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La Izquierda Diario
9 de juillet de 2020 Twitter Faceboock

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Néo-nazis, suprémacistes, une enquête Mediapart révèle la présence de l’extrême-droite à l’armée
Lola Alduna

Le 8 juillet dernier, Mediapart publiait une enquête sur la présence de l’extrême-droite dans l’Armée. Ce travail prouve l’actuelle réalité des liens étroits entre les forces de répression et de la sécurité et les idéologies les plus réactionnaires.

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Ainsi, l’enquête à source ouverte de Mediapart (c’est-à-dire basée sur des informations publiques et accessibles à tous), recense les commentaires et images que ces militaires ont posté depuis 2015. En 2018, Alan V., jeune militaire du 27e bataillon des chasseurs alpins explique sur Facebook qu’il faudrait coller « une bonne balle dans la nuque » des migrants. Piou Turon a partagé, sur le même réseau et la même année la chanson « Fumeur de Spliff » du groupe identitaire Insurrection, avec ce commentaire : « Une pensée à toutes les grosses merde qui fument des spliffs et qui se disent NS [National Socialistes] ».

Une image vaut plus que mille mots

Sur les réseaux sociaux, un des militaires enquêtés s’affiche avec des vêtements ayant le logo du réseau « Blood & Honour », dont le nom provient des Jeunesses hitlériennes Blut und Ehre et dont la filiale française a été interdite en 2019. Un autre se montre dans les locaux de Casa Pound, le mouvement néofasciste italien. Teddy et Maxime, du 2e régiment étranger parachutiste, apparaissent ensemble sur plusieurs photos avec Marc Bettoni, « co-fondateur du groupe néonazi "Combat 18" (les chiffres font référence à la place des lettres A et H dans l’alphabet, en hommage à Adolf Hitler ») comme le rapporte Mediapart.

« Piou Turon » est le pseudo d’un sous-officier de la Légion étrangère, hérité du groupe néonazi « Loups Turon » dont il était membre au début des années 2010. Beaucoup de posts montrent ces militaires faisant un geste similaire au salut nazi. Valentin, ex-militaire au 17e régiment du génie parachutiste apparaît dans une vidéo du groupe « Animus Fortis », proche de la mouvance de l’ex-Bastion social. Aussi il a pour photo de profil sur Instagram l’image du terroriste Brenton Tarrant, mythifié devant un soleil noir. C’est l’australien auteur de 51 morts dans deux mosquées à Christchurch (Nouvelle-Zélande).

De même, les enquêteurs ont recensé les tatouages de certains militaires : s’y mêlent des références aux SS (la devise « mon honneur s’appelle fidélité », Meine Ehre heiβt Treue ; la rune d’Odal ou encore la totenkopf, emblème d’une division de la Waffen-SS affectée à la garde des camps de concentration et d’extermination nazis), ou encore plus directement à Hitler et au nazisme (le chiffre 88 en référence à la huitième lettre de l’alphabet pour « Heil Hitler », le soleil noir sur l’épaule, la kolovrat) et au suprémacisme (une croix celtique au niveau du cœur surmontée du mot « White », une kolovrat surmontée du slogan « White Pride », le chiffre 14 en référence à un slogan du suprémaciste blanc américain David Lane).

Par la suite, l’article rapporte les déclarations du général Jean-Marc Cesari, sous-directeur de l’anticipation opérationnelle (service de renseignements de la gendarmerie) : « À l’évidence, il n’y a pas de place chez nous pour des personnes qui véhiculent des idées antirépublicaines et extrémistes violentes, quelle que soit l’idéologie qui les sous-tend. » . Suivant les chiffres donnés par la DRSD aux enquêteurs, la proportion de radicalisation (« qu’elle soit islamique ou politique ») est évaluée à 0,005 % dans l’armée de terre, à 0,03 % dans la marine et pour ce qui est l’armée de l’air, « aucun aviateur n’est actuellement suivi pour radicalisation clairement démontrée. ». La DRSD a affirmé qu’elle « ne communique aucun chiffre » concernant l’identification des soldats comme étant ou soupçonnés d’être d’extrême droite. En Allemagne, le service de renseignements militaire allemand a rapporté que 592 soldats ont été identifiés comme d’extrême droite en 2019.

Les enquêteurs affirment quant à eux que : « le profil d’anciens militaires est particulièrement recherché par les groupuscules de l’ultra-droite. ». Mais l’enquête démontre que plusieurs militaires en service sont proches ou membres de ces groupuscules. Ainsi, Valentin est membre actif du groupe néonazi « Arsouille Naoned » basé à Nantes, et l’un des enquêteurs l’a identifié comme impliqué dans l’agression d’une militante LGBT en décembre 2019. Il a aussi participé à divers événements organisés par Génération identitaire. Pendant l’été 2019, Maxime et Teddy ont fréquenté plusieurs membres de Zouaves Paris, « jeune groupe héritier du GUD qui a récemment multiplié les actions violentes dans la capitale. ». François, le chasseur alpin est militant du groupuscule néonazi EdelweiSS-Savoie, à Chambéry.

Ainsi, lorsque le général Cesari se rapporte à « l’évidence » pour affirmer que l’armée est libre « d’extrémisme violent », on ne peut qu’en douter. De plus, lorsque l’on apprend que certains des militaires ont des tatouages ou photo sur les réseaux sociaux exprimant clairement leurs appartenances à des groupes ou idéologies d’extrême droite, on peut penser que leur hiérarchie et l’ensemble de l’institution a plutôt fait le choix de fermer les yeux.

L’enquête de Médiapart rappelle par ailleurs qu’en « 2017, la sous-direction antiterroriste (SDAT) et la DGSI démantelaient une cellule dans laquelle on trouvait un élève de l’école de formation des sous-officiers de l’armée de l’air. Ladite cellule projetait des actions violentes contre des migrants et des assassinats politiques – Jean-Luc Mélenchon puis Cristophe Castaner avaient été envisagés comme cibles – dans les Bouches-du-Rhône. » Des militaires et ex-militaires français se sont également engagés dans la rébellion au Donbass, en Ukraine, alors que d’autres ont tenté de se charger (comme le remarquent les enquêteurs, « en vain »), du service d’ordre des gilets jaunes.

Des forces, mais de quel ordre ?

L’opacité et le nombre très limité d’enquêtes pour tenter de radiographier la constitution idéologique de l’Armée, qui se déclare inapte « par construction, [à] suivre les publications de [leurs] 140 000 personnels lorsqu’ils s’expriment sur internet », en dit long de la présence de l’extrême droite dans les forces de l’ordre et de la sécurité.

Le pouvoir de ces mêmes forces vient de leur possession de la violence légitime. Le rôle de l’armée est d’étendre et de défendre la nation et ses intérêts, indissolublement liés à ceux des capitalistes. La présence de l’idéologie d’ultra droite ne fait que grandir selon les affirmations rapportées par l’enquête, et un rapport confidentiel d’Europol « tire la sonnette d’alarme : l’ultra-droite européenne s’arme et est en train d’embaucher dans les rangs des militaires. ». Toujours d’après cette enquête, la direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) organise des réunions de sensibilisation, afin d’améliorer l’échange d’informations sur les militaires suspectés d’appartenir à la mouvance de l’ultra-droite. Mais on n’a jamais guérit une maladie chronique avec un pansement ; et on ne peut réformer ces forces qui sont là pour préserver l’ordre actuel, capitaliste et raciste.

 
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