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5 de mai de 2020 Twitter Faceboock

#Meeting1erMai
Gaëtan, délégué CGT dans l’aéronautique : « Dans les quartiers, on a plus de chance d’être matraqué que dépisté »

Nous rapportons ici le discours de Gaëtan Gracia, délégué CGT dans l’industrie aéronautique et militant au Nouveau Parti Anticapitaliste / Révolution Permanente, au meeting virtuel organisé par la FT-QI (Fraction Trotskyste-4ème internationale) le 1er mai.

Link: https://www.revolutionpermanente.fr/Gaetan-delegue-CGT-dans-l-aeronautique-Dans-les-quartiers-on-a-plus-de-chance-d-etre-matraque-que

Une crise qui arrive dans un contexte de retour de la lutte des classes

« La crise du coronavirus, ce n’est pas l’explosion d’un orage dans un ciel serein. Quelques jours avant le confinement, on était encore en manif, en assemblée générale contre la réforme des retraites. Depuis 2016, on a vu une remontée de la lutte des classes. Et 2016, c’était la grande lutte contre la réforme du code du travail, imposée d’ailleurs par un gouvernement dit « de gauche », celui du parti socialiste. Cette réforme, d’ailleurs, elle marque l’acte final de la crise du bipartisme, c’est à dire de la crise de l’alternance entre centre-droit et centre-gauche, avec laquelle ils nous ont gouverné pendant des années. C’est cette crise d’ailleurs que Macron prétendait résoudre en se présentant comme une alternative crédible pour asseoir une domination forte de la bourgeoisie.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que c’est l’inverse qui s’est passé en 2018 : on a vu l’énorme révolte des Gilets jaunes, qui ont occupé les ronds-points, les boulevards parisiens et des autres grandes villes ; et qui ont réussi au moins pendant quelques semaines à faire changer la peur de camps. Cette grande révolte, elle a bouleversé la routine syndicale à laquelle la bureaucratie nous avait habitués.

Cette grande révolte, elle a contaminé une partie du mouvement ouvrier, comme on l’a vu ensuite dans la grande bataille contre la réforme des retraites. C’est tout ça qui a marqué un retour de la lutte de classe. Nos camarades ont été au cœur de ce processus dans la bataille des retraites. Nos camarades ont construit avec toute leur énergie la coordination RATP-SNCF, c’est-à-dire le phénomène d’auto-organisation indépendante de la bureaucratie syndicale le plus profond de ce mouvement. Cette coordination, elle a eu pour principale figure principale, comme porte-parole, notre camarade Anasse Kazib. »

Gestion catastrophique et gestion policière de la crise

« C’est dans ce contexte de retour de la lutte de classe que le gouvernement est arrivé face à la crise sanitaire, et le moins qu’on puisse dire, c’est que sa gestion a été catastrophique, et même criminelle. On peut le dire dans un pays où on a des industries comme Airbus, Renault, Peugeot, Citroën, on n’a pas été capables de fabriquer suffisamment de masques – c’est-à-dire de fabriquer un bout de papier avec deux élastiques – et d’en fournir à tout le monde ! Le pays qui, soi-disant, a le meilleur système de santé au monde n’a pas été capable de fournir des surblouses aux soignants, qui ont été obligés de mettre des sacs poubelles à la place ! Ils sont obligés, ces soignants, à compter sur la solidarité populaire pour exercer leur métier – c’est-à-dire sauver des vies.

Face à la gestion calamiteuse de la crise sanitaire, le gouvernement a choisi une gestion policière. On a vu un confinement à deux vitesses qui s’est exprimé. Pourquoi ? Parce que dans les quartiers populaires, ce n’est clairement pas le même confinement. Déjà, il y a une double peine : les habitants des quartiers populaires subissent une propagation du virus plus forte, pas parce qu’ils ne respectent pas le confinement, mais parce qu’ils sont en majorité ces travailleurs en première ligne, obligés d’aller travailler dans ces conditions. Mais comme si ça ne suffisait pas, ils ont aussi une gestion policière et une répression forte. Dans les quartiers, on a plus de chances d’être matraqué que d’être testé aux Covid-19 !

Cette répression policière, qui est en train de sortir dans les médias dernièrement, ce n’est pas le résultat de quelques individus déviants dans la police. On l’a dit et répété beaucoup de fois, mais c’est au contraire le résultat de méthodes répressives de contrôle de la population, qui ont une longue histoire, une longue tradition dans l’État français. Ce même État français, il a testé ces mesures répressives dans la guerre d’Algérie, il les a étendues à tout son pré carré africain ensuite et au contrôle des banlieues aujourd’hui. »

Se battre pour imposer notre « monde d’après »

« On le voit, le MEDEF et le gouvernement mènent leur politique. Ils essayent d’imposer leur "monde d’après" et face à ça, on doit se battre pour imposer nos solutions ! Pour imposer notre "monde d’après" qui ne soit pas le leur ; c’est-à-dire pas un monde d’après imposé par la matraque et la surveillance généralisée, pas un monde d’après où c’est le chômage pour certains et le double de travail pour d’autres !

