyens suffisants. La faim ne touchera d’ailleurs pas que les pays les plus pauvres, quoique la situation de ces derniers soit bien sûr la plus dramatique. Cependant, même dans les grandes capitales d’Europe et d’Amérique du Nord, les files d’attente pour des paniers repas s’allongent, les étudiants peinent à se nourrir correctement et n’hésitent plus à sauter des repas.

La crise sanitaire révèle avec violence l’aberration d’un système capitaliste surproducteur qui condamne pourtant à la famine des centaines de millions de personnes. A la différence des crises alimentaires du passé, qui consistaient essentiellement en des crises de rareté (effondrement des récoltes, croissance démographique trop rapide), les crises capitalistes contemporaines sont des crises de distribution et de répartition. La nourriture est produite en quantité suffisante sur la planète, et même en excédent, mais les inégalités sociales et l’accaparement privé d’une grande partie des bénéfices sociaux de la production empêchent des centaines de millions de personnes de se nourrir correctement, faute de moyen. On estime par exemple que plus d’une tonne de nourriture par an et par personne (1 180kg) serait ainsi gâchée au seul niveau de la production et de la distribution. Comme le constate Valentin Brochard de l’ONG CCFD-Terre solidaire et relayé par Le Monde, il ne s’agit pas pour le moment d’une « crise de la production agricole, mais d’une crise de l’accessibilité à l’alimentation, qu’elle soit physique, parce que les marchés alimentaires sont fermés, ou monétaire, parce que les gens n’ont pas l’argent nécessaire ». La famine et la mauvaise alimentation sont les révélateurs d’une faillite sociale et d’une gestion catastrophique de la crise actuelle : un système socialisé de l’alimentation permettrait, en ces temps de crise sanitaire qui affecte les économies de la planète, de pourvoir aux besoins des populations.

 
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