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La Izquierda Diario
26 de avril de 2020 Twitter Faceboock

Répression dans les quartiers
Violences policières à Toulouse : Maurice, d’Archipel Citoyen, soutient les flics
Julien Anchaing

A Toulouse, la vague de protestations qui bouscule actuellement les quartiers populaires s’est surtout exprimée dans le quartier de la Reynerie, dans le sillage de violences policières qui s’exacerbent avec le confinement. Le moment choisi par Antoine Maurice, tête de liste de la coalition de gauche Archipel Citoyen, pour afficher un soutien à la police, faisant jaser jusque dans ses propres rangs.

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Crédits photo : Capture d’écran YouTube / Archipel Citoyen

Depuis dimanche dernier et les événements de Villeneuve la Garenne, des affrontements ont lieu dans de nombreux quartiers populaires du fait de la situation d’extrême précarisation et appauvrissement que subissent leurs habitants, souvent victimes d’un racisme d’Etat dont la crise sanitaire et sa gestion policière ne fait qu’exacerber les contradictions de la misère sociale dans lequel vit tout un secteur de notre classe. Antoine Maurice, tête de liste pour les municipales toulousaines avec Archipel Citoyen (LFI, EELV, Divers) ayant recueillis 27% des voix au premier tour de mars dernier n’aura pas mis longtemps à montrer la myopie de la “démocratie” qu’il défend. Avec un tweet en soutien aux forces de l’ordre chargées de la répression dans le quartier de la Reynerie, celui ci s’est vite ravisé devant la réaction de ses soutiens, y compris au sein de sa propre liste.

Antoine Maurice n’est pas seulement un candidat qui a émergé lors de ces municipales de 2020. Inspiré selon ses dires de Dominique Voynet (ex-candidate à la présidentielle de 1995 et ministre sous Jospin) puis membre de la majorité de Pierre Cohen lorsque celui ci dirigeait la mairie de Toulouse auprès du PCF, du PRG et d’EELV, l’homme est de ceux qui cherchent avant tout à “changer” les choses depuis les institutions. Que cela soit envers la police, dans la ville des mobilisations qui ont suivi la mort de Rémi Fraisse en 2014 ou celles de 2016 après la réforme du travail, ou encore d’institutions comme des municipalités avant tout chargées d’appliquer l’ensemble des réformes d’austérité décidées par l’Etat à échelle locale, on a du mal à croire à un simple “fourvoiement”. Maurice un homme de convictions, mais pas de celles qui vont en notre faveur.

Une déclaration qui fait jaser

Pris pour beaucoup comme une insulte, la déclaration a tout un air de blague de mauvais goût. Après s’être présenté comme le candidat populaire et écologiste face à Jean Luc Moudenc (LR), Antoine Maurice se pose clairement en défenseur inconditionnel de l’appareil répressif d’Etat qu’est l’institution policière. Sans même prendre le temps de se renseigner sur les faits de violences policières qui se multiplient en ces temps de confinement dans les quartiers populaires Toulousain, Maurice s’est ainsi immédiatement rallié à la version policière et médiatique. 

Avec son soutien aux forces de police, il insulte non seulement les habitants des quartiers populaires victimes d’une dure répression et dont le point culminant a été atteint en ces temps de crise sanitaire, mais aussi l’ensemble des gilets jaunes qui se sont mobilisés depuis 2018 et qui ont subi une répression policière sans précédent, dénoncé non seulement par de nombreux médias militants mais aussi des organisations des droits de l’homme comme la LDH.

Au vu du nombre de réaction à son tweet et de désaccords directement publiques notamment exprimés par des figures de la liste d’Archipel Citoyen comme Francois Piquemal (ex dirigeant du DAL et membre de la liste) ou encore Odile Maurin, figure des gilets jaunes qui a publié sa condamnation de la répression dans les quartiers, Maurice s’est ravisé, annonçant condamner « Je condamne les violences policières révélées par @Mediacites.Tlse », volte face purement politicienne devant le nombre de réactions au sein de ses soutiens et de son électorat. Ainsi, non seulement Maurice poursuit en qualifiant de simple « abus inacceptables » ces violences d’Etat, mais avancent que « chaque Toulousain•e a droit à une égale protection et considération de la part des pouvoirs publics ». Après avoir dans un premier temps ignoré les violences policières de ces derniers jours, Maurice jette maintenant le voile sur des décennies de violences policières dans les quartiers en ne remettant pas en cause le rôle coercitif de l’institution policière qui se servent des quartiers populaires comme de vaste laboratoire de la répression, ce ne serait que des abus, et pas l’institution le problème. Cette même répression systémique qui s’abat sur les Gilets jaunes et sur tout ce qui touche, de près ou de loin, la contestation sociale.

