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La Izquierda Diario
6 de avril de 2020 Twitter Faceboock

De la casse de l’hôpital public à la lutte contre la pandémie
Tarification à l’acte, rentabilité de l’hôpital : qui est Jean Castex, le « ministre du Déconfinement » ?
Jackson Leniwy

De la casse de l’hôpital public à la gestion de la crise sanitaire, et plus particulièrement de l’après-confinement. Alors que le gouvernement a décrété le confinement de la population le 17 mars dernier pour lutter contre la pandémie de coronavirus, Edouard Philippe a désigné Jean Castex pour prendre en charge la réflexion sur la stratégie de l’après. Un haut-fonctionnaire qui a largement sa part dans la destruction de notre système de santé, puisqu’impliqué dans la Loi de 2005 introduisant des logiques de rentabilité au sein de l’hôpital public.

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Crédit photo : AFP

« Un haut fonctionnaire qui connaît parfaitement le monde de la santé et qui est redoutable d’efficacité. » Voilà comment le Premier Ministre Edouard Philippe a présenté sa nouvelle trouvaille jeudi dernier : confier à Jean Castex la responsabilité de penser l’après-confinement. Celui qui occupait jusqu’à présent le poste de délégué interministériel aux grands événements sportifs (et ce depuis 2017 et l’arrivée de Macron au pouvoir), a été chargé de « coordonner le travail de réflexion du gouvernement sur les stratégies de déconfinement de la population française ».

Un homme qui avant d’être pleinement adoubé par la Macronie, était un Sarkozyste convaincu. Conseilleur à la Cour des comptes, directeur de cabinet de Xavier Bertrand à la Santé puis au Travail pendant la président Sarkozy, membre du cabinet du président en tant que conseilleur affaires sociales puis comme secrétaire général adjoint de l’Elysée et donc délégué interministériel depuis 2017. La liste des postes occupés par le maire de Prades, réélu avec 75% des voix dès le 1er Tour le 15 mars dernier est longue.

Mais l’un de ses plus grands faits d’armes reste certainement d’avoir été au cœur du processus législatif conduisant à la Loi Hôpital 2005. Loi dont il a fait adopter le décret d’application alors qu’il était directeur de l’hospitalisation et de l’organisation des soins au ministère des Solidarités et de la Cohésion sociale et qui introduisait ouvertement la logique de rentabilité au sein de l’hôpital public avec notamment la tarification à l’acte et l’encadrement strict du budget des hôpitaux. Le tout en centralisant le pouvoir de décision dans les mains des directeurs administratifs desdits hôpitaux. Un moment charnière dans la casse de notre système de santé, soumis aux lois du profit, qui n’a fait qu’empirer depuis. Cette réforme était justifiée (nous en avons désormais l’habitude) par la remise des comptes à l’équilibre. Pour exprimer une partie du résultat : au cours des six dernières années, ce sont 13631 lits d’hôpital qui ont été supprimés pour des questions de coût.

Après les mensonges sur les masques, le retard pris au départ et le refus de fermer les usines non essentielles en plein confinement, quelle stratégie pour le gouvernement ?

Edouard Philippe a beau clamer partout qu’il n’y a pas eu de retard dans les mesures de confinement, les mesures prises par le gouvernement depuis le début de la pandémie ont été loin d’être à la hauteur. De Macron s’affichant au théâtre alors que l’Italie faisait déjà face au pire, aux révélations d’Agnès Buzyn qui affirme qu’elle savait déjà ce qui arrivait lorsqu’elle a quitté son ministère sans qu’il n’y ait aucune anticipation par la suite. Et depuis le début du confinement, ce sont des milliers de travailleurs qui continuent de se rendre sur leur lieu de travail pour des productions qui n’ont rien d’essentiel dans une telle période, sans que de telles usines ne soient temporairement fermées pour lutter contre le virus.

Confinée depuis maintenant trois semaines, le gouvernement ouvre dores et déjà la voie à penser la stratégie du « déconfinement ». Plusieurs options seraient déjà sur la table, comme l’a précisé le Premier Ministre. C’est sur la stratégie à adopter que ce « ministre du Déconfinement » adepte de la casse du service public, en grande partie responsable de la situation dramatique dans laquelle nous sommes aujourd’hui, aura à s’atteler.

Une nomination qui ne fait pas l’unanimité y compris au sein du gouvernement. « Je ne vais pas lui faire de procès, mais je suis très circonspect sur cette nomination, estime même un député de la majorité, preuve que Jean Castex ne fait pas l’unanimité y compris au sein du pouvoir. Nous parlons d’un homme qui a adopté les décrets d’application de la loi hôpital en 2005, aboutissant à une concentration des pouvoirs dans les mains des directeurs d’administration, à la création de la tarification à l’acte, à une logique de coût dans l’hôpital… C’était un sarkozyste pur et dur, ce qui n’augure rien de bon pour la protection des libertés fondamentales. »

 
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