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La Izquierda Diario
21 de avril de 2020 Twitter Faceboock

#Nosviespasleursprofits
MSSA. La direction envoie des cadres non-habilités casser la grève et manipuler des installations à haut risque !
Jyhane Kedaz

Vendredi 17 avril, les salariés de MSSA, une usine de fabrication de produits chimiques basée en Savoie, ont entamé une grève reconductible très suivie dans les ateliers de production, pour la revalorisation des salaires. La direction cherche en effet à retarder d’un mois le processus de renégociation salarial, alors même qu’elle oblige au maintien de la production, sans pratiquement aucune mesure de protection. Les salariés restent déterminés, malgré la tentative de cette dernière de faire appel aux cadres pour les remplacer sur des installations à haut risque. Norbert Gandon, délégué syndical FO témoigne.

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Depuis le vendredi 17 avril, la quasi-totalité des 120 ouvriers des ateliers de production de l’usine MSSA de Plombière Saint-Marcel (Savoie) ont entamé une grève reconductible pour la revalorisation des salaires, et l’attribution d’une prime pour ceux obligés de continuer à travailler et ce malgré l’annonce du confinement. L’entreprise MSSA qui fabrique du chlore, du sodium et du lithium emploie au total 300 salariés.

Contraints de maintenir la production sans protection

Alors que le processus de renégociation salarial devait se poursuivre en avril, la direction cherche à repousser les discussions à la mi-mai. Une situation d’autant plus scandaleuse que les salariés des ateliers ont été obligés de maintenir la production en pleine crise sanitaire, sans quasiment aucune protection : « Les équipes doivent travailler matin, midi, et soir 365 jours dans l’année car on ne peut pas arrêter les fours, cela serait casser notre outil de travail. Au début nous avions uniquement à disposition une bouteille de Sanytol Air Pur pour purifier l’air, et un pulvérisateur Monsieur Propre, des lingettes, et c’est tout. Nous n’avons pas de masques. Nous sommes une quinzaine par équipe, c’est impossible pour nous de respecter la distanciation sociale. explique Norbert Gandon, délégué syndical Force Ouvrière.

Des personnes revenues de vacances dans des vols bondés ont même été obligées de reprendre le travail deux jours après […] c’est seulement après avoir alerté l’inspection du travail et la Carsat qu’on nous a fourni du gel et augmenté la fréquence de nettoyage ». Les problèmes de sécurité sont par ailleurs récurrents sur le site de production : plus de trente accidents de travail ont été répertoriés en 2019, et déjà 8 depuis le début 2020 : « Les conditions de travail sont très dures, on a des salariés qui souffrent de troubles musculo-squelettiques, ont de graves douleurs. Mais rien ne bouge. »

La direction gagne du temps et se prépare au conflit

Début avril, la direction a annoncé l’annulation de la troisième réunion des Négociations Annuelles Obligatoires, après le décès du père du PDG, Séverin Mathieu, et souhaite désormais attendre un mois pour reprendre les négociations : « La dernière réunion des NAO devait se tenir le 14 avril. Notre PDG a perdu son père le 11 avril. Nous lui avons donc proposé une réunion le 17. Ils essaient désormais de nous faire passer pour des êtres inhumains, mais nous lui avons laissé plus de 3 jours ce qui est le minimum de congé légal fixé par le code du travail en cas de deuil. Lorsque, nous, nous perdons quelqu’un, on n’a pas un jour de plus. J’ai connu des gens menacés de sanctions s’ils allaient à un enterrement sans certificat de décès. »

La direction souhaite en réalité gagner du temps en prévision d’un éventuellement conflit en mai, pour que plus de cadres rentrés du télétravail puissent assurer la production à la place des salariés des ateliers : « Nous leur avons proposé une réunion le 17, en disant que si personne ne négociait, on débrayerait. […] Nous demandons 70 euros d’augmentation générale pour chaque personne qui travaille, 1000 euros de « prime Macron » ainsi que 1000 euros de « prime Covid ». Soit 20 euros par jour de présence des salariés depuis le début de l’épidémie. L’entreprise a fait des bénéfices record en 2019 : près de 8 millions net, alors que nous ne sommes que 300 salariés ! »

Des cadres envoyés sur des installations à risques pour casser la grève

Pour briser la grève, la direction fait appel à une quinzaine de cadres qui se relaient. Des cadres non formés qui travaillent sur un site Seveso Seuil haut, manipulent du sodium et se chargent de l’évacuation du chlore : « Ils n’ont pas signé de procédure, ils ont été formés en 2h lorsqu’il leur faudrait au minimum un mois de formation. […] Ces salariés-là pourraient faire prendre des risques inconsidérés à la population. […] Nous filtrons la production journalière de sodium liquide, soit environ 60 tonnes. Imaginez la gravité si une explosion se produisait ! Il y a déjà eu 4 départs de feu ce dimanche. Pour la Direction une pandémie mondiale ne suffit pas, l’appas du gain les fait jouer avec une catastrophe chimique à Moutiers ». Un choix que la direction justifie par la nécessité d’effectuer un service minimum, une excuse irrecevable puisque cette législation n’existe même pas dans le privé ! Révolution Permanente a également eu accès aux messages d’intimidation envoyés aux salariés tentés de faire grève, et les invitant à appuyer le service minimum moyennant augmentation :

Malgré ces intimidations, et la volonté de la direction de casser la grève à travers ses cadres, faisant par la même occasion courir un très grave danger à la population, les salariés restent soudés et déterminés à obtenir gain de cause sur leurs revendications !

 
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