Les contradicteurs internes à la liste Archipel Citoyen tendent à vouloir défendre la perspective d’une police plus “juste”, capable de reconstruire le lien entre Etat et quartiers populaires. Mais derrière la défense d’une institution plus “propre” de ces éléments les plus ouvertement virulents, cette vision retire tout caractère de classe au rôle structurel de la police. C’est oublier par exemple l’absolue impunité et l’effet de corps dont est capable cette institution afin de protéger ces rangs, et ce avec l’aval de l’Etat. Solidarité entre collègues, protection lors des bavures, elle s’accompagne d’un effet de corps et d’unité que l’Etat se force à construire chez les forces de police à travers le formatage idéologique. C’est donc oublier le rôle central d’une police qui a maintes fois montré la réalité de son rôle dans notre société capitaliste, à savoir d’être le bras armé de l’État, capable de contrôler, fliquer et réprimer la classe ouvrière et l’ensemble des opprimés dès que celle ci souhaiterait relever la tête ou s’organiser pour remettre en question ces conditions de vie. À dénoncer “toutes les violences” comme certains militants ont voulu rattraper l’image d’Antoine Maurice, on cautionne un projet politique qui ne questionne à aucun moment le rôle structurel de la police, en pensant pouvoir rééquilibrer les dérapages d’un candidat qui serait tombé dans un “excès de zel”. Après un moment de répression absolue sur les gilets jaunes, les travailleurs de la RATP, on ne saurait défendre à aucun moment la présence de la police dans nos quartiers, armés et préparés à réprimer et tuer.

L’illusion qui pourrait nous faire croire que “depuis l’intérieur” des institutions comme d’un tel projet politique, on pourrait changer les choses et les réformer à travers les élections s’oppose à une réflexion sur le rôle structurel des institutions, de l’Etat et de sa police. A vouloir “tirer les institutions vers la gauche”, on se tire soi même à s’adapter à elles. C’est notamment le cas du projet d’Archipel Citoyen qui, avant même les élections municipales, avait déjà fait reculer pas à pas son programme jugé trop radical pour le rendre éligible. 

Mais pour changer l’ordre des choses est centrale de défendre l’indépendance de classe. A savoir la défense d’un programme indépendant de l’Etat bourgeois dans son ensemble, - la démocratie telle que formulée par les classes dominantes - qui doit passer par une réflexion stratégique cherchant à renverser la société capitaliste. Et cela depuis l’organisation des exploités et des opprimés qui sont capables de décider par eux mêmes des conditions dans lesquels ils veulent vivre, loin de toute illusion dans l’Etat, le gouvernement, et encore moins dans les institutions municipales.

De plus, les militants honnêtes du mouvement populaires qui voient dans ces déclarations de Maurice des mots condamnables ne doivent pas oublier la réalité qu’implique un Etat qui, non seulement a déjà montré qu’il y avait une barricade entre nos intérêts et ceux des classes dominantes qui se font d’autant plus ressentir pendant ces temps de crise sanitaire, mais qui de plus très probablement s’appuiera sur ce type d’institution qu’est la police pour imposer les réformes économiques, d’austérité et les reculs démocratiques que l’on peut attendre avec la crise d’ampleur qu’a ouvert la pandémie du Covid-19. 

Ne pas tourner la tête : Le mouvement ouvrier doit montrer toute sa solidarité avec les jeunes de quartiers réprimés !

Contre les rhétoriques droitières des “bons flics” face à la “racaille de quartier”, une bonne dose de lecture de classe de cette situation semble vitale. La gauche syndicale et politique a trop souvent laissé des événements comme les révoltes dans les quartiers populaires de 2005 l’empêcher de rappeler l’idée claire que les plus opprimés de cette société sont aussi nos frères et soeurs de classes avec qui nous devons lutter pour combattre l’Etat, les flics et les patrons.

Soutenir les quartiers, s’armer d’un programme anticapitaliste et révolutionnaire qui souhaite incarner la lutte contre l’oppression et l’exploitation, c’est aussi rappeler que ce sont les mêmes qui répriment les piquets de la RATP, les gilets jaunes et les habitants des quartiers populaires.

C’est notamment le cas du communiqué qu’a publié la section CGT du dépôt de bus de Flandres à Aubervilliers en affirmant “le matraquage qu’on a connu dans nos banlieues est le même qu’on a connu sur nos piquets de grève et qui s’abat aujourd’hui contre les jeunes de banlieues qui se soulèvent légitimement contre cet Etat de siège qui opprime nos quartiers. Syndicalistes et travailleurs des transports, nous qui sommes en première ligne dans cette guerre sans armes contre le Covid19, nous dénonçons avec force ces violences policières et apportons tout notre soutien à ceux qui en sont la cible.” C’est pour le moment la seule expression ouvrière de soutien explicite aux jeunes de quartiers et qui doit se généraliser à l’ensemble du mouvement ouvrier.

Le confinement répressif décrété par l’Etat, la surenchère sécuritaire, les crimes policiers et le racisme d’Etat méritent une seule réponse : la police doit partir de nos quartiers ! 
La gauche révolutionnaire doit revendiquer avec l’ensemble du mouvement ouvrier et des organisations de quartiers et antiracistes la dissolution de la police ainsi que la mise en place de comités de quartier qui assurent la défense de ses habitants face aux violences de l’Etat.

De même la gravité de la crise sanitaire et économique, qui touchent de plein fouet les quartiers populaires déjà fortement affectés par le chômage et la précarité mérite des mesures d’urgence à l’hauteurs de la situation comme l’interdiction des licenciements et l’embauche en CDI de tous les travailleurs précaires ou encore le partage du temps travail entre tous les mains disponibles avec maintien de salaire pour finir avec le chômage.

 
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