On doit se battre pour notre propre monde d’après. Dans l’industrie aéronautique par exemple, qui est le secteur dans lequel je travaille, on s’est battus pour faire fermer nos usines, parce qu’on considérait alors qu’il n’y avait rien d’essentiel à livrer des avions à des compagnies aériennes qui, de toute façon, ont leurs avions cloués au sol. Très vite, on a vu Airbus et le gouvernement reprendre la main, vouloir faire réouvrir les usines, quitte à utiliser des centaines de milliers de masques pour la reprise de l’activité plutôt pour les soignants. »

Face à la gestion capitaliste de la crise, le contrôle ouvrier de la production

« Face à ça, nous on a relevé la tête avec une logique : celle du contrôle ouvrier. C’est-à-dire que c’est aux ouvriers eux-mêmes de contrôler les mesures sanitaires. On n’a aucune confiance dans nos propres directions, dans notre patronat. Pour nous, ce sont les ouvriers eux-mêmes qui doivent contrôler les livres de compte, les comptes de l’entreprise, surtout des entreprises qui prétendent à des difficultés pour licencier. Pour nous, ce sont les ouvriers eux-mêmes qui doivent contrôler ce qu’on doit produire ou non et ce qui est utile face à la pandémie.

Cette dernière question, la question de la reconversion de la production, a beaucoup d’importance pour nous. On a dit qu’on serait fiers, qu’on serait capables, de construire des respirateurs artificiels, des masques, du gel hydroalcoolique et tout ce qui est utile face à la pandémie. Les patrons ont toujours fait la sourde oreille face à ça, et c’est seulement maintenant, de manière cynique, qu’on entend des patrons dire qu’ils vont réorienter une partie de la production pour fabriquer des masques.

Mais comprenons-nous bien, ils le font avec leur propre logique, leur logique capitaliste, puisque maintenant on entend parler de la vente de masques à 5 euros chez le buraliste. C’est une politique criminelle, ce n’est pas notre reconversion de la production, c’est la leur ! Leur logique elle est criminelle, pourquoi ? Si un bateau était en train de couler, les capitalistes seraient en train de te vendre aux enchères des bouées de sauvetage ! Notre reconversion de la production, ce n’est pas celle-là, ce n’est pas de de vendre au plus offrant justement, mais de fabriquer pour tous ceux qui ont besoin de respirateurs, de gel, de masques, etc. »

« Notre seule frontière, c’est la frontière de classe ! »

« Face à la politique de l’impérialisme français par exemple, qui en Afrique n’a fait que piller les ressources et qui a pour résultat que des millions d’Africains n’ont que quelques dizaines de respirateurs ; au contraire de cette politique-là, nous serions fiers de fabriquer en masse des respirateurs pour tous les travailleurs, qu’ils soient français ou africains, sans distinction ni aucune frontière.

Camarades, notre seule frontière c’est la frontière de classe. On le dit haut et fort, et notamment dans un moment où les tensions entre États sont de plus en plus fortes, pour nous c’est central de le répéter : on s’oppose à tout patriotisme qu’il soit dit « de gauche » comme celui de Mélenchon, ou clairement réactionnaire comme celui de Marine Le Pen. Notre politique, c’est l’internationalisme et l’anti-impérialisme de tous les travailleurs. »

Construire un grand parti révolutionnaire

« C’est avec cette logique qu’on se bat en France pour l’émergence d’un grand parti révolutionnaire, qui regroupe les militants et les courants de différentes traditions et de différents milieux. On se bat à l’intérieur du Nouveau Parti Anticapitaliste pour cette perspective-là. À commencer par le regroupement du NPA et de Lutte Ouvrière autour d’un débat qui tire les leçons des expériences de la lutte de classe de ces dernières années. Mais on se bat pour un parti qui regroupe au-delà, qui sache regrouper les syndicalistes et les ouvriers qui ont relevé la tête depuis 2016 ; qui sache regrouper une fraction des militants des Gilets jaunes, des militants des quartiers populaires, des jeunes, des femmes, et de tous ceux qui aujourd’hui se sentent anticapitalistes !

Nous pensons que c’est possible de construire un parti qui ait clairement un programme et une stratégie révolutionnaire, et qui se batte pour le communisme, c’est-à dire-pour un monde d’après qui soit organisé en fonction de nos vies, et pas en fonction de leurs profits ! »

 
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