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La Izquierda Diario
13 de mai de 2020 Twitter Faceboock

Union nationale
Espagne : le gouvernement PSOE-Podemos autorise les licenciements à l’issue du chômage partiel
Boris Lefebvre

Le patronat de l’État espagnol peut se réjouir suite au nouvel accord avec le gouvernement PSOE-Podemos et les syndicats qui assouplit les conditions de licenciement à l’issue du chômage partiel. Alors que les licenciements étaient jusqu’alors prohibés pendant 6 mois après l’usage de ce dispositif, ceux-ci sont désormais possibles dans certaines conditions.

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Le patronat espagnol rafle la mise

Lundi dernier, le gouvernement espagnol mené par le PSOE et Podemos a mis en place un accord d’engagement pour la prolongation du chômage partiel en accord avec la principale institution patronale (la CEOE-Cepyme) et la complicité des syndicats CCOO et UGT. Les mesures de chômage partiel mises en place par le gouvernement visent à empêcher les licenciements massifs que la crise sanitaire et le ralentissement de l’économie allaient provoquer. Les employeurs de 530 000 entreprises s’en tirent ainsi à bon compte en profitant de l’argent public. Étendues jusqu’au 30 juin pour les entreprises qui n’ont pas pu reprendre le travail pour raison de force majeure, les mesures de chômage partiel sont, comme en France, un véritable cadeau au patronat.

Ce dernier a en effet tout à y gagner puisque les mesures prises l’exonèrent de payer les salaires mais aussi d’une partie des cotisations sociales. Pour les entreprises de plus de 50 travailleurs, l’État assure une prise en charge de 60% des cotisations des entreprises qui reprennent le travail en mai et de 45% en juin. Un chiffre plus élevé pour les entreprises de moins de 50 travailleurs qui se verront exonérer de 85% des cotisations en mai et 70% en juin.

De telles mesures en faveur des patrons sont le fruit d’une véritable offensive patronale. Quelques jours avant les « négociations », l’association patronale catalane avait déclaré que l’accord préalable était « insuffisant et préjudiciable » aux entreprises. Les demandes d’assouplissement des conditions de licenciement et même de « réforme du travail » pour assurer les profits lors de la crise du Covid-19 ont ainsi émaillées la semaine précédent la signature de l’accord.

Le secteur du tourisme, de l’hôtellerie ou des loisirs ont ainsi pu obtenir une clause de « saisonnalité » qui leur permet de licencier comme bon leur semble leurs employés à l’issue de la période de chômage partiel. Une mesure qui va à l’encontre du fonctionnement du chômage partiel qui allait jusqu’ici de pair avec l’impossibilité de licencier au cours des mois suivant la fin du chômage partiel. Or, désormais, l’accord prévoit que l’« engagement à maintenir l’emploi sera évalué à la lumière des caractéristiques spécifiques des différents secteurs et de la réglementation du travail applicable, en tenant compte notamment des spécificités des entreprises qui ont une forte variabilité ou saisonnalité de l’emploi ». Autrement, les précaires et saisonniers pourront être envoyés au chômage après leur chômage partiel, tandis qu’une brèche profonde est ouverte dans le dispositif dans laquelle les patrons pourraient bien s’engouffrer pour légitimer des licenciements !

Tous dans le même bateau ? Trahison des travailleurs sous couvert d’union nationale

Le gouvernement Sánchez et Iglesias, appuyé par les bureaucraties syndicales de la CCOO et l’UGT, continue ainsi de jouer à fond la carte de l’unité nationale en affirmant : « nous sommes dans le même bateau et nous devons ramer ensemble ». Se refusant à taxer le capital ou à nationaliser les entreprises, le gouvernement et les directions syndicales n’avaient d’autres éléments de langage à avancer que ceux d’une « concession » arrachée loyalement par le patronat.

Au diapason d’Antonio Garamendi, dirigeant patronal de la CEOE et du Cepyme, qui affirmait que le message donné par ces accords était « qu’ensemble, nous devons aller de l’avant », la ministre « communiste » du travail a quant à elle déclaré : « C’est un accord équilibré. Je tiens à souligner l’importance de l’accord, nous cédons tous, mais l’important est que dans ce moment délicat nous allons marcher ensemble ». Preuve supplémentaire que les soi-disant « gouvernement progressiste » n’ont rien d’autre à propose que la soumission totale aux exigences des patrons.

Raccord avec des années de capitulations, les deux syndicats CCOO et UGT ont de leur côté présenté ce coup de force du patronat comme un deal profitable à tous : « personne ne perd », « nous gagnons tous ». Pourtant, les seuls gagnants dans l’affaire, ce sont bien les patrons qui non contents d’être payé par le gouvernement et de pouvoir licencier à tout va à la fin de la période de chômage partiel, ne se privent déjà pas pour le faire.

Face à la situation de crise que génère la crise sanitaire, on voit tout ce qui sépare les mesures conciliatrices du PSOE et de sa jambe « gauche » Podemos, qui applique en définitive les mêmes mesures que le gouvernement ultra-libéral de Macron en France, de celles qu’exigeraient la situation. Interdiction totale des licenciements, nationalisation et la mise sous contrôle ouvrier des entreprises en faillite, autant de mesures qui sont essentielles pour empêcher que les travailleurs ne soient la variable d’ajustement de la crise, mais qui impliquerait de porter atteinte aux intérêts du patronat, ce que Podemos a démontré qu’il n’était pas prêt à faire.

 
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