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La Izquierda Diario
22 de juin de 2020 Twitter Faceboock

La convergence se construit
« Jour de l’émancipation » des esclaves : mobilisation historique aux Etats-Unis
Tom Cannelle

Dans le contexte bouillonnant de la mobilisation contre les violences policières et racistes, une manifestation historique s’est tenue ce 19 juin aux États-Unis pour le 155e anniversaire de l’affranchissement du dernier esclave noir.

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Ce vendredi 19 juin, date du 155e anniversaire de l’affranchissement du dernier esclave noir au Texas, a été une journée de mobilisation d’une ampleur sans précédent depuis le début du mouvement contre les violences policières et racistes aux États-Unis. En effet, c’est non seulement un jour de protestation contre les meurtres commis récemment par la police américaine mais aussi l’occasion de se remémorer que le racisme de la première puissance mondiale aujourd’hui est l’héritier de son passé colonial et esclavagiste. C’est une mobilisation pour Georges Floyd, pour Raychards Brooks mais aussi pour tous les meurtres racistes perpétrés par les États-Unis.

Une mobilisation d’une ampleur sans précédent

Partout dans le pays, la mobilisation de ce 19 juin a été marquée par une massification des manifestations pour ce qui a peut-être été le plus grand jour du mouvement depuis le 25 mai aux Etats-Unis. Alors que des pseudo-concessions sont faites au mouvement comme à Minneapolis où le conseil municipal cherche à canaliser la colère en proposant un « démantèlement » de la police qui n’en est pas un : dissoudre la police, ou encore que les partis et notamment le parti démocrate tentent par tous les moyens de dévoyer la colère en la menant vers les urnes, la mobilisation ne désemplit pas. On assiste même à de vraies scènes de convergences.

A Washington DC par exemple, la lutte pour l’équité dans l’enseignement s’est jointe à la lutte contre les violences policières et racistes en organisant une marche commune vers le ministère de l’Éducation. Ici, des militants pour le climat se sont également joints au mouvement avec leur pancarte « Climate Lives for Black Lives ».

A New York, un rassemblement intercommunautaire a été organisé en solidarité et contre la stigmatisation des communautés. Dans les prises de paroles qui ont suivi, les organisateurs et participants ont affirmé le fait que la police ne commet pas seulement des meurtres racistes mais surveille et maltraite aussi les autres communautés racisées tout en exigeant l’abolition de cette police répressive et raciste.

À New York encore, plus de 40 actions ont eu lieu quelques 6 000 manifestants ont par exemple pris le pont de Brooklyn.

Même à Tulsa en Oklahoma, qui a vu le massacre raciste en 1921 de 300 noirs, une ville réputée pour être particulièrement conservatrice et où le président Trump avait prévu ce samedi de faire un meeting pour apaiser les tensions, plusieurs milliers de personnes s’y sont rassemblées pour protester contre les violences policières et racistes ainsi que contre le président et sa politique.

Les acteurs du mouvement ouvrier des docks et de l’automobile se mettent en grève contre les violences policières

Un autre des faits marquants de cette mobilisation de vendredi est la convergence de secteurs du mouvement ouvrier avec les revendications anti-racistes et contre les violences policières. Ainsi, le syndicat des dockers de la côte ouest (l’ILWU) a appelé à un arrêt de travail en solidarité avec le mouvement social : 29 ports ainsi ont arrêté leurs opérations au sol. La mobilisation la plus intense a eu lieu au port d’Oakland. C’est là qu’Angela Davis, figure phare de la lutte anti-raciste et anti-capitaliste a pris la parole appelant à une convergence plus accrue entre les luttes sociales et les grèves en cours notamment en enjoignant tous les autres syndicats à suivre l’exemple de l’ILWU. L’artiste et militant Boots Riley a également appelé à la grève jusqu’à ce que les demandes du mouvement soient satisfaites.

De même, l’UAW, l’un des principaux syndicats des Etats-Unis, implanté notamment dans l’automobile a débrayé pendant 8 minutes 46 secondes, durée pendant laquelle Geoges Floyd a été étouffé. Il s’agit de la première entrée en scène de ce secteur dans le mouvement, aussi on peut voir de plus en plus clairement se dessiner des premiers éléments de convergence entre le mouvement ouvrier plus traditionnel et la mobilisation anti-raciste. Des éléments qu’il reste à consolider.

Un contexte qui se tend de plus en plus

Alors que de plus en plus de jeunes noirs sont retrouvés pendus, des « suicides », selon la police, qui se multiplient pourtant partout sur le territoire et qui renvoient à des images de lynchages racistes. Des militants d’extrême-droite armées encadrent désormais certaines manifestations, main dans la main avec les policiers.

A Atlanta par exemple, où Rayshards Brooks a été tué par la police au début de mois de juin, des milliers de personnes se sont mobilisées ce vendredi et notamment devant le Wendy’s, restaurant devant lequel il est mort. Les tensions sont restées élevées alors que la police locale proteste contre les accusations des meurtriers de Rayshard en interrompant leur service. Un chauffeur armé a braqué son arme contre les manifestants, il y a alors eu des échanges de coups de feu faisant un blessé. A ce jour, seul le manifestant a été interpellé. On voit là une fois le deux poids deux mesures exercé par la police et la justice. Ce n’est pas sans rappeler les manifestations d’extrême droite en arme pour forcer certains états comme le Michigan à mettre un terme au confinement sans que ces manifestants aient été inquiétés par un quelconque dispositif répressif ou ne serait-ce qu’un encadrement.

Ce que cela traduit c’est une montée en puissance des tensions lié à l’ampleur et l’approfondissement du mouvement aux Etats-Unis qui continue de creuser et de mettre à jour les contradictions d’un système profondément inégalitaire car fondé non seulement sur le racisme et les oppressions mais aussi sur l’exploitation. Car en effet, les questions que posent la remise en cause de l’institution policière c’est la question du maintien de l’ordre établi, mais quel ordre ?

Le mouvement très profond ouvert aux Etats-Unis ouvre la possibilité pour une prise de conscience large que la dégradation de la planète, le racisme ainsi que les oppressions de genre sont intrinsèquement liés, liées et dépendantes aussi de l’exploitation d’une classe par une autre dont l’état est garant et maintien cet ordre des choses via sa police. Les manifestants dénoncent le fait que la vie des Noirs n’est pas valorisée au travail, comme dans les rues. Que la première communauté à subir les effets du changement climatique sera la communauté noire, que ce soit dans les pays du Sud, les plus pauvres ou parmi les communautés volontairement maintenues dans la pauvreté des pays du Nord. Il n’y aura pas d’égalité tant que le capitalisme qui asservit une classe à une autre via l’exploitation ne sera pas vaincu, tout comme il ne sera pas possible d’obtenir de réelle émancipation sans une lutte acharnée contre les oppressions de race ou de genre. Pour une lutte qui renverse l’exploitation, pour une lutte contre les oppressions, la convergence qui commence à naître aux États-Unis est des plus importantes mais il faut aussi que cette lutte soit pleinement internationale car ici comme ailleurs, c’est le même ordre établi : l’ordre bourgeois et sa même police qui nous assassine.

 
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