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La Izquierda Diario
10 de juin de 2020 Twitter Faceboock

Derichebourg aéro. FO veut signer l’accord de compétitivté contre la volonté des salariés mobilisés !
Pepe Balanyà
Gabriella Manouchki

Lors de la dernière assemblée, les salariés de Derichebourg aéro ont décidé de reconduire la grève jusqu’à vendredi pour conserver leurs emplois et leurs acquis sociaux. Le délégué syndical FO, interpellé lors du rassemblement, a annoncé ce vendredi vouloir signer l’Accord de Performance Collective contre leur volonté.

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Photo : Délégués FO (Jean-Marc Moreau deuxième en partant de la gauche) interpelés par les salariés.

Organisés en collectif, les salariés de Derichebourg Aeronautics Service sont déterminés à refuser la précarisation qui leur est imposée par leur direction. En effet, après leur avoir laissé le « choix entre mourir de faim ou mourir du virus » pour les remettre au travail au plus fort de la crise sanitaire, le PDG Pascal Lanette entend aujourd’hui leur imposer un Accord de Performance Collective (APC) qui comprend un recul sur de nombreux acquis sociaux et une perte sèche de plusieurs centaines d’euros de salaire et sans garantie de maintien des emplois. C’est contre cette politique criminelle que les salariés ont commencé à se mobiliser le 2 juin pour ensuite entamer un mouvement de grève le 9 juin
 
En grève reconductible suite à une décision prise en assemblée hier, les salariés se sont de nouveau rassemblés aujourd’hui devant le siège de l’entreprise. Malgré la mobilisation et la volonté majoritaire des travailleurs, le délégué syndical de Force Ouvrière (FO), Jean-Marc Moreau poursuit la négociation de l’Accord de Performance Collective (APC) en affirmant accepter la « moins pire » solution parmi les fausses alternatives imposées par la direction : baisser les salaires via un APC pour peut-être éviter un plan de licenciements. Cependant, les salariés ne se laissent pas tromper par les manœuvres de la direction et du délégué syndical de FO. Car non seulement la direction profite de la situation pour s’attaquer aux travailleurs et protéger les profits des actionnaires, mais l’APC ne sera en aucun cas une garantie pour les emplois. Bien au contraire, la suppression des acquis des salariés sera un premier pas pour aller vers des licenciements. L’exemple de Continental Clairoix est en ce sens particulièrement éclairant. En 2008 un Plan de Compétitivité consistant à travailler 39heures payées 35 y avait été signé dans le but, comme l’expliquait le groupe, de maintenir les emplois pendant 5 ans. Un an après, la direction est revenu dessus pour appliquer un PSE.
 
C’est dans ce contexte de chantage à l’emploi et de colère généralisée des salariés qu’ils ont décidé d’inviter le délégué syndical de FO à leur rassemblement afin que celui-ci s’explique publiquement quant à sa position. Après plusieurs relances par mail, la rencontre s’est finalement produite aujourd’hui – et elle n’était pas des plus détendues. Et pour cause : interpellé par les salariés mobilisés, après de longs détours pour se justifier, le délégué syndical de FO a fini par confirmer qu’il est prêt à signer l’APC sans attendre ! Un ouvrier l’a également interrogé sur la contradiction qu’i y avait avec la position de la confédération FO qui a affirmé s’opposer aux APC : Jean-Marc Moreau a déclaré s’être entretenu avec Yves Veyrier, secrétaire général de FO, et avoir son assentiment !
 
« Un syndicat normalement, il appuie les salariés, il appelle à la grève, il appelle à manifester et même au débrayage quand c’est nécessaire. Et là, je pense que c’est nécessaire ! lance un salarié au délégué syndical. Ce dernier lui a répondu qu’étant donné la situation dans le secteur aéronautique, soulignant la division des salariés entre les différentes entreprises (où FO est par ailleurs souvent majoritaire !), il vaut mieux négocier avant d’appeler à la grève. Le salarié poursuit : « Il faut appeler tout le monde sous la même bannière et dire non à l’APC, non à leur PSE de merde ! C’est pas à nous de payer la crise sanitaire qui a eu lieu en France ! ». En effet, au contraire de ce que voudrait faire croire le délégué syndical de FO, il n’y a aucune fatalité à ce que l’APC ou que les licenciements passent, car s’ils passent ce n’est que par la force. En même temps que FO agite la peur des licenciements pour se justifier de choisir « le moindre mal », la direction met des coups de pression aux salariés via l’intimidation et des fausses informations concernant le droit de grève pour les empêcher de contester son plan. Le rôle d’un syndicat est de faire peser le rapport de forces du côté des salariés en construisant la mobilisation et en dénonçant les manœuvres de la direction au lieu de les justifier.
 
Un travailleur nous donne ses impressions : « Ils n’ont pas cherché à donner une visibilité au combat qu’il y a à mener. […] Il a esquivé la plupart des questions. […] On a eu l’impression de ne pas être entendus et je pense que ce n’est pas qu’une impression, parce qu’aujourd’hui les gens qui sont présents vont tous dans le même sens : ils sont complètement contre cet APC. […] Je trouve ça dramatique de se revendiquer fort d’une majorité des salariés et de ne pas apporter de solution et ne pas chercher à éveiller les gens autour des champs d’action. ». Comme l’expliquaient plusieurs travailleurs, ils avaient en effet l’impression d’entendre parler leur patron – qui ne leur laisse que l’option de faire des sacrifices –, et non un délégué syndical censé défendre leurs intérêts

 
Un autre salarié, mécanicien depuis 14 ans, explique : « On parle de nous faire perdre 141 euros par mois, moi aujourd’hui j’en perds 550. […] On se pose la question de savoir est ce que les actionnaires participent eux-aussi à la même hauteur pour faire vivre la société ? Ils ont gagné beaucoup et ils ne mettent pas la main à la poche. »

 
La détermination reste néanmoins présente au sein du collectif de salariés, regroupant presque 400 travailleurs syndiqués et non syndiqués. L’un deux conclut : « Il faut continuer à venir faire la grève ! Je sais que 3 jours de grève oui c’est perdre 200 euros sur son salaire, moi le premier je perds sur mon salaire, mais je me bats pour tous les petits salaires de la société. Les autres qui sont en vacances ou qui ne travaillent que le vendredi, samedi, dimanche, ils devraient venir. C’est en étant solidaires qu’on va gagner, tout simplement. »
 
Concernant les suites de la mobilisation, les travailleurs comptent organiser un rassemblement massif devant le siège de Derichebour aéro ce vendredi 12 juin pour marquer le coup le jour où l’APC devrait être signé. Soyons-y nombreuses et nombreux afin de soutenir les salariés et leur lutte, qui représente une riposte exemplaire face à la politique que mène le patronat et le gouvernement et qui ne cherche qu’à faire payer la crise aux travailleurs.

 
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