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La Izquierda Diario
28 de avril de 2020 Twitter Faceboock

Coup de gueule
Estelle, étudiante de psycho : « A 20h, j’ai envie de huer les responsables de cette crise »
Estelle Jutrices

Estelle, étudiante, fait ce coup de gueule pour dénoncer l’inaction du gouvernement pendant cette pandémie qui s’ajoute à des années de casse de l’hôpital public. Elle refuse d’applaudir les soignants aux côtés des responsables de cette crise.

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A l’aube du 21e siècle, on touche à la pointe de la médecine. Malgré ces avancées majeures depuis les découvertes de Pasteur, nos médecins et nos infirmiers voient leur vie en danger lorsqu’ils partent travailler. Comment est-ce possible ? Certains diront que c’est la conséquence de l’apparition d’une épidémie inédite, jamais vécue jusqu’ici par l’Homme.

Pour moi, les conditions actuelles de nos soignants proviennent d’une politique de privatisation du soin à l’image de ce qui est déjà instauré aux USA. Les hospitaliers ne sont que les victimes d’un système capitaliste n’hésitant pas à mettre en danger la vie de la majorité pour protéger la fortune d’une minorité.

Par nos applaudissements, nous sommes en train de banaliser cette situation terrible et d’inscrire dans la normalité les conditions de nos soignants, face à un gouvernement qui, de mandat en mandat, réduit leurs budgets, payés par nos impôts. Les applaudissements, autrefois accordés aux héros, sont maintenant dirigés, depuis mars 2020, vers les victimes. Nous applaudissons les infirmiers et les médecins décédés à cause du manque de moyens du Covid-19.

Mais encore une fois, nos applaudissement suffisent ils à aider les infirmiers ? Quand nous regardons la situation dans son ensemble, je réponds non.

Parce que la réaction de notre Président, jusqu’ici, au J-37 de ce confinement, a été d’annoncer « une prime exceptionnelle » de 1500€ à tous le personnel des hôpitaux. Prime qui parait, incroyablement généreuse et bienveillante de la part de notre chef d’État qui déclare vouloir améliorer les conditions des soignants. En regardant de plus près, on constate d’abord que tous les soignants à domicile, ayant une activité équivalente à ceux des hôpitaux, n’apparaissent pas éligibles à cette prime. Et nous applaudissons.

Ensuite, si nous mettons les choses en perspective, rien n’a été fait pour l’amélioration des conditions des soignants sur le long terme. Pas des mesures accordant plus de budget, plus d’embauches, plus de matériel ou de meilleures conditions de travail. Alors que, dès la première semaine du confinement, la loi sur l’autorisation des 60h de travail par semaine passe à l’insu de tous, au J-37 encore aucune loi n’est votée pour les personnes qui risquent leur vie pour en sauver d’autres. Et nous applaudissons.

De plus, le 15 mars, au premier tour des élections, il y avait 3 bouteilles de 1,5 litre de gel hydro-alcoolique dans le bureau de vote dans lequel je travaillais et c’était le cas pour tous les espaces de vote, alors même que ce précieux gel hydro-alcoolique était manquant dans nos hôpitaux, mettant ainsi nos infirmiers et médecins sans défense face au virus. Et nous applaudissons. N’y a-t-il pas un décalage entre la réalité de la situation et les actions que nous menons pour y faire face ?

Les inégalités font rages depuis quelques années et elles sont particulièrement visibles par ce temps de confinement. Alors que nous entendons sans cesse que « les caisses sont vides », le gouvernement peut débloquer très rapidement des fonds conséquents pour aider certaines entreprises… C’est avec des soignants opérationnels et en forme aujourd’hui que nous et nos enfants seront en bonne santé demain. Exprimons nous, avec l’émotion adéquate.

Je suis en colère depuis le début de ce confinement, en colère contre un gouvernement qui nous ment, un gouvernement qui nous prend pour des imbéciles. Ce que j’ai très envie de faire à 20h, c’est huer les vrais responsables de cette crise, huer notre chef d’État hypocrite qui applaudit les soignants aujourd’hui alors qu’hier il les réprimait et supprimait l’impôt sur la fortune. Huer le gouvernement qui, dans chacun de ses discours, lorsqu’il s’adresse à ses « chers compatriotes », il tente de donner l’impression de soutenir les soignants avec une prime, pour en réalité conserver les mêmes conditions désastreuses.

J’écris ceci car je suis fière d’être en colère. Il m’apparaît que face à des applaudissements insuffisants, c’est cette colère qui sera supportrice des soignants. Applaudir pour encourager, oui mais pour soutenir j’invite les personnes à exprimer cette colère que je ne suis pas la seule à ressentir. Rappelons-nous l’histoire nous montrant avec force que ce ne sont pas des applaudissements qui ont amélioré des conditions, mais des actes de colère dans l’union avec les opprimés. Demain, ce seront nos enfants qui auront besoin de médecins et d’infirmiers et aujourd’hui c’est eux qui ont besoin de nous à leur côté dans la rue pour réclamer l’amélioration de leurs conditions.

 
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