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7 de avril de 2020 Twitter Faceboock

Visite dans le 93 : mis face au désastre de sa politique, Macron hué par la population
Lorélia Fréjo

Hier matin, Emmanuel Macron s’est rendu dans une maison de santé et un centre social à Pantin. Une véritable opération de communication sur le dos de ceux qui sont en première ligne : les soignants, en réponse à laquelle il a été hué et interpellé par les habitants de la ville, dans un des départements les plus touchés par l’épidémie.

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Crédits photo : AFP - GONZALO FUENTES

La semaine passée a marqué un nouveau cap pour l’épidémie et notamment dans les départements les plus pauvres, qui ont subi encore plus violemment les coupes budgétaires dans la santé, avec notamment +63% de décès en Seine Saint Denis. C’est dans ce même département, que Macron a décidé hier de rendre visite aux soignants et personnels d’une Maison de santé et d’un centre d’action sociale. Une pure opération de communication, alors que des moyens sont toujours attendus et que la situation s’aggrave.

Macron joue la surprise devant l’horreur des conditions de travail des soignants

En pleine épidémie, le chef de l’Etat s’est offert une petite balade de santé dans le 93, entouré de dizaines de camions de CRS, d’abord pour aller visiter les soignants de la Maison de Santé de Pantin. Après avoir joué les chefs de guerre ces dernières semaines, c’est l’étonnement et la naïveté que le président a feint devant le drame raconté par le personnel à propos de ses conditions de travail.

Une des soignantes racontait ainsi son calvaire face au manque de matériel : devoir « faire dix pharmacie pour avoir des masques » et récupérer des surblouses de son ancien emploi, qu’elle est obligée de réutiliser pour plusieurs visites et de laver à la main chaque soir. Un autre soignant a, quant à lui, expliqué que les stocks de masques et de charlottes proviennent des dons de la population ou de dépannages informels.

Des conditions de travail dramatiques vécues par les soignants qui ont laissé de marbre Emmanuel Macron, jouant la naïveté pour mieux effacer sa responsabilité écrasante dans la gestion catastrophique de la crise. Pourtant c’est son gouvernement qui a contribué à l’implosion de la crise, n’ayant fait que mentir sur la question du matériel et trouver des excuses pour les manques. C’est sur lui que repose l’impréparation et le manque de prise en charge de l’épidémie. C’est bien sa faute si les soignants se retrouvent dans de telles situations de mise en danger de leur vie et de précarité.

Alors que les gouvernements successifs n’ont fait qu’appliquer mesure austéritaire sur mesure austéritaire à l’hôpital et y ont engendré une crise d’ampleur, la fausse naïveté de Macron est ignoble. Dans un département des plus pauvres, où le manque de lits et de matériel de tout genre, même des plus élémentaires, est criant dans les hôpitaux et où la population est envoyée à l’abattoir, Macron est arrivé tout sourire le masque sur la bouche.

Hué et interpellé par la population, en première ligne face virus

Les habitants de Pantin ont décidé de ne pas laisser faire cet abjecte pièce de théâtre et ont hué le président à son passage dans la rue, escorté par la police.

Une habitante, membre du collectif « Nous sommes Pantin », a même décidé de le prendre à parti. « Ou avez-vous trouvez vos masques s’il vous plait ? On n’en pas des masques nous dans le 93. Où allez-vous messieurs c’est le confinement ? […] Merci messieurs, merci pour la France, merci pour les soignants, merci pour ceux qui sont morts », a-t-elle crié depuis chez elle.

En effet, derrière les opérations de com’ du gouvernement, la réalité du département est atroce, avec des taux de décès qui ont même poussé les communes de Bondy, Saint-Denis, Stains, L’ile Saint Denis ou Aubervilliers à attaquer l’Etat. Plusieurs raisons à cela, d’abord le manque d’accès au soin et de matériel pour les soignants. Le département est clairement déficient en termes de santé, avec seulement 22 lits de réanimation à Saint Denis et 24 à Bobigny par exemple. Mais aussi les inégalités sociales importantes que subissent les habitants. Celles-ci sont révélées au grand jour, alors que les problème de nutrition ou de logement, aggravent la vulnérabilité face à l’épidémie. De nombreux habitants du 93 sont en effet logés dans des appartements insalubres et surpeuplés. Ils sont également pour beaucoup en première ligne du fait de leur secteur d’activité.

De fait, nombreux sont les malades comme l’expliquait Gwenaëlle Ferré, coordinatrice de « Place Santé » un centre de santé associatif à 20 minutes, « dans notre patientèle, il y a beaucoup d’aides-soignantes, d’aides à domicile et de travailleuses en Ehpad », mais aussi des caissières ou des livreurs. Des emplois précaires, où aucune protection n’est offerte aux salariés, qui sont les premiers à payer la facture de la crise sanitaire. D’autant que de nombreuses entreprises non essentielles restent encore ouvertes, qui fonctionnent grâce à la main d’œuvre docile car précarisée des quartiers populaires.

En Seine Saint-Denis, les habitants sont ainsi exposés de plein fouet au virus et la seule réponse donnée a été la police, avec 10% des amendes en première semaine de confinement et une police brutale qui organise la répression et la mise au pas de la population. Rien pour soigner donc mais tout pour cadenasser, alors que les hôpitaux sont sous pression. Le gouvernement alors que la vie de milliers est en danger, continue les promesses dans le vent et parle déconfinement. Mais encore aucune campagne de tests massifs, ni un plan d’investissement hospitaliers, priorisant les zones les plus à risque, n’ont été mis en place. A l’inverse, l’heure est à la relance de l’économie et à la réouverture des entreprises.

En vérité, cette crise sanitaire pourrait déboucher sur une crise sociale des plus importantes, alors que la population ne pourra pas survivre à tant de précarité et à ses difficultés, même pour se nourrir. Dans les quartiers populaires, le virus et le confinement dévoilent au grand jour, l’hypocrisie du gouvernement et la division en classes qui structure la société. Dans les quartiers populaires, la colère gronde et ce ne sont pas les visites de Macron qui la feront baisser.

 